C’est un constat que font chaque année les étudiants et leurs représentants syndicaux à la rentrée : les hausses successives du coût de la vie étudiante. Selon le dernier rapport de la FAGE, le montant d’une année universitaire en 2024-2025 s’établit à 3 157 euros. Les principaux postes de dépenses sont le logement, les transports, l’alimentation, l’électricité ou encore le matériel pédagogique.
Par ailleurs, dans son dernier baromètre sur la précarité étudiante, publié en février 2025, la FAGE tire la sonnette d’alarme. Parmi les chiffres les plus préoccupants à retenir : 6 jeunes sur 10 sautent des repas par « habitude », 30 % d’entre eux se privent d’au moins 4 repas par semaine et 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim. Les associations, les organisations syndicales et les étudiants bénévoles proposent plusieurs mesures pour soulager les jeunes, leur porte-monnaie et leurs ventres vides.
Une nouvelle réforme des bourses sur critères sociaux
Quand un étudiant doit choisir entre manger ou s’acheter des manuels, les voix s’élèvent pour demander une nouvelle réforme des bourses. En mars 2023, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, avait débloqué 500 millions d’euros pour revaloriser les bourses sur critères sociaux. Cela représentait une hausse de 37 euros par mois pour tous.
Un an et demi plus tard, cette revalorisation se révèle insuffisante pour le monde estudiantin. Selon le baromètre de la FAGE, 58 % des personnes interrogées ne sont pas éligibles ; dont 15 % qui ont fait une ou plusieurs demandes qui n’ont pas abouti. Ainsi, le syndicat demande l’élargissement du nombre de boursiers à 1 million d’étudiants bénéficiaires et leur indexation des plafonds sur le SMIC et de leur montant sur l’inflation.
L’UNEF va plus loin et souhaite que l’État mette en place une allocation d’autonomie pour les étudiants. « Cela permettrait aux jeunes de sortir de la précarité étudiante, qui ne fait que s’accentuer depuis quelques années », explique Hania Hamidi, présidente de l’UNEF à Diplomeo. Une revendication qui a été reprise par le Nouveau Front populaire (NFP) dans son programme pour les élections législatives anticipées de 2024.
Simplifier les démarches des aides
Pour les syndicats étudiants et les associations, simplifier l’accès aux aides sociales et les rendre plus accessibles, c’est offrir aux étudiants la chance de respirer un peu. Par ailleurs, beaucoup d’étudiants ne savent pas qu’ils sont éligibles à certaines aides chaque année. C’est la raison pour laquelle plusieurs soutiens financiers restent peu utilisés, ce qui aggrave un peu plus leur situation de précarité.
Selon la FAGE, un quart des sondés du baromètre de la précarité étudiante ne touche pas d’Aides pour le logement (APL). Ainsi, le syndicat demande une revalorisation du montant des APL et l’augmentation de la part du montant dédiée au paiement des charges pour les étudiants. Ils réclament aussi la suppression du mois de carence des APL « pour prendre en compte le rythme spécifique aux étudiants et leur forte mobilité ».
Geler les loyers et les charges locatives des logements du CROUS
En septembre 2024, l’UNEF avait alerté sur la hausse de 3,5 % des loyers des résidences universitaires du Crous. Dans le même temps, la plupart de ces logements vont une connaître une nouvelle hausse à la rentrée 2025, de 3,26 % en moyenne dans toute la France.
Celle-ci est perçue comme une aggravation de la précarité étudiante, déjà jugée préoccupante. Face à l’augmentation des loyers et des charges, les organisations syndicales plaident pour un gel des loyers et des charges locatives visant à alléger le fardeau financier et à améliorer les conditions de vie estudiantines.
Par ailleurs, l’UNEF comme l’Union étudiante souhaite tirer un trait sur la Contribution de vie étudiante et de campus (CVEC). D’un montant de 103 euros à payer lors de chaque rentrée universitaire, ce dispositif est jugé coûteux. « Pour nous, la CVEC est un impôt social déguisé qui creuse un trou dans le budget des étudiants », étrille Clara Privé, trésorière de l’UNEF.
« Cette contribution doit être prise en charge par l’État et non pas par les étudiants ».
Développer les épiceries solidaires partout sur le territoire
Les épiceries solidaires peuvent jouer un rôle important dans la lutte contre la précarité étudiante. Elles donnent l’occasion aux jeunes d’accéder à des produits de qualité et acheter des produits alimentaires, d’hygiène et d’entretien à moindre coût. « C’est un droit auquel ils ont accès et de pouvoir bénéficier de ces dispositifs-là en fonction de leur revenu », explique Léna Leduc, chargée d’études à la Fédération Française des Banques Alimentaires à Diplomeo. Ces lieux, pensés comme accueillants et chaleureux, permettent aux étudiants de s’alimenter correctement sans que cela soit un obstacle à leurs études.
Grâce à des dispositifs d’épiceries solidaires comme Le Rayon, les étudiants trouvent non seulement une aide sur la durée, mais aussi un environnement bienveillant. Pour Léna Leduc, les épiceries solidaires constituent un véritable enjeu pour la communauté estudiantine. « Ces dispositifs sont un droit, et pourtant les étudiants ont parfois du mal à y avoir recours. Il faut donc les informer, notamment via les associations étudiantes, les services sociaux, les campus », confie-t-elle. La précarité n’est pas une fatalité, et avec les bons outils, « on peut vraiment accompagner les jeunes jusqu’au bout ».
Renforcer les aides pour la santé mentale
La précarité étudiante ne touche pas seulement le compte en banque, mais aussi le moral. La FAGE et l’UNEF ont exprimé leurs vives inquiétudes concernant la santé mentale des étudiants. L’UNEF a notamment souligné que la crise sanitaire et les conséquences de la précarité étudiante ont renforcé la détresse mentale des étudiants.
Si des initiatives comme Nightline France existent pour aider celles et ceux qui ont un coup de blues, la FAGE exige, sur le volet préventif, des politiques de santé mentale axées sur la pauvreté étudiante, et non uniquement sur des soins. Mieux vaut prévenir que guérir : améliorer les conditions de vie et de soins des étudiants, c’est éviter que stress et angoisse ne dictent leur quotidien.