78% : C’est le nombre d’étudiants qui vivent avec 100 euros par mois, selon la dernière étude de Linkee. Le loyer et les charges représentent le premier poste de dépense pour la communauté estudiantine et leurs faibles revenus ne leur permettent pas toujours de vivre décemment.
De fait, le budget alloué à l’alimentation devient vite un casse-tête. Entre les denrées alimentaires et les produits d’hygiène nécessaires au quotidien, la facture grimpe à toute allure. Dans ce contexte, les épiceries solidaires proposent une alternative pour soulager le porte-monnaie des étudiants.
Qu’est-ce qu’une épicerie solidaire ?
Les épiceries solidaires, parfois appelées épiceries sociales, sont des structures dans lesquelles des personnes en situation de précarité sont orientées pour subvenir à leurs besoins du quotidien. Elles peuvent y acheter des produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien à moindre coût. Généralement, les tarifs se situent entre 6 % et 30 % de moins par rapport aux prix du marché.
Au-delà de l’aspect alimentaire, les épiceries solidaires sont souvent pensées comme de véritables espaces de vie. On y propose des ateliers (cuisine, gestion de budget, santé mentale...), ainsi que des lieux conviviaux pour échanger et créer du lien. Le plus souvent, elles sont animées par des étudiants bénévoles, ce qui contribue à une ambiance solidaire et accueillante.
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Pour alimenter ces épiceries solidaires, les Banques Alimentaires jouent un rôle clé en collectant et redistribuant des denrées aux associations et épiceries solidaires. « L’intérêt principal de ces épiceries, c’est que les bénéficiaires peuvent choisir les produits qu’ils consomment », explique Léna Leduc, chargée d’études à la Fédération Française des Banques Alimentaire (FFBA), un des acteurs majeurs de l’aide alimentaire dans l’Hexagone. « Cela leur permet de se nourrir de manière adaptée à leurs besoins », ajoute-t-elle.
Pour venir en aide aux étudiants les plus démunis, la Banque Alimentaire soutient des dispositifs dédiés aux jeunes, notamment avec des associations étudiantes engagées dans la lutte contre la précarité – comme Cop-1, la FAGE et Linkee – et distribue ponctuellement des denrées alimentaires sur les campus dans toute la France.
Étudiants : De quelles aides alimentaires puis-je bénéficier ?
Quelle différence entre épicerie solidaire et aide alimentaire ?
Si ces deux dispositifs coexistent, il existe des différences entre eux. L’épicerie solidaire va aider l’étudiant à court et moyen terme, dans une logique d’accompagnement et d’autonomie. À l’inverse, l’aide alimentaire vise l’urgence, quand une personne ne peut tout simplement pas se nourrir.
Voici un comparatif entre l’aide alimentaire et l’épicerie solidaire :
Épicerie solidaire | Aide alimentaire |
Des produits vendus à prix réduits | Des produits distribués gratuitement, la plupart du temps sous forme de colis |
L’étudiant choisit ce qu’il veut acheter | Une aide bienvenue, sans possibilité de choix (ou peu) |
Objectif de préservation de l’autonomie | Répondre à une urgence souvent immédiate |
Un véritable lieu de vie avec des espaces d’échanges et des ateliers | Moins d'accompagnement, un point de distribution devant les établissements ou dans les campus |
Modèle participatif : un bénéficiaire peut devenir bénévole | Assistance directe et ponctuelle |
Les épiceries solidaires jouent un rôle clé dans la lutte contre la précarité étudiante. en permettant aux jeunes d'accéder à des produits de meilleure qualité (viandes, fruits et légumes, produits laitiers) et tout cela, à moindre coût. « C’est un droit auquel ils ont accès et de pouvoir bénéficier de ces dispositifs-là en fonction de leur revenu », explique Léna Leduc. L’objectif est de permettre aux étudiants de « pouvoir s'alimenter », sans que cela constitue un frein pour leurs études.
« Les bénévoles y sont très investis, et les jeunes le ressentent”, poursuit-elle. La chargée d’étude parle aussi d’une sensibilisation importante sur les réseaux sociaux pour toucher les jeunes qui n’oseraient pas passer la porte des épiceries solidaires. « Parfois, on a la chance d’avoir des ambassadeurs. Par exemple, Mister V était présent au lancement de notre épicerie sociale à Grenoble, en février dernier », explique Léna Leduc. « Il a un public jeune et il était personnellement concerné par la cause, donc il a accepté de relayer notre action. Ce genre de partenariat est précieux ».
Agoraé, AMU Solidaire… des dispositifs à destination des étudiants dans toute la France
Pour lutter contre la précarité étudiante, les collectivités et les associations s’organisent un peu partout en France. À l’image de la FAGE (Fédération des Associations Générales Étudiantes). Le syndicat étudiant a développé l’initiative des AGORAé, des espaces dédiés à la solidarité où l’on trouve notamment des épiceries sociales et solidaires.
À ce jour, près de 40 AGORAé sont implantées à travers l’Hexagone, souvent au sein des campus, offrant aux étudiants un accès à des produits alimentaires à prix réduits ainsi que divers services d’accompagnement : gestion budgétaire, ateliers de cuisine, aide psychologique, etc.
Dans la même veine, l'association Linkee propose aussi des distributions de repas et de produits essentiels en Ile-de-France et plusieurs villes étudiantes. En complément des épiceries solidaires, Linkee organise également des actions de sensibilisation et des événements pour briser l’isolement social qui a été exacerbé chez les étudiants depuis la crise sanitaire.
Si la précarité étudiante est souvent associée aux grandes villes universitaires, il ne faut pas oublier les étudiants en zones rurales. Pour aider les jeunes dans ces territoires, où les épiceries solidaires se font rares, les Banques alimentaires veulent innover. « Comme les épiceries solidaires ne peuvent pas être partout, on a déployé des camions itinérants pour aller à leur rencontre et éviter que l’accès à l’aide alimentaire engendre un coût supplémentaire », indique Léna Leduc, qui veut garantir l’accès aux épiceries solidaires partout en France.