Savoir quoi faire après le lycée : une évidence pour certains, une longue traversée du désert pour d’autres. Afin de mieux comprendre comment les élèves du secondaire vivent cette étape cruciale de leur vie académique, nous les avons interrogés*. Pour Diplomeo, ils sont revenus sur la manière dont leur projet a grandi au fil de leur scolarité et tous les éléments qui ont pu influencer positivement – ou négativement – leur orientation.
Une orientation qui se construit au fil du lycée
En arrivant en seconde, à 15 ou 16 ans, il est difficile de savoir ce que l’on veut faire plus tard. D’après notre enquête, seulement 40% des lycéens avaient une idée de leur orientation post-bac en intégrant le lycée. Ils sont d’ailleurs 54% à affirmer que leurs choix ont beaucoup évolué entre la seconde et aujourd’hui. Pourtant, leur orientation se dessine déjà bien avant. En choisissant entre lycée général, technologique ou professionnel, ils se ferment ou s’ouvrent des portes sans même le savoir.
Sans surprise, en grandissant, les lycéens apprennent à développer ou entretenir un intérêt pour un secteur ou un sujet en particulier. Pour 64% des personnes interrogées, les passions ont guidé leur choix d’orientation. Ils sont également 26% à affirmer que les journées portes ouvertes (JPO) ont beaucoup joué dans la manière dont ils se projetaient après le bac. Ils sont 20% à admettre que les professeurs et les salons étudiants ont également été déterminants.
Lorsque leur décision a évolué, les conseils des proches et les immersions en entreprise leur ont souvent permis d’avoir un regard nouveau. D’après les élèves que nous avons interrogés, il semblerait que des recherches sur internet aient pu faire avancer leurs réflexions. Toutefois, l’humain, la rencontre et l'échange restent centraux dans la construction de leur avenir.
Orientation : comment les jeunes accèdent-ils à l’information ?
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Tandis que les sites des écoles et d’universités restent assez plébiscités pour se renseigner sur les formations qu’ils peuvent suivre après leurs études, la technologie demeure minoritaire dans la manière dont les jeunes forgent leur choix d’orientation. Le top 5 des outils ou techniques les plus utilisés est constitué de :
- Les sites d’écoles (68%)
- L’entourage familial et amical (40%)
- Les journées portes ouvertes (39%)
- Les témoignages d’anciens élèves (36%)
- Les médias spécialisés (29%)
💡 Le savais-tu ? Chez les filles, les sites d’écoles ont un poids plus important (75%), tandis que les garçons basent beaucoup leurs recherches sur les témoignages d’anciens et l’entourage (chaque source étant citée par 43% des personnes interrogées). |
Même s’ils n’arrivent pas en tête des outils ayant le plus d’importance dans la recherche d’informations, 78% des élèves affirment avoir consulté au moins une fois des médias spécialisés. La plupart du temps, ils utilisent ces plateformes pour trouver une formation, via un moteur de recherche dédié (70%), et pour consulter des articles (55%). Concernant les formats préférés des étudiants pour se renseigner sur leur orientation ou leur futur métier, les réseaux sociaux n’arrivent qu’en troisième position, derrière les articles et les vidéos.
Les plateformes comme Instagram ou TikTok ont d’ailleurs joué un rôle mineur dans la recherche d’information : seuls 39% des lycéens y ont eu recours. Ces derniers ont surtout consulté des comptes d’écoles (70%), d’étudiants (55%) et de médias (45%). Preuve que les relais institutionnels restent tout de même une source fiable pour les jeunes. Les recommandations de comptes d’influenceurs n’ont eu un impact que pour 8% des personnes interrogées.
Les salons étudiants restent toujours d’importants viviers d’information pour les étudiants. 61% des élèves affirment avoir assisté à un événement dédié à l’orientation en présentiel, en distanciel ou les deux. Ils sont également 68% à être allés à des JPO. Dans les deux cas, se rendre à ces événements physiquement semble être privilégié, toujours pour avoir ce fameux contact humain qui reste important. L’authenticité demandée aux étudiants lors des candidatures semble être également la clé pour les séduire.
Un accompagnement encore trop faible de la part des lycées
Si les étudiants peuvent compter sur internet, les lycées ont également un rôle à jouer en matière d’orientation. 61% des sondés affirment avoir été accompagnés par leur établissement sur le sujet. Toutefois, cela semble être assez nouveau, car seulement 32% des élèves de plus de 25 ans ont bénéficié de ces dispositifs contre 78% pour les sondés de 18 ans. Cependant, les lycées semblent se contenter des cours obligatoires dédiés à ce sujet. Les étudiants sont seulement 16% à admettre avoir pu bénéficier de rencontres avec des anciens et 24% affirment avoir eu des temps d’échanges avec des professionnels de l’orientation.
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Si les lycées ont tout de même le mérite de proposer un accompagnement en matière d’orientation, il semblerait que celui-ci ne soit pas des plus satisfaisants. Seuls 20% des élèves interrogés attribuent une note de 8 ou plus aux dispositifs proposés par leur établissement. Ils sont 24% à avoir donné la moyenne et 28% à avoir accordé une note inférieure ou égale à 3/10.
La famille semble être un relais d’information plus fiable aux yeux des étudiants. 61% des personnes interrogées considèrent qu’elle a eu un rôle important, voire très important dans leur choix. Une notion qui se retrouve aussi bien chez les garçons que chez les filles. En règle générale, la famille aide dans la recherche d’information (67%) et donne des conseils sur le sujet (65%). Les proches se positionnent donc plus comme des personnes de confiance qui peuvent conforter, ou non, le choix des étudiants.
Spécialisation, localisation et taux d’insertion : le trio gagnant de l’orientation
Nous nous sommes penchés sur les critères les plus importants pour les étudiants, lorsqu’ils choisissent une filière ou un établissement. En ce qui concerne le choix d’une école, les spécialisations proposées arrivent en tête. Elles sont très importantes pour 65% des personnes interrogées. Elles sont suivies de la localisation (63%) et du taux d’insertion (49%). Le reste du top 5 est constitué de la réputation (47%) et de la possibilité de se former via l’alternance (40%).
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Lorsqu’il s’agit de se renseigner sur une spécialisation en particulier, et d’y postuler, ce sont l’intérêt ou la passion pour le secteur qui prennent le dessus (74%). S’en suivent les débouchés métiers (72%) et la durée des études (30%).
📝 À noter : Des disparités existent entre les filles et les garçons. En matière de choix d’établissement, les lycéens font plus attention aux spécialisations (69%), à la localisation (65%) et à la réputation (49%). Les lycéennes accordent autant d’importance à la localisation géographique et aux filières proposées (61%) et insistent davantage sur le taux d’insertion (49%). Du côté du choix de la filière, les filles cherchent avant tout des formations dans un secteur spécifique qui les passionne (74%). Elles regardent également les débouchés métiers (69%) et la durée des études (31%). Les garçons, eux, sont plus attentifs aux débouchés (75%). L’intérêt pour le secteur est tout de même important (74%) tout comme le salaire de sortie (33%). |
Réputation et coût des études : au cœur des préoccupations des étudiants
Bien que la réputation d’un établissement soit le quatrième critère le plus scruté en matière d’orientation, les élèves sont sensibles à certains éléments bien particuliers. 48% des personnes interrogées admettent que les interviews d’anciens ou étudiants actuels ont beaucoup influencé leur décision. Les avis ont eu un poids important pour 30% des étudiants, tandis que les classements sont consultés par 28% des sondés. Là encore, le concret, l’authenticité et l’humain semblent être déterminants.
Si la réputation peut avoir son importance, faut-il être une école exemplaire pour attirer des étudiants ? Pas forcément. 66% des sondés reconnaissent ne jamais avoir refusé d’intégrer un établissement car celui-ci ne correspondait pas à leurs valeurs. Un chiffre à nuancer, car 80% des étudiants pensent que les engagements d’une école ont un impact sur la qualité des enseignements et des opportunités professionnelles.
Mais ce ne sont pas les seuls éléments importants pour les étudiants. Avec un coût de la rentrée en hausse de 2,26%, les bacheliers ont été davantage attentifs aux frais qu’il faut débourser pour se former. En effet, le tarif des études a été un facteur déterminant pour 56% des élèves interrogés. Un score qui est sensiblement le même chez les femmes et les hommes.
Ces frais se matérialisent aussi par la question du logement. S’éloigner de sa famille pour ses études, c’est payer un loyer ou des frais de vie. Toutefois, 52% des étudiants considèrent que la perspective de vivre loin de leurs proches n’a pas eu d’impact dans leur choix d’orientation. Ils sont d’ailleurs 17% à avoir voulu profiter de l’entrée dans le supérieur pour prendre leur indépendance.
Les élèves sont-ils mieux accompagnés dans leur orientation aujourd’hui ?
En 2024, il semblerait que les bacheliers soient moins perdus dans leur orientation qu’auparavant. Ils s’accordent même plus de libertés et semblent suivre plus facilement leur passion que leurs aînés. Les élèves de 18 ans sont 69% à accorder beaucoup d’importance à ce critère, contre 59% chez les plus de 25 ans. Ils sont également plus nombreux à profiter d’un soutien de la part de leurs proches ou de leur lycée.
Avec la multiplication des comptes sur les réseaux sociaux et des sites spécialisés, il n’a jamais été aussi facile de trouver l’information qu’ils souhaitent. Encore faut-il savoir où chercher. En effet, ils sont 40% à admettre qu’il était plutôt difficile de récolter des éléments sur la formation de leurs rêves. Parmi les reproches qui sont faits au système actuel, un « manque d’informations liées aux formations en alternance ». Un autre étudiant regrette de ne pas avoir eu « plus d'écoute, de dialogue et plus de temps pour faire un choix. 15 ans, c'est tôt pour savoir ce que l'on voudrait faire pendant toute une vie. »
Le manque de transparence et d’informations : un sujet que devait régler Parcoursup mais qui fait aujourd’hui partie des principales critiques envers la plateforme. Va-t-elle corriger ses biais à l’avenir ? Sera-t-elle remplacée par un nouvel outil plus performant ? Pour l’heure, son avenir semble être inconnu et, avec lui, celui de milliers de lycéens qui devront trouver la formation de leurs rêves au printemps 2025.
*Cette enquête a été menée au mois de juillet 2024 et a réuni 1 094 répondants entre 16 et 25 ans