20 %. C’est le pourcentage d’étudiants qui vivent aujourd’hui sous le seuil de pauvreté, selon un rapport du Sénat, publié en juillet 2022. Tandis que l’inflation et la flambée des prix alimentaires se poursuivent, la précarité étudiante, elle, s’intensifie.
Des difficultés qui gangrènent le quotidien de la communauté estudiantine, qui n’a pas les moyens de subvenir à ses besoins. Suivre des études dans ces conditions se révèle de plus en plus compliqué et cela se ressent dans leurs résultats en cours. Pour les syndicats étudiants, le coût de la vie étudiante explose : la FAGE indique que les frais de la vie courante s’élèvent à 3024,49 euros en 2023.
Fort heureusement, les collectivités locales et les associations redoublent d’efforts pour aider les jeunes. Diplomeo vous liste les dispositifs auxquels vous pouvez bénéficier près de chez vous !
Précarité étudiante : les aides déjà existantes
Avant d’évoquer les aides ciblées, focus sur les aides déjà existantes mises en place par le Gouvernement. En premier lieu, il y a le repas à un euro instauré par le ministère de l’Enseignement supérieur à la rentrée 2020, pour les étudiants boursiers. Depuis cette année, la mesure a été étendue aux étudiants précaires pour faire face à l’inflation et à la hausse des prix du logement, de l’alimentation ou encore de l’électricité. Une mesure maintenue pour la rentrée 2023-2024.
À l’université, le ministère de l’Enseignement supérieur a accordé le gel des frais à l’université à la rentrée 2023 pour la troisième année consécutive.
Par ailleurs, selon le ministère a initié sa réforme des bourses, avec des versements qui augmentent de 37 euros de plus par mois, dès septembre 2023. Un étudiant boursier qui est échelon 7 vera sa contribution croître de 6,2 %, en passant de 596 à 633 euros mensuels. Pour l’échelon 0 bis, l’augmentation s’élève à 34 % et sa bourse sera de 145 € (au lieu de 108 €).
On retrouve aussi la gratuité des protections hygiéniques pour les lycéennes et les étudiantes, ainsi que celle des préservatifs, depuis le 1er janvier 2023, pour les tous les jeunes de moins de 26 ans.
Vous avez aussi la possibilité de solliciter la Caisse des allocations familiales (CAF) pour votre logement étudiant et avoir recours à l’aide personnalisée au logement (APL) qui est versée par l’organisme. Si vous êtes étudiant en alternance, vous pouvez être concerné par la prime d’activité, car vous êtes salarié.
Précarité étudiante : quels dispositifs locaux ?
Pour lutter contre la précarité étudiante, les collectivités et les associations s’organisent un peu partout en France afin de soulager au mieux les contraintes des plus vulnérables. La FAGE (Fédération des Associations Générales étudiantes), par exemple, a développé l’initiative des AGORAé, où l’on trouve des épiceries sociales et solidaires. À ce jour, il en existe près de 40 sur l’ensemble de l’Hexagone.
Retrouvez toutes les mesures de proximité, région par région, afin de vous aider à arrondir vos fins de mois.
Auvergne-Rhône-Alpes
Cette région a mis en lumière les répercussions de la précarité étudiante. En 2019, un drame a suscité l’émoi dans la communauté éducative. Anas, étudiant en deuxième année de licence à Lyon en grande difficulté financière, s’est immolé par le feu devant le CROUS de la commune. Démuni, il a voulu dénoncer auprès des pouvoirs publics les conséquences de la détresse et de la misère des jeunes. « 450 € par mois, est-ce suffisant pour vivre ? », avait-il écrit sur le mur du bâtiment.
L’académie d’Auvergne-Rhône-Alpes recense 92 000 étudiants boursiers, sur un total de 377 000. Des réunions ont été organisées fin 2022 dans le but de trouver des solutions pour les jeunes précaires du territoire. Ces dernières ont été animées par Gabriele Fioni, recteur délégué pour l’enseignement supérieur. Les CROUS et « l’ensemble des acteurs de lutte contre la précarité : préfectures, collectivités territoriales, associations étudiantes, associations caritatives » comme le Secours populaire y ont participé, apprend-on sur le site dédié.
Parmi les mesures discutées, le repas à 1 euro revient sur la table, mais aussi un accompagnement psychologique pour les étudiants les plus fragiles. Du côté des associations étudiantes, les épiceries solidaires et les distributions alimentaires battent leur plein. La FAGE a ainsi ouvert des AGORAé dans plusieurs villes de la région : à Lyon, Grenoble, Saint-Étienne ou encore Clermont-Ferrand. De même, dans la capitale des Gaules, les universités et la municipalité recensent plusieurs structures d’aide alimentaire ainsi qu’un restaurant social.
Bourgogne–Franche-Comté
Centre de solidarité, distributions de nourriture, aide au logement… La région dijonnaise s’organise aussi pour tenter d’enrayer la précarité étudiante. Le CROUS local propose un grand nombre d’aides et d’accompagnements au quotidien sur leur site. On y retrouve notamment du soutien psychologique, un référentiel des aides solidaires ou des tips pour dénicher son job étudiant.
Sur le campus de l’université de Bourgogne à Dijon, Épi’Campus, association d’aide alimentaire, a ouvert ses portes en novembre 2022. Selon France 3 Bourgogne-Franche Comté, ce dispositif rassemble près d’une centaine de jeunes quotidiennement. En outre, une « commission solidarité » a été mise en place en 2021. Il s’agit d’un centre d’accueil pour accueillir les étudiants et les épauler sur les démarches administratives, la recherche d’emploi et le logement.
À Besançon, l’université de Franche-Comté a publié un guide des aides pour les étudiants. Ce descriptif attribue toutes les aides possibles pour les jeunes : aide alimentaire et matérielle, logement, assistance psychologique, appui social et financier, etc. Toutes ces aides sont regroupées par catégories. De même, les épiceries solidaires AGORAé sont gérées par des bénévoles d’une asso de la ville : le Bureau des Associations Franc-Comtoise (BAF).
Bretagne
Les associations et les collectivités bretonnes sont également en première ligne contre la précarité des étudiants. L’académie de Rennes propose des dispositifs d’aides financières. « Les aides d’urgence décidées hors commission sont dorénavant plafonnées à 500 € au lieu de 200 € », lit-on sur le site. Le Crous rennais a également simplifié l’évaluation sociale pour les aides d’urgences pour les jeunes.
Côté alimentaire, depuis mars 2021, tous les étudiants de Bretagne ont le droit à des colis alimentaires gratuits. Le CROUS régional indique que ces distributions ont lieu deux fois par semaine, notamment dans les lieux où il n’y a pas de restaurant universitaire, comme à Roscoff et Morlaix. Vous avez la possibilité de consulter tous les accompagnements proposés sur le site de l’académie.
Les épiceries solidaires Agoraé sont présentes sur tout le territoire. Elles sont gérées par la première organisation universitaire de Bretagne, la Fédé B. Si vous êtes actuellement étudiant dans un établissement d’enseignement supérieur breton, vous avez la possibilité de vous rendre dans ces épiceries qui se trouvent sur les campus de Bretagne occidentale (Brest, Quimper), de Haute-Bretagne (Rennes), à Vannes ou sur le Campus Mazier de Saint-Brieuc.
Centre-Val de Loire
Les structures universitaires et associatives de la région Centre-Val de Loire se mobilisent pour apporter des aides ponctuelles ou régulières aux étudiants les plus démunis. À l’université d’Orléans, un grand nombre de mesures sont à disposition des étudiants. Par exemple, une aide alimentaire de 100 euros a été octroyée par la région pour 3000 personnes précaires.
La région a mis en place une plateforme numérique pour les 15-25 ans : YEP’S. Entièrement gratuite, elle propose de nombreux avantages non négligeables pour l’emploi, la santé, le logement, le transport, la culture et les loisirs ou encore la mobilité internationale. Une prime de 500 euros est attribuée aux étudiants qui commencent un stage en entreprise, jusqu’au 31 décembre 2023. Par ailleurs, à Tours, une épicerie solidaire a été ouverte en 2022 pour permettre aux jeunes de bénéficier de denrées alimentaires pour une bouchée de pain.
Grand Est
À Strasbourg, des bénévoles de l’association COP-1 organisent des distributions alimentaires chaque semaine, révèle France 3 Grand Est. Une initiative née à Paris pendant le premier confinement, qui s’est développée dans d’autres communes, comme la capitale de l’Europe ainsi qu’à Angers, Montpellier et Marseille.
Les épiceries solidaires de l’AGORAé sont massivement présentes dans la région Grand-Est. Vous avez la possibilité de vous y rendre dans les campus universitaires des communes suivantes :
- Metz, Campus de l’université de Lorraine
- Nancy, Campus universitaire de Lorraine — Présidence Lionnois
- Reims, Campus Croix-Rouge de l’université Champagne Adrennne
- Reims, Résidence Inter-campus Teilhard de Chardin
- Strasbourg, Campus de l’université de Strasbourg
- Strasbourg, Agoraé sur le site de Gallia
- Troyes, FET Campus 3
Implantées depuis 10 ans sur le territoire lorrain et portées par @fedelorraine, les #AGORAé ont vocation à améliorer le quotidien des #étudiants et étudiantes 👥️️Pour une #jeunesse sortie de la #précarité, mieux accompagnée et toujours plus solide face à l’avenir ✊️ pic.twitter.com/CB5abiwV61
— Apolline DUMAR (@Apolline_FAGE) January 23, 2023
Hauts-de-France
Dans le nord de l’Hexagone, les dispositifs ne manquent pas pour améliorer la vie étudiante. Selon la région, les Hauts-de-France comptent près de 80 000 boursiers, ce qui correspond à 32 % des étudiants. Des aides leur sont octroyées, ainsi qu’à ceux qui sont en situation de précarité.
La région propose deux aides à destination des jeunes. Le Fonds régional social d’urgence (FRSU) pour ceux qui ont des difficultés de logement, d’ordre social (rupture familiale), de frais de scolarité, de santé ou alimentaire. Pour cette dernière, l’Aide régionale à la restauration étudiante permet aux étudiants précaires de bénéficier d’un repas à 1 euro et de 100 repas offerts durant toute l’année universitaire. Quant aux épiceries solidaires, les Agoraé de la FAGE se trouvent dans deux villes universitaires : Amiens (campus de l’Université de Picardie — Jules Verne) et Valenciennes (campus de l’université Polytechnique des Hauts-de-France).
Île-de-France
L’association COP-1 a dressé un constat alarmant. Selon une étude menée en octobre 2021, plus d’un étudiant francilien sur deux avoue ne pas manger à sa faim. Et les femmes seraient davantage touchées par ce phénomène. La précarité étudiante frappe de plein fouet la région Île-de-France qui est la plus onéreuse du pays, tant pour le logement que pour l’alimentation.
L’association Linkee qui lutte contre le gaspillage alimentaire récupère certains produits de supermarché qui ont été invendus ou qui sont en surplus afin de les redistribuer aux étudiants qui en ont besoin. Chaque année, l’association apporte une aide financière à 30 000 jeunes.
De son côté, la FAGE recense plusieurs épiceries solidaires AGORAés à Paris et dans sa région. Les voici :
- Cergy : Campus de l’université Cergy-Paris
- Créteil : Campus de Paris-Est Créteil université (UPEC)
- Montigny-le-Bretonneux : campus de l’université Versailles-Saint Quentin (UVSQ)
- Nanterre : Campus de l’université Paris-Nanterre
- Orsay : Campus de l’université Paris-Saclay
- Paris : Agoraé sur le site de Clignancourt de Sorbonne université
- Paris : AGEP, campus Grands Moulins, université Paris Cité
- Paris : AGORAé, campus de Pierre et Marie Curie
[#Precarité#étudiante] L’AGORAé de Paris à le plaisir de vous annoncer l’ouverture de sa nouvelle épicerie #sociale et #solidaire au sein du Campus Pierre et Marie Currie !Être au plus proche des étudiantEs pour répondre à leurs besoins, tel est notre #engagement ! pic.twitter.com/aDh0TtJYfI
— AGORAé Paris (@agoraeparis) February 7, 2023
Normandie
Dans la région normande, les étudiants ne sont pas non plus épargnés par la précarité. Les CROUS de Normandie proposent ainsi des aides spécifiques pour les plus nécessiteux : l’allocation annuelle et l’aide spécifique ponctuelle. Cette dernière est cumulable avec la bourse sur critères sociaux.
Les épiceries solidaires de la FAGE, les Agoraé, se trouvent dans les trois principales communes de Haute et de Basse Normandie : Le Havre, Rouen, sur le campus universitaire de Mont-Saint-Aignan et Caen, près du campus de l’université Caen-Normandie.
Nouvelle-Aquitaine
Selon l’Insee, dans la région du Sud-Ouest, six étudiants sur dix n’habitent pas chez leurs parents. « Leur lieu de résidence répond notamment à une logique d’implantation de l’offre d’enseignement supérieur », précise l’étude. « Trois étudiants sur quatre poursuivent leur formation dans les intercommunalités de Bordeaux, Poitiers, Limoges, La Rochelle et Pau, quand deux sur trois y résident ».
Ainsi, l’association Union Régionale pourl’Habitat des Jeunes Nouvelle Aquitaine (URHAJ) propose différentes aides aux jeunes des 12 départements de la région de 16 à 30 ans. Accompagnement individuel, soutien dans les démarches administratives, restauration… le dispositif est large. Pour en savoir plus, c’est ici.
Occitanie
Selon l’université de Toulouse, 22 % des étudiants ont rencontré des difficultés financières pour faire face à leurs besoins. L’académie toulousaine recense environ 32 % de boursiers. Par conséquent, la région se mobilise en octroyant des aides financières aux étudiants précaires. Par exemple, le dispositif Bien Manger Pour Tous permet aux assos alimentaires de distribuer des produits locaux qui viennent de 600 producteurs d’Occitanie.
Une épicerie solidaire est également présente sur le territoire, à Toulouse. L’AGORAé toulousaine se trouve en centre-ville près de la place du Capitole.
Pays de la Loire
Dans les Pays de la Loire, le département de la Loire-Atlantique propose un Revenu Jeunes pour lutter contre la précarité étudiante, d’un montant de 500 euros. Cette aide ponctuelle est attribuée sans condition de ressources.
De même, la région accorde une aide de 200 euros de prime par année scolaire aux jeunes qui cumulent un emploi et une formation. Enfin, dans la commune d’Angers, l’épicerie solidaire Agoraé a ouvert ses portes en janvier 2022.
Provence-Alpes-Côte d’Azur
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur (PACA) s’engage elle aussi dans la lutte contre la précarité étudiante. L’aide individuelle régionale permet à ceux qui ont des difficultés financières de percevoir chaque année une rémunération. Pour aider les jeunes de 15 à 25 ans et pour rendre la santé accessible à tous, la région leur propose le Pass Santé Jeunes. Un dispositif qui permet d’accéder à des services médicaux, notamment en termes de contraception ou pour prendre des rendez-vous avec divers spécialistes.
Plus localement, la ville de Marseille propose des repas gratuits au restaurant universitaire de la Canebière. L’entrée est libre à condition de présenter sa carte étudiante. La Cité phocéenne attribue des hébergements d’urgences depuis la crise Covid en résidence universitaire. À Nice, tous les étudiants de moins de 35 ans peuvent bénéficier d’aides financières ponctuelles par l’intermédiaire du CROUS : le repas à 1 euro, le restaurant et les épiceries solidaires (Agoaré, Campus Caroline, Résidence Crous Jean Médecin).
Les épiceries solidaires se trouvent dans 4 communes de la région PACA :
- Aix-en-Provence : l’Agoraé se situe en centre-ville, à proximité de la résidence étudiante Gsa Résid
- Avignon : sur le campus Hannah Arendt de l’université
- Marseille : sur le Campus Luminy de la Cité universitaire
- Nice : l’épicerie solidaire Agoraé se trouve près de la gare SNCF de Nice-Ville, une deuxième a ouvert dans le quartier Saint-Roch.
A l’occasion de la fête des voisins, la FACE06 a ouvert les portes de son épicerie solidaire #AGORAé dans le quartier St-Roch. Beau moment de partage et de convivialité entre bénévoles, partenaires, #étudiants et habitants du quartier en présence de @MonettiGraig. 🎉🤝 merci 🙏 pic.twitter.com/yuiUAEf65i
— FACE 06 (@FACE_06) May 26, 2023
Bonus, retrouvez la carte des épiceries solidaires sur tout le territoire :
© Capture d’écran FAGE.org