Crise du logement, précarité étudiante, insécurité de l’emploi, éducation : des sujets qui font régulièrement les gros titres de l’actualité et qui concernent directement la jeunesse. Dans un contexte social et économique particulièrement difficile pour les jeunes et les étudiants, les candidats aux électionslégislatives anticipées promettent d’apporter des solutions concrètes.
La jeunesse est notamment réputée pour être LA grande absente des urnes : aux dernières élections européennes, plus de 53 % des jeunes (18-34 ans) se sont abstenus de voter. L’enjeu est de taille, donc, pour convaincre cet électorat. Diplomeo décortique dans le détail les programmes pour la jeunesse des trois grands blocs politiques (gauche, centre-droit et extrême-droite) qui s’affronteront les 30 juin et 7 juillet prochains.
Les résultats du scrutin pourront donner une nouvelle majorité à l’Assemblée nationale, menée par le Nouveau Front populaire (alliance des gauches), Renaissance (le parti présidentiel) ou le Rassemblement national.
💡 Pour qui votent les jeunes ? Selon la Fondation Jean Jaurès, les 18-24 ans sont les premiers à s’abstenir dans la population. Quand ils se mobilisent, la France insoumise arrive en tête. Le vote en faveur de l’extrême droite quant à lui progresse significativement ces dernières années. En témoignent les chiffres des dernières élections :
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Le programme de Renaissance — Ensemble
Le parti d’Emmanuel Macron, baptisé Renaissance, a décidé de retravailler son image avec un nouveau nom : Ensemble (avec les partis du MoDem et d'Horizons, qui forment les groupes de la majorité). Ce jeudi 20 juin, Gabriel Attal (qui porte ce mouvement politique lors des élections législatives de juin 2024) a présenté son programme.
SNU : vers une généralisation en 2026
L’une des promesses de campagne déjà formulée avant la dissolution de l’Assemblée nationale est la généralisation du Service national universel (SNU). Ainsi, chaque jeune âgé de 16 ans ou actuellement en classe de seconde se verrait dans l’obligation d’effectuer ce dispositif que Gabriel Attal défend comme un outil de « cohésion nationale ».
Cependant, cette mesure décriée est au cœur de plusieurs programmes de partis qui souhaitent mettre un terme au SNU. Ils le jugent comme étant un dispositif inefficace qui pèse lourd sur les finances publiques. La généralisation du service national universel pourrait coûter presque 2 milliards d’euros à la France, d’après un rapport du Sénat.
Pour rappel, le gouvernement avait par le passé évoqué la possibilité de rendre le SNU obligatoire à partir de 2024. Le projet a finalement été mis en pause dans le cadre des mobilisations contre la réforme des retraites, qui a mobilisé une partie de la jeunesse, également hostile au dispositif.
Autre mesure dédiée aux jeunes collégiens et lycéens : l’interdiction d’accès aux réseaux sociaux avant l’âge de 15 ans. L’ambition ici ? Les « protéger des contenus haineux, pornographiques et du harcèlement en ligne ». Une mesure qui paraît difficilement réalisable tant la tâche paraît complexe. Actuellement, la plupart des réseaux sociaux fixent la limite à l’âge de 13 ans. Toutefois, d’après une enquête de Born Social en 2023, 71 % des 11 et 12 ans se rendaient déjà sur ces plateformes.
Enfin, la dernière mesure phare concernant l’engagement de la jeunesse est le lancement du service civique écologique prévu pour la deuxième partie de septembre 2024, déjà annoncé en avril dernier. Ce dispositif se rapproche peu ou prou du service civique classique et valorise les projets misant sur le développement durable.
Logement : un mea culpa de Macron et de nouvelles propositions
Les premières annonces sur le logement datent de la conférence de presse d’Emmanuel Macron du 12 juin 2024. Durant celle-ci, il a avoué qu’il s’agissait d’un « sujet sur lequel nous n’avons pas assez avancé, où la réponse a été trop timide et j’en porte la responsabilité ». Il faut dire que le nombre de sans-abris a doublé en dix ans, comme le rapporte la Fondation Abbé Pierre.
Pour contrecarrer cette problématique, Gabriel Attal a annoncé plusieurs mesures à destination des étudiants et des jeunes actifs. La première est la création d’une garantie de loyers inspirée du dispositif Visale. L’objectif de ce nouvel outil est de faciliter l’accès à la location, tout en rassurant davantage les propriétaires craintifs à l’idée de louer leur appartement aux jeunes.
L’actuel Premier ministre a de nouveau mis en lumière les annonces de Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il a réaffirmé la volonté de l’État de rénover 100 % des résidences du Crous d’ici 2027. Cette mesure s’accompagnera de la construction de 35 000 nouveaux logements, dont 10 000 en résidences Crous. Le loyer de ces appartements devrait être « abordable ». Toutefois, aucun chiffre n’a été communiqué.
Emmanuel Macron fait son "mea-culpa" sur le sujet de l'accès au logement des jeunes et souhaite "bâtir une vraie réponse" pic.twitter.com/hHWhHIgjoe
— BFMTV (@BFMTV) June 12, 2024
Accéder à la propriété : un rêve qui arrive de plus en plus tard pour les Français. Sans évoquer d’âge limite pour l’heure, Gabriel Attal a également promis de permettre à un million de jeunes de classe moyenne et populaire de devenir propriétaire. Comment ? En les exonérant de droits de mutation à titre onéreux (plus connus sous le nom de frais de notaires) pour l’achat d’un logement de moins de 250 000 euros.
Pouvoir d’achat : Renaissance mise sur l’assurance et la réassurance
Telle est la volonté d’Ensemble dont les mesures sont pour l’heure assez faibles, comparées à d’autres partis politiques. Parmi elles, on retrouve le maintien des repas du Crous à 1 € pour les boursiers et les étudiants précaires, sur justificatif. Un dispositif qui est en œuvre depuis la pandémie.
En plus de l’assurance médicale d’État, gratuite pour les publics les plus fragiles, Gabriel Attal a annoncé le lancement d’une mutuelle publique à 1 € par jour pour tous les retraités, les étudiants, indépendants et demandeurs d’emploi sans mutuelle. Sa mise en place serait prévue dès octobre.
Réduire les factures : c’est aussi une des ambitions de Renaissance qui a fait deux annonces en ce sens. La première sera la baisse de 15 % de la note d’électricité, ce qui représente environ 200 € en moyenne par Français. La seconde est une mesure déjà annoncée par le gouvernement Macron, qui souhaite négocier avec les fournisseurs des « packs » de fournitures scolaires. Des « achats groupés » qui permettraient de réduire les prix jusqu’à 15 %.
Enfin, Ensemble souhaite permettre à ceux qui bénéficient d’aides, mais ne le savent pas, de pouvoir toucher leur dû plus facilement. La promesse de campagne de 2022 d’Emmanuel Macron a été réaffirmée pour les législatives de 2024 avec le versement automatique des aides dès 2025.
La réforme de l’assurance chômage maintenue
C’est le point noir à l’origine de plusieurs crispations : la réforme de l’assurance chômage. Elle prévoyait un durcissement des règles avec un raccourcissement de la durée d’indemnisation (15 mois contre 18 actuellement). En outre, il faudra avoir travaillé huit au cours des 20 derniers mois pour en bénéficier (contre 6 au cours des 24 derniers mois actuellement).
Pour rappel, les moins de 25 ans font partie de la tranche d’âge la plus touchée en France par le chômage, avec 18,1 % de taux de chômage au premier trimestre 2024. Le 13 juin dernier, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé le passage d’un décret « d’ici au 1er juillet », c’est-à-dire entre les deux tours pour mettre en œuvre cette réforme décriée qui serait abrogée par les autres partis politiques.
Insertion pro : Renaissance réactive ses leviers traditionnels
En matière d’insertion professionnelle, peu d’annonces ont été effectuées par Gabriel Attal. Il a tout de même affirmé que l’industrie serait au cœur des préoccupations, comme c’est le cas depuis plusieurs années. Au total, Ensemble envisage la création de 200 000 emplois dans ce secteur d’ici 2027.
Autre mesure qui vise à réduire la précarité des jeunes actifs : la fin de la « smicardisation » avec une incitation aux augmentations pour tous ceux qui perçoivent un salaire compris entre le SMIC (1 398,69 € au 1er janvier 2024) et 2 000 € net. Pour ce faire, Ensemble souhaite réformer les aides aux entreprises et miser davantage sur la prime d’activité.
— Gabriel Attal Actu (Compte Fan)
🇫🇷 « J'ai prouvé dans mes fonctions que j'étais capable de faire des constats lucides et de prendre des décisions radicales.»
— Interdiction de l'abaya, #ChocdesSavoirs pour élever le niveau des élèves, redoublement... @GabrielAttal sait imposer sa méthode, et ça fonctionne ↴ pic.twitter.com/t1ue5rShVd
— Gabriel Attal Actu (Compte Fan) (@GAttalActu) June 24, 2024
Le programme du Nouveau Front populaire
Le Nouveau Front populaire (NFP), coalition des partis politiques de gauche - le Parti socialiste, La France insoumise, Les Écologistes et le Parti communiste français - s’est formé suite à l’annonce de la dissolution de l’Assemblée par Emmanuel Macron, après la défaite du parti présidentiel aux élections européennes. Une alliance de circonstance entre des entités de la gauche dont les idées sont parfois très opposées, mais qui a pour but de faire bloc contre l’extrême-droite aux législatives.
En quelques jours, le NFP a mis ses désaccords de côté pour proposer un programme contenant plus de 150 mesures. Celles-ci prévoient une application en trois temps (la « rupture » les 15 premiers jours ; « l’été des bifurcations » à 100 jours ; les « transformations » les mois suivants) et consacrent une grande partie à la jeunesse, l’éducation et à l’enseignement supérieur. Tour d’horizon.
Précarité étudiante : un engagement dès les 100 premiers jours
La communauté estudiantine est touchée de plein fouet par la précarité. Selon une étude de l’association Cop-1, un étudiant sur deux affirme avoir déjà sauté un repas et vivre avec 100 euros par mois. Pour booster le pouvoir d’achat des Français, mais aussi celui des jeunes, le NFP demande, dès la première mesure, le blocage par décret des prix de première nécessité. Cela concerne l’alimentation, l’énergie et les carburants.
À travers les engagements plébiscités, la gauche veut « mettre en place une garantie d’autonomie qui complète les revenus des ménages situés sur le seuil de pauvreté ». Une aide qui serait perçue dès 18 ans pour ceux indépendants fiscalement et dès 16 ans pour les élèves en enseignement professionnel dans les 100 premiers jours.
Le Nouveau Front Populaire veut abroger les réformes des retraites et de l'assurance chômage, augmenter les aides au logement, le Smic à 1600 euros et le point d'indice des fonctionnaires de 10%.
Des mesures chiffrées à 25 milliards d'euros en 2024.#Législatives cc @Aouizillepic.twitter.com/47g1eJDzTg
— LCP (@LCP) June 21, 2024
Dans l’enseignement supérieur, le NFP veut généraliser le repas à 1 € dans les Crous pour tous les étudiants. Pour le moment, seuls les étudiants boursiers et précaires bénéficient de ce dispositif à l’euro symbolique dans les restaurants universitaires.
Le Nouveau Front Populaire veut abroger les réformes des retraites et de l'assurance chômage, augmenter les aides au logement, le Smic à 1600 euros et le point d'indice des fonctionnaires de 10%.
🍽 Repas à 1 euro pour tous les étudiants Portée par Fatiha Keloua Hachi (PS), la proposition de loi a été rejetée le 9 février 2023. 183 députés ont voté en sa faveur et 184 autres contre. |
Logement : la gauche veut sauver les meubles
Après la précarité étudiante, le NFP s’attaque à la précarité énergétique et au mal-logement. Tandis qu’un étudiant sur deux est mal-logé en France, selon une récente enquête de l’Union étudiante, la coalition propose « d’assurer l’isolation complète des logements, en renforçant les aides pour tous les ménages et en garantissant leur prise en charge complète pour les ménages modestes ».
Un geste pour booster le pouvoir d’achat des jeunes, qui passe également par plusieurs mesures souhaitées par le NPF : la garantie universelle des loyers, avec l’objectif de « sécuriser les propriétaires et les locataires ». Le prêt à taux zéro pour acheter un bien est également au programme.
Enfin, la gauche veut soulager le portefeuille des étudiants qui bénéficient d’un logement. La coalition souhaite revaloriser, dès les 15 premiers jours, les Aides pour le logement (APL) à 10 %.
Parcoursup : le NFP n’a pas retenu son dossier
Côté orientation, la plateforme Parcoursup va-t-elle tirer sa révérence ? Le Nouveau Front populaire veut en finir avec « la sélection » dans les établissements d’enseignement supérieur publics, les universités en tête. Pour ce faire, la gauche veut abroger la plateforme Parcoursup pour « démocratiser » l’accès au supérieur. Une annonce qui a fait bondir la ministre de l’Enseignement supérieur, alors que rien n’a été proposé pour autant par la gauche pour faire évoluer le dispositif ou le remplacer.
Législatives 2024 : le Front populaire souhaite abroger Parcoursup
SNU : si les jeunes reviennent aux urnes, ils annulent tout
Instauré en 2019 lors du premier quinquennat d’Emmanuel Macron et en voie de généralisation, le Service national universel fait l’objet de vives oppositions à gauche. S’il est élu à l’issue des législatives, le Nouveau Front populaire compte l’abolir dès les premiers mois.
« Le SNU c’est au moins deux milliards d’euros gaspillés par an alors que les jeunes attendent des actions ambitieuses pour sortir de l’immense précarité qui s’est installée », estime le NFP qui veut mieux redistribuer cet argent. « Les fonds libérés seront investis dans les associations de jeunes et d’éducation populaire et dans des politiques jeunesse ambitieuses », ajoute la coalition de gauche.
Réforme chômage abrogée, SMIC revalorisé : une rupture avec le programme de Renaissance
Côté économique, le NFP prévoit de revenir surla réforme de l’assurance chômage, adoptée sous le gouvernement Macron, qui a durci les conditions d’indemnisation. Dans son viseur également : le décret annoncé pour fin juin par Gabriel Attal qui allonge le temps de travail pour toucher le chômage et réduit la durée d’indemnisation.
Autres gros chantiers économiques annoncés par la gauche :
- la revalorisation du SMIC à 1600 euros, soit une hausse de 200 euros (+14,3 %)
- l’indexation des salaires sur l’inflation (jusqu’à présent, le gouvernement est obligé de rehausser le SMIC lorsque l’inflation dépasse les 2 %).
- L’augmentation des indemnités des stagiaires, du salaire des apprentis et des alternants. Et ce, dans les 15 premiers jours du calendrier.
Autant de mesures à contre-courant de la politique menée en France depuis le premier quinquennat d’Emmanuel Macron, qui suscite de nombreuses critiques. Selon les opposants aux NFP, ces mesures représentent une « catastrophe économique » à venir. Pourtant, plusieurs économistes, comme la prix Nobel d’économie, Esther Duflo, ou d’acteurs boursiers, comme le banquier d’affaires Matthieu Pigasse, soutiennent un programme réalisable.
🔴 Chefs d’entreprises et élections législatives ➡️ " Il y a un choix profond à faire de société et de politique économique. Je pense, en tout cas, qu’en cas de victoire du Nouveau Front Populaire, il n’y a pas de grande peur ou crainte à avoir ", assure Matthieu Pigasse. pic.twitter.com/a6fERFBhm3
— franceinfo (@franceinfo) June 20, 2024
💴 Programmes économiques : comment y voir plus clair ?
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Pass’Port et billet unique : de nouvelles alternatives pour la mobilité et l’activité physique
Pour faire bouger les jeunes et favoriser la mixité sociale, la gauche mise sur un accès facilité au sport et aux transports. Le programme du NFP prévoit, dès la rentrée 2024, de revoir l’actuel Pass’Sport, en augmentant son montant à 150 euros (contre 50 euros actuellement) et en élargissant les activités au sport scolaire.
Côté transports, la gauche opte pour une mesure sociale et écolo en proposant la création d’un dispositif de billet unique pour les jeunes. Celui-ci permettrait d’accéder à l’ensemble des trains, transports en commun, ainsi qu’aux vélos et voitures en libre-service du territoire français. Le gouvernement actuel a mis en place, depuis le 5 juin 2024, le fameux « Pass Rail », qui permet aux 16-27 ans de voyager en train pour 49 euros par mois cet été en France.
Éducation nationale : s’atteler contre les mesures Attal
C’est l’un des points d’ancrage du programme du NFP : l’éducation. Une des priorités de la gauche, si elle arrive au pouvoir, sera d’instaurer, dès la rentrée 2024, une « vraie gratuité de l’école ». Cantine, transports, fournitures scolaires, activités extrascolaires : toutes ces dépenses seront prises en charge intégralement par l’État.
Autre urgence au menu de la gauche : l’abrogation du « choc des savoirs » initié par Gabriel Attal quand il était ministre de l’Éducation nationale et largement contestée par le corps professoral. Pour le NFP, cette réforme, qui impose notamment la création de groupes de niveau au collège, revient à faire un « tri social » des élèves et doit disparaître.
🔴🗣️"À la rentrée prochaine l'école [publique] sera 100% gratuite."
Manuel Bompard (LFI) est interrogé sur le coût de cette mesure qu'il estime à 8 milliards d'euros par an. pic.twitter.com/uR7P8o78l6
— franceinfo (@franceinfo) June 17, 2024
Étudiants étrangers : une ouverture à contre-courant des oppositions
Fin 2023, la loi immigration qui impacte les étudiants étrangers a suscité de vifs débats dans l’hémicycle, au sein même du gouvernement et indigné les acteurs du supérieur. Cette loi, portée par la majorité présidentielle, a été votée grâce au soutien de la droite et de l’extrême droite, tandis que les partis de gauche l’ont fustigé.
Au sein de son programme, le Nouveau Front populaire veut faciliter l’accès aux visas, régulariser les travailleurs, étudiants, parents d’enfants scolarisés et instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence. Un positionnement en totale opposition aux propositions de la droite et de l’extrême droite, le parti de Jordan Bardella, augurant un tableau bien plus sombre pour les étudiants étrangers.
Le programme du Rassemblement national
Si le programme du Rassemblement national (RN) pour les législatives se précise au jour le jour, Jordan Bardella a annoncé plusieurs mesures phares du parti d’extrême-droite qu’il préside.
Pour l’heure, si l’on fait la somme des annonces, les mesures prioritaires dans l’agenda du RN concernent l’immigration, le pouvoir d’achat et la sécurité. En matière d’enseignement supérieur et de jeunesse, le président du RN a rappelé quelques mesures ce lundi 24 juin, lors d’une conférence de presse.
Primaire, collège, lycée : un tour de vis nationaliste sur l’école
Lors de la présentation de son programme économique auprès des organisations patronales, Jordan Bardella a annoncé vouloir remplacer le collège unique par un « collège modulaire ». Une mesure qu’il rappelle ce matin devant la presse. Le but ? Valoriser à la fois les filières générales que les filières professionnelles. Dans la même veine que le projet de collège modulaire, ces jeunes seraient orientés « le plus tôt possible » vers l’insertion professionnelle. Les REP (réseau d'éducation prioritaire) se verraient également supprimés, ne laissant que les REP+ sur la carte de l’éducation prioritaire.
Une proposition qui divise les enseignants, mais qui sera probablement loin d’être la seule à faire des remous dans l’enseignement primaire et secondaire. Et pour cause : dans un récent entretien de Roger Chudeau dans les colonnes des Échos, plusieurs mesures sont évoquées. À commencer par la fin du « bac Blanquer », autrement dit le retour aux filières S, ES et L. Comme le Nouveau Front populaire, le RN prévoit aussi d’abolir le « choc des savoirs » de Gabriel Attal.
De plus, le RN souhaite plancher sur la « laïcité » à l’école. Dans leur collimateur : la nourriture halal, le ramadan et la contestation des enseignements qui exerceraient « une pression terrible sur la vie scolaire », selon Roger Chudeau. L’interdiction du port du voile pour les accompagnatrices des sorties scolaires, qui a déjà fait débat par le passé, serait à nouveau d’actualité avec le RN. Quant au port de l’uniforme à l’école, Jordan Bardella se dit « à titre personnel », favorable à son instauration et a annoncé une phase d’expérimentation à ce sujet, dans les écoles primaires et les collèges.
Toujours pour l’éducation nationale, Jordan Bardella souhaite « un big bang de l’autorité » et « un accent sur la maîtrise des savoirs fondamentaux ». Il précise que les téléphones portables seront prohibés, dès la rentrée, dans les collèges et les lycées. Pour lui, l’école doit devenir un lieu de « sobriété numérique » pour lutter contre les difficultés de concentration des élèves.
C’est un principe inscrit dans la Constitution qui implique une séparation de l’État de toute forme d’organisation religieuse. Ce dernier doit donc être neutre à l’égard de tous les citoyens, quelle que soit leur croyance. Il doit garantir une liberté de conscience et le libre exercice des cultes, aussi bien en privé qu’en public, tant que l’ordre public est respecté.
Enfin, Jordan Bardella a annoncé la mise en place de « sanctions planchers » ainsi que la création « des centres spécialisés pour les élèves perturbateurs ou harceleurs » afin de « protéger à la fois les autres élèves et les enseignants ». Il souhaite également que le vouvoiement des enseignants soit obligatoire.
📚 Concernant l'éducation, Jordan Bardella dit vouloir un "big bang de l'autorité" et un "accent sur la maîtrise des savoirs fondamentaux".
🗣 "Nous voulons remplacer le collège unique par un collège modulaire", pour orienter "plus tôt" vers les filières professionnelles,… pic.twitter.com/gtR3k8q9AV
— franceinfo (@franceinfo) June 24, 2024
Que risquent les étudiants étrangers avec la « priorité nationale » ?
Obsession bien connue de l’ex-Front national, l’immigration demeure encore et toujours dans le viseur du groupe nationaliste. Jordan Bardella a notamment promis le 14 juin dernier, au micro de BFMTV, que « la question de l’immigration et du contrôle de nos frontières » serait l’une de ses priorités. Un projet qui concernera aussi bien l’immigration illégale que légale.
Certaines mesures qui figuraient dans la dernière loi immigration votée fin 2023 et censurée par le Conseil Constitutionnel pourraient donc être remises sur la table, à commencer par la caution retour et la majoration des frais de scolarité. Des « détails » du texte qui étaient notamment contestés à l’unisson par les présidents d’université et les grandes écoles, et qui ont divisé le camp présidentiel.
Dans le cadre de la « priorité nationale » (issue de l’inconstitutionnelle « préférence nationale » portée à l’origine par Jean-Marie Le Pen), le Rassemblement national entendait aussi, dans son programme présidentiel de 2022, réserver les aides sociales aux personnes de nationalité française.
Selon la logique du parti d’extrême droite, cette mesure devrait favoriser les actifs et étudiants nationaux dans le besoin. Par exemple, ce principe pourrait permettre de n’attribuer aucun logement étudiant en résidence universitaire à un étudiant étranger, tant que toutes les demandes formulées par les étudiants français n’auront pas été satisfaites. « Une attention particulière sera portée aux étudiants ultra-marins souvent démunis en arrivant étudier en métropole », garantissait le programme présidentiel de Marine Le Pen il y a à peine 2 ans.
Lors d’une intervention auprès du MEDEF, Jordan Bardella a également annoncé son souhait « qu’au bout de six mois, un étranger qui n’a pas d’activité soit amené à repartir dans son pays d’origine. » Une décision qui pourrait impacter considérablement les étrangers fraîchement diplômés en France et qui souhaitent s’insérer sur le marché du travail.
La TVA au cœur des arguments de Bardella
Sur le podium des préoccupations des Français, le pouvoir d’achat a été central dans les prises de parole du RN ces dernières années. Si son groupe obtient la majorité, Jordan Bardella promet de baisser la TVA à 5,5 % sur les énergies (électricité, gaz, fioul) et le carburant.
Fraîchement gagnant des élections européennes, le RN entendait également déroger aux règles européennes de tarification de l’électricité dans le but de « baisser de 30 % les factures ».
À mesure que les deux échéances de vote approchent, Jordan Bardella a toutefois remis à plus tardcertaines des mesures d’urgence promises. Parmi celles-ci, la baisse de la TVA sur les produits de première nécessité, qui ne verraient le jour selon ce dernier que dans un « second temps ». Immédiatement ou non, ces mesures seraient censées répondre aux problématiques monétaires des Français, notamment des jeunes, particulièrement exposés à la précarité.
La TVA est un impôt indirect qui s’ajoute au prix de tous les produits. Il est donc supporté par tous les consommateurs et versé par les entreprises à l’État. C’est l’impôt qui rapporte le plus de recettes fiscales. Elle permet de financer les dépenses publiques, comme l’éducation, la santé, la sécurité, les infrastructures ou la culture.
Quid de Reconquête ! , le parti d’Éric Zemmour ?
Le parti d’Éric Zemmour a implosé sous la pression du calendrier très resserré imposé par la dissolution. Après le départ de Marion Maréchal Le Pen, le parti qui a obtenu 5 % des voix aux élections européennes a annoncé investir 330 candidats lors des législatives qui arrivent. Si aucun programme ne se dessine pour le moment, certaines grandes lignes du parti sont claires dans son programme des présidentielles de 2022.
Caution de 10 000 euros, suppression des aides : les étudiants étrangers ciblés
Reconquête ! ne se cache pas de vouloir aller encore plus loin que le RN sur les questions d’immigration. Le parti affirme vouloir sélectionner les étudiants étrangers au mérite, pour n’accueillir que « les profils les plus prometteurs dans les filières utiles » pour la France.
Ces derniers seraient aussi soumis à une caution obligatoire de 10 000 euros pour l’obtention d’un visa. Cette caution serait destinée aux « étrangers provenant de pays dont sont majoritairement issus les immigrés clandestins », peut-on lire dans le programme de 2022 du parti d’extrême droite.
D’autre part, le parti propose de supprimer les aides sociales, comme les aides au logement ou le revenu de solidarité active (RSA) à tout étranger n’appartenant pas au continent européen.
- Les étrangers européens de plus de 25 ans peuvent demander le RSA s’ils ont un droit de séjour depuis au moins 3 mois.
- Les étrangers extra-européens de plus de 25 ans peuvent demander le RSA s’ils disposent d’un titre de séjour depuis au moins 5 ans permettant de travailler en France et/ou s’ils ont le statut de réfugié et/ou s’ils ont une carte de résident de 10 ans.
Primaire, secondaire, apprentis : à la reconquête du passé et du pouvoir d’achat ?
Pour « rendre la France toujours plus française, en renouant avec la culture et les valeurs du pays », le parti d’Eric Zemmour annonçait en 2022 vouloir « faire découvrir et aimer l’histoire de la France dès l’école primaire ». En outre, le certificat de fin d’études primaires, supprimé en 1989, serait réinstauré. En ce qui concerne le bac, Reconquête ! restaurerait, comme le RN, les filières du lycée général (S, ES et L). La blouse serait également obligatoire en primaire.
Pour les apprentis, le parti voulait favoriser en 2022 leur pouvoir d’achat en augmentant le niveau d’exonération des cotisations salariales pour l’apprentissage de 79 % à 100 % du SMIC, ainsi que leur embauche en CDI. Pour les jeunes qui se déplacent en voiture pour aller au travail : Reconquête avançait dans son programme présidentiel une prise en charge à 50 % des frais de carburant pour le trajet domicile-travail par les entreprises.
Bientôt un programme pour Les Républicains ?
C’était la télénovela du mois de juin. Après l’alliance d’Éric Ciotti, président des Républicains, avec le Rassemblement national, le parti à l’origine inspiré du gaullisme, embourbé dans des conflits internes, n’a pour le moment pas diffusé de programme détaillé en vue des législatives qui se tiendront les 30 juin et 7 juillet prochains.
Pris en étau entre les valeurs portées par Renaissance et le RN, le groupe Les Républicains a ces dernières années pris des positions disparates en ce qui concerne la jeunesse et les étudiants. Pour exemple, la très décriée « caution retour », figurant dans la loi immigration votée en décembre dernier, a été introduite dans les débats parlementaires par le sénateur LR Roger Karoutchi.
Pour rappel, les inscriptions sur les listes électorales pour ces élections législatives anticipées sont désormais clôturées. Mais il est toujours possible de vérifier son inscription sur les listes et de trouver son bureau de vote, en se rendant sur le site du service public.
Le jour J, nul besoin d’avoir une carte électorale, seule une pièce d’identité suffit (CNI, permis de conduire ou passeport). Il faut bien garder en tête que voter est un devoir de citoyen et que se rendre aux urnes est nécessaire pour être maître de son destin et de son avenir.
Cet article a été co-écrit par Sébastie Mastrandreas, Mehdi Bautier, Marie Leroux, Max Arengi, Maeva-Simone Tjang et Adriana Da Cruz.