Mode de scolarité qui séduit de plus en plus les étudiants, l’alternance dispose de nombreux avantages. Un grand nombre d’établissements de l’enseignement supérieur propose ainsi des cursus qui allient formation théorique et mise en pratique en milieu professionnel. L’objectif premier : favoriser l’insertion dans la vie active. Mais les étudiants choisissent-ils ce rythme d’étude pour cet objectif ? Quels avantages les ont poussés à effectuer leur cursus en alternance ? Témoignage.
L’alternance pour tous les profils
Premier avantage : la plupart des formations sont proposées au rythme de l’alternance. Que vous souhaitiez effectuer des études courtes comme un CAP, un BTS, un DUT ou des études longues en bachelor et master, votre emploi du temps peut être aménagé pour effectuer des périodes régulières en entreprise. Attention cependant, tous les établissements ne proposent pas d’aménager l’emploi du temps de leurs étudiants. Cette possibilité est toujours signalée dès l’inscription dans un cursus d’études supérieures.
Diplomeo a demandé à trois étudiants aux formations différentes leur vision sur l’alternance : Joachim suit une formation en DUT GEA (gestion des entreprises et administration), Jules est diplômé d’un BTS métiers de l’audiovisuel, option montage et post-production et Marie termine ses études de communication en master 2 à l’université.
Théorie et pratique s’entremêlent
À l’université ou en école supérieure, l’accent est mis principalement sur les enseignements théoriques. Bien que l’on retrouve de plus en plus de travaux dirigés, même à la faculté, l’enseignement se rapproche peu des véritables problématiques professionnelles. Cette perspective est apportée par l’alternance. « On fait rapidement le lien entre les cours et nos missions en entreprise. Avec une mise en application professionnelle, on comprend mieux les acquis théoriques. L’expérience pro est bien plus poussée qu’en stage, car l’on reste longtemps dans la société. On a donc le temps de voir la continuité des projets en cours », explique Joachim.
En contrat de professionnalisation ou d’apprentissage, les étudiants disposent du statut de salarié et sont impliqués dans leur entreprise. « On est considéré dans l’équipe au même titre que n’importe quel salarié, car on est présent avec eux sur tous les moments forts de l’année. Cela nous donne donc plus de crédibilité et ils ont davantage confiance en nous », confie Marie.
De plus, l’alternance peut permettre aux étudiants d’affiner leur projet professionnel et de découvrir différents postes dans leur domaine. « En intégrant une PME dans l’audiovisuel en tant qu’assistant vidéo, j’ai pu toucher à tout : de technicien plateau à monteur. Les missions effectuées étaient très formatrices et m’ont permis d’être prêt à l’emploi à la fin de mon diplôme », raconte Jules.
Un choix judicieux financièrement
Autre avantage non négligeable lorsque l’on est étudiant : la rémunération ! Étant salariés dans une société, les apprentis perçoivent un revenu mensuel basé sur un pourcentage du SMIC. Il est fixé par l’État et dépend du niveau de diplôme et de l’âge. Il permet ainsi de s’assurer une situation confortable, au lieu de dépendre financièrement de ses parents ou de faire un job d’étudiant n’ayant aucun rapport avec ses études. « Le salaire est un avantage considérable, car il permet de commencer à être indépendant et autonome », raconte Joachim. « Même si le salaire peut varier selon les entreprises, c’est généralement le double de gratification perçue par un stagiaire », déclare Marie. « De plus, il faut savoir que l’alternance permet de cotiser pour le chômage, ce qui est tout de même une sécurité lors des premiers mois de recherche d’emploi », ajoute-t-elle. En plus de rémunérer les apprentis, les entreprises recevant des jeunes prennent en charge leurs frais de scolarité. Un avantage considérable pour les études en écoles privées.
Contrat d'apprentisage | |||
Année 2019 (brut) | Moins de 18 ans | Entre 18 et 20 ans | 21 ans et plus |
1ère année | 410,7 € (27% SMIC) | 654,1 € (43% SMIC) | 806,2 € (53% SMIC) |
2ème année | 593,3 € (39% SMIC) | 775,8 € (51% SMIC) | 927,9 € (61% SMIC) |
3ème année | 836,7 € (55% SMIC) | 1019,2 € (67% SMIC) | 1186,6 € (78% SMIC) |
Contrat de professionnalisation | ||
Année 2019 (brut) | Moins de 21 ans | De 21 ans à 25 ans inclus |
Niveau inférieur au bac pro | 836,7 € (55% du SMIC) | 1064,9 € (70% du SMIC) |
Niveau égal ou supérieur au bac pro | 988,8 € (65% du SMIC) | 1216,9 € (80% du SMIC) |
Alternance ne rime pas avec vacances !
Comme toute chose, s’il y a des avantages, il y a aussi des inconvénients ! Quelques points négatifs ressortent : tout d’abord le rythme soutenu. Généralement, les étudiants alternent entre, soit deux jours à l’école et trois jours en entreprise, soit une semaine sur deux dans leur société et l’autre dans leur établissement de formation. Cependant, le travail à la maison ne s’arrête pas lorsqu’ils sont en entreprise.
Il faut donc conjuguer journée de boulot avec révisions et devoirs à rendre ! « Le rythme scolaire est forcément plus soutenu vu qu’il faut couvrir le même programme en deux fois moins de temps qu’en formation initiale. Les professeurs ne sont pas plus indulgents. Il nous demande notre maximum, car le BTS est un diplôme national. Donc ce ne sont pas nos profs qui décident de l’obtention de notre diplôme, mais un jury extérieur », explique Jules.
Les vacances scolaires aussi également à oublier. L’apprenti a un statut de salarié : il doit donc poser des jours de congés payés. Enfin, pas question de sécher les cours non plus, comme l’explique Joachim : « L’administration de l’école est intransigeante sur les retards et les absences. Toute absence doit être justifiée par un arrêt maladie sinon elle est signalée à l’entreprise qui nous retire la journée du salaire ».
Une insertion professionnelle facilitée
L’objectif de l’enseignement supérieur est de donner toutes les clés nécessaires aux étudiants pour intégrer rapidement le monde du travail. L’alternance s’inscrit parfaitement dans cette lignée. En plus de leur diplôme, les jeunes peuvent disposer d’une ou plusieurs années d’expérience, ce qui facilite davantage leurs démarches de recherches d’emploi. Se confronter à la vie active en étant encore étudiant est très favorable, car des compétences concrètes sont acquises.
Considérés comme des salariés à part entière, les alternants prennent part à la vie d’une entreprise ou d’un service. Et les entreprises en récoltent elles aussi les fruits : un jeune motivé est une force de proposition et constitue une main d’œuvre moins chère, mais néanmoins qualifiée. L’État favorise l’embauche de jeunes en contrat d’alternance en versant une taxe d’apprentissage aux sociétés.
À la fin l’étudiant-apprenti peut espérer décrocher un contrat (CDI ou CDD) en fin d’alternance. En effet, il faisait partie intégrante de l’équipe, ainsi l’entreprise n’aura pas besoin de le former sur le projet en cours ou sur les manières de travailler.
Une poursuite d’études tout à fait possible
Dans un sondage Parole aux jeunes publié à la rentrée 2016, 88 % des apprentis confient avoir choisi cette formule pour acquérir plus d’expérience, 37 % pour financer le coût de leurs études et 10 % par obligation, car la formation choisie n’était proposée qu’avec ce rythme études/entreprise.
Cependant, il est tout à fait possible de continuer ses études après avoir effectué un cursus en alternance. C’est le cas pour Joachim et Jules. Après l’obtention de leur Bac+2, ils ont choisi de poursuivre en licence professionnelle. Pour valider un diplôme de Bac+3, l’un a choisi d’effectuer son année toujours en alternance, mais en intégrant une entreprise différente, tandis que Jules a repris en formation initiale. Marie quant à elle, s’est lancée sur le marché du travail : « L’alternance constitue donc une expérience importante qui valorise notre CV. C’est donc un véritable atout qu’il faut mettre en valeur par rapport aux autres candidats. »