1 étudiant sur 2 n’arrive pas à boucler ses fins de mois. C’est l’une des conclusions édifiantes de l’enquête que nous avons menée auprès de 676 étudiants âgés entre 16 et 25 ans, en automne 2024. À la question « arrives-tu à tenir ton budget chaque mois », ils sont 50% à répondre “rarement”, voire “jamais”. Seuls 22% des jeunes interrogés parviennent à maîtriser leurs dépenses tous les mois.
Avec un coût de la vie en hausse, des difficultés à jongler entre un job étudiant et les cours, les étudiants subissent une pression financière de plus en plus importante. Comment cela se matérialise-t-il ? Éléments de réponse.
Plus de 6 étudiants sur 10 jugent que leurs revenus sont insuffisants
À la question « considères-tu que tes revenus mensuels sont suffisants pour couvrir tes besoins ? », ils sont 62% à répondre par la négative. Les femmes semblent être plus touchées que les hommes. 64% déclarent être impactées, tandis que leurs homologues masculins sont 59% à estimer qu’ils ne touchent pas assez d’argent pour couvrir les frais du quotidien.
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Aujourd’hui, le loyer représente l’un des principaux postes de dépense. 45% des personnes interrogées affirment qu’elles dépensent entre 200€ et 500€ par mois pour leur logement. Elles sont même 26% à payer entre 500 et 700 euros mensuellement. Une sortie d’argent qui représente entre 40% et 80% du budget mensuel pour près de 1 étudiant sondé sur 2.
Conséquence : seulement 31% des étudiants parviennent à mettre de l’argent de côté chaque mois. Cette épargne est pourtant essentielle pour financer des imprévus ou des échanges académiques parfois obligatoires dans les cursus.
53% des étudiants sont accompagnés financièrement par leurs parents
Pour financer leurs études et les frais du quotidien, plusieurs options se posent aux étudiants : aides financières de l’État ou des parents, alternance, petit boulot… Toutefois, tous les jeunes ne peuvent bénéficier de ces soutiens pécuniaires. Parmi les boursiers interrogés, ils sont 80% à profiter d’une aide du CROUS. 12% touchent une aide de région.
En revanche, 53% des personnes interrogées jouissent d’un soutien financier de la part de leur famille. La majorité perçoit moins de 500 euros par mois par leurs proches :
- 22% touchent moins de 100 euros
- 32%, entre 100€ et 250€
- 20% entre 250€ et 500€
Pour pallier ces problématiques financières, 13% des sondés déclarent avoir souscrit à un prêt étudiant.
L’alternance : un moteur financier et professionnel pour de nombreux jeunes
L’argent n’est pas seulement un problème au quotidien, mais déjà dès l’orientation post-bac. 73% des personnes interrogées affirment que ce sujet a eu un impact sur leur poursuite d’études, tant au niveau du choix de la ville, que du type de formation. Quelques disparités sont toutefois à noter entre les femmes et les hommes :
Sur quel élément l'argent a-t-il eu un impact ? | Choix de l’école | Choix de la ville | Choix du type de formation (initial ou alternance) | Durée des études |
Moyenne | 40% | 38% | 35% | 32% |
Hommes | 38% | 32% | 36% | 33% |
Femmes | 42% | 44% | 34% | 30% |
Ainsi, certains optent pour l’alternance. Si ce dispositif a de nombreux atouts (acquisitions de compétences sur le terrain, gain en expérience professionnelle, exonération des frais de scolarité…), ils se dirigent aussi vers cette voie afin de percevoir un salaire chaque mois. Ils sont 57% à admettre avoir choisi ce dispositif afin de financer leurs frais de vie. 39% ont également fait le choix de l’alternance afin de financer leurs études.
Les hommes semblent davantage plébisciter ce type de formation. Ils sont 24% à avoir opté pour un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation. Leurs homologues féminines sont seulement 16% à avoir choisi ce type de cursus. Gagner en expérience reste toutefois une des raisons principales du choix de l’alternance. En effet, pour 80% d’entre eux, cette raison est au cœur de leur décision. Il faut dire qu’à la sortie des études, l’obtention d’un diplôme couplé à un ou deux ans d'expérience professionnelle sont des atouts indéniables sur le CV.
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Job étudiant : une activité incompatible avec les études pour 50% des sondés
17% des personnes interrogées ont fait le choix d’avoir un petit boulot à côté des cours. Cela permet de financer aussi bien ses frais de vie que ses études, surtout quand on vit loin de sa famille. Toutefois, le salaire n’est pas toujours à la hauteur des attentes. Il faut dire que le nombre d’heures effectuées, en plus des études, est en moyenne compris entre 10 et 20 heures par semaine, ce qui a forcément un impact sur la rémunération.
Parmi les sondés ayant un emploi à côté de leurs études, 57% avouent travailler plus de 15 heures de manière hebdomadaire. Par conséquent, ce job étudiant ne se limite pas seulement aux week-ends. 42% des étudiants que nous avons interrogés affirment travailler aussi bien le samedi et le dimanche que le reste de la semaine. Seulement 25% prennent leur service uniquement le week-end. Un élément qui n’est pas sans conséquences sur l’obtention du diplôme. Résultat, lorsqu’on leur demande s’ils sont capables de jongler entre formation et emploi, la moitié des sondés concède que leur job étudiant a un impact négatif sur leurs études.
Côté rémunération, 80% des étudiants déclarent toucher moins de 1 000 euros par mois. Un salaire bien insuffisant quand on sait que la plupart d’entre eux doivent payer un loyer compris entre 200 et 700 euros chaque mois.
L’argent source de stress pour 91% des étudiants
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Sans surprise, la pression financière représente une source d’anxiété importante pour la communauté estudiantine. À la question « Considères-tu que le sujet de l'argent est une source importante de stress ? », ils sont 52% à répondre « beaucoup ».
Au total, ce sont 91% des personnes interrogées qui affirment que cette thématique provoque une situation d’anxiété. Avec des dépenses qui sont plus importantes que les revenus, l’angoisse est forcément présente, surtout quand le compte est dans le rouge et qu’il faut choisir entre payer ses factures ou manger à sa faim.
Autre élément probant de notre enquête : l’éducation financière, un sujet sur lequel les Français sont plutôt mauvais. Parmi nos sondés, 61% jugent qu’il est plutôt difficile, voire très difficile de gérer son argent.
Malgré tout, les étudiants restent positifs vis-à-vis de leur situation et de leur avenir. Ils sont 77% à penser que leur situation financière est équivalente ou meilleure que celle de leurs parents à leur âge. Ils sont même 70% à être optimistes, dont 24% sont même très optimistes quant à leur avenir financier.