Les étudiants devront débourser un peu plus pour se loger en résidence universitaire. Les différents conseils d’administration des Crous procèdent, en ce moment, à des votes pour une nouvelle hausse des loyers de 3,26 % pour la rentrée 2025.
Cette décision sonne définitivement le glas du gel des loyers au sein des résidences universitaires mis en place pendant la crise sanitaire en 2020 et qui a pris fin au 1er septembre 2024. Dans un communiqué, les Crous avaient justifié le dégel des loyers pour « assurer la maintenance des bâtiments, améliorer la qualité de vie en résidence et préserver le modèle économique ».
Toutefois, les oppositions sont vives face à cette évolution tarifaire. À l’échelle nationale, les organisations étudiantes sont vent debout contre les Crous et dénoncent « un passage en force ».
Crise du logement : des obstacles persistants pour les jeunes
À Paris et à Reims, la hausse des loyers actée
La semaine dernière, les Crous de Paris et de Champagne-Ardenne ont d’ores et déjà confirmé la majoration de 3,26 % des logements. À Reims et sa région, le loyer d’une résidence universitaire devrait augmenter de 15 euros par mois dès septembre 2025, selon Ici Champagne-Ardenne.
Une nouvelle qui irrite les organisations étudiantes. « Déjà l’an dernier, on avait eu cette augmentation de 15 euros, et ça a un impact fort sur les étudiants », déplore Virgile Moulins, président de la Fédération étudiante du Grand Est, auprès du média local. Ce dernier s’inquiète de cette décision face à la précarité étudiante qui risque, selon lui, d’empirer.
Dans la capitale, le conseil d’administration du Crous a également acté la hausse des loyers le 11 mars dernier qui s’établit à environ 12 euros mensuels. Le syndicat Révolution permanente parle d’un « scandale » qui « représentera en moyenne un surcoût de 100 euros par an pour les étudiants logés en Crous » à Paris.
Montpellier : le SCUM interrompt le conseil d’administration
Dans la région Occitanie, la hausse des loyers n’a pas été encore confirmée. Le 13 mars dernier, le conseil d’administration du Crous de Montpellier a été interrompu par les militants du Syndicat de Combat Universitaire de Montpellier (SCUM). L’organisation s’est rendue sur place munie de banderoles pour empêcher le vote d’aboutir.
Le SCUM dénonce les augmentations successives des charges locatives en 2023 puis du premier dégel des loyers à la rentrée 2024. « Les conditions de vie des étudiants se dégradent de plus en plus, sous l’effet conjugué de l’inflation, de la pénurie de logements à bas coût et de politiques gouvernementales et municipales de plus en plus violentes et anti-sociales », explique le syndicat, dans un communiqué.
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Par ailleurs, l’organisation locale affirme que le loyer est le premier poste de dépense du budget des étudiants et que la précarité reste très prégnante pour beaucoup d’entre eux. « La part du loyer représente près de 70 %, dans un contexte où les étudiantes et étudiants sont de plus en plus nombreux aux files d’attente pour les distributions alimentaires gratuites du SCUM », poursuit le syndicat local.
Le Conseil d’administration du Crous Montpellier-Occitanie a reporté la décision des hausses de loyer à une date ultérieure.
« Nous dénonçons le passage en force du Crous de Bordeaux-Aquitaine »
Dans le sud-ouest du territoire, les représentants locaux de l’UNEF ont rejeté le vote du Crous pour voter la hausse des loyers à la rentrée prochaine. L’organisation locale explique, dans un communiqué sur Instagram, que le budget 2024 du Crous régional a « fait des bénéfices de plus de 3 millions d’euros sur l’année ». Celle-ci ne comprend pas pourquoi la nécessité de faire évoluer les tarifs.
« Le Crous de Bordeaux insiste et engage un bras de fer avec les élus », déplore l’UNEF Bordeaux, en réponse à une décision du Crous local d’organiser un nouveau conseil d’administration le 25 mars prochain. « Nous dénonçons le passage en force du Crous de Bordeaux-Aquitaine qui fait preuve d’une volonté antidémocratique en outrepassant le refus des élus de l’augmentation des loyers », poursuit l’antenne bordelaise de l’UNEF.
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Orléans-Tours : la gauche et les syndicats locaux s’insurgent
Le Crous d’Orléans-Tours a voté, de son côté, des augmentations de loyer allant de 5 à 15 euros selon les logements universitaires. « Ce sont les étudiants qui initialement ont le moins de ressources qui vont devoir payer plus cher leur loyer », affirme un élu étudiant auprès d’Ici Centre-Val de Loire.
« Tout en sachant que les bourses ne sont pas indexées non plus sur l’inflation.Il y a un décalage entre les frais qui vont augmenter toujours plus alors que les aides, elles, elles augmentent, mais beaucoup moins rapidement », poursuit-il. L’élu local précise qu’il va discuter avec les collectivités territoriales de Tours Métropole et de la région Centre-Val de Loire pour que ces derniers puissent apporter des solutions adaptées aux étudiants.
Les élus écologistes et insoumis d’Orléans-Tours ont aussi fait part de leur indignation. Pour les conseillers régionaux de la France Insoumise (LFI), les « étudiants n’ont pas à payer le prix de l’austérité ». Ces derniers appellent à « mettre de l’argent public pour permettre aux jeunes d’étudier sereinement ».