Parcoursup : pourquoi la plateforme subit-elle autant de critiques ?

Beaucoup s’attaquent à la plateforme d’orientation post-bac Parcoursup, à tel point que le projet de suppression de ce site était au cœur du programme du Nouveau Front populaire lors des législatives 2024. Mais que lui reproche-t-on exactement ? Diplomeo s’est penché sur la question.
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© YURII MASLAK / Adobe Stock

Parcoursup est la digne héritière d’APB (Admission Post-Bac). Née en 2018, elle avait l’ambition de régler les problèmes de son prédécesseur : manque de visibilité sur le processus de sélection, système basé sur du tirage au sort… Emmanuel Macron avait annoncé, lors de la campagne présidentielle de 2017, vouloir s’attaquer à ce sujet.

Nous voilà six ans plus tard, en 2024. Alors que plus de 600 000 lycéens ont confirmé un vœu sur Parcoursup, le site fait l’objet d’autant de critiques que son ancêtre. Du côté du Nouveau Front populaire (NFP), on a même fait de son abrogation l’une de ses promesses de campagne durant les élections législatives. Mais pourquoi la plateforme est-elle si critiquée ? Éléments de réponse.

Une procédure trop opaque ?

Alors que Parcoursup promettait d’apporter plus de clarté sur le processus d’admission, la plateforme aurait, semble-t-il, repris les travers d’APB. Aujourd’hui, les critères déterminants dans les dossiers de candidature sont clairement indiqués sur les pages formation, ainsi que les qualités à avoir et la répartition des admis en fonction de leur diplôme de provenance. Toutefois, certains dénoncent encore un système de sélection peu clair.

Il suffit de faire un tour rapide sur TikTok ou sur X autour du mot-clé « Parcoursup » pour se rendre compte que certains candidats dotés d’excellentes moyennes ne comprennent pas le refus de filières non ou peu sélectives.

Un rapport du Sénat a dénoncé, en juin 2023, une procédure trop opaque. Si l’institution accorde à la plateforme une amélioration généralisée, elle dénonce :

  • « Une angoisse croissante » et « une érosion du sentiment de clarté, de fiabilité, de transparence, de justice, de rapidité » chez les candidats.
  • Des « lacunes » et une « hétérogénéité de l’information délivrée », affirmant qu’il manque encore « des éléments importants pour éclairer le choix d’orientation des lycéens sur chaque formation »
  • Une procédure trop longue
  • « Le caractère encore trop opaque des modalités de classement utilisées par les commissions d’examen des vœux, qui sont à la discrétion de chaque formation »
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@brutofficiel#Parcoursup : À 12 ans, Adam décroche son #bac avec mention, mais tous ses vœux sont rejetés. #lycee#baccalauréat♬ son original - Brut.

En se penchant sur les différents types d’établissements, le Sénat a observé de grandes disparités dans le processus de sélection. Si les universités utilisent un algorithme de pré-classement obscur, les classes préparatoires misent davantage sur l’humain. L’institution évoquera toutefois un besoin de transparence, qualifiée de « matrice de la confiance dans le dispositif, donc de sa réussite ». Contrairement aux idées reçues, une sélection s’opère bien à l’université. La loi ORE de 2018 dispose que les établissements n’ayant pas la capacité d’accueillir tous les candidats les sélectionnent en fonction de leur projet professionnel.

Concernant la procédure trop longue, il a été identifié que le calendrier – raccourci cette année – provoque énormément de stress du côté des candidats. Le délai d’attente entre la formulation des vœux et les résultats est relativement difficile à supporter pour certains lycéens. À cela, il faut également rajouter que les propositions d’admissions tombent dans les jours qui précèdent les épreuves du bac, de quoi démoraliser ceux qui n’ont pas eu la réponse qu’ils attendaient.

Parcoursup : une fabrique à élite ?

L’autre grande critique à l’encontre de la plateforme d’orientation est son processus de sélection qui renforce les discriminations sociales. En misant davantage sur les résultats scolaires, les étudiants moins bons, souvent situés dans des réseaux d’éducation prioritaires, voient leur chance d’intégrer une bonne université s’amenuiser.

Pour l’Unef, Parcoursup est une « fabrique à élite », même dans les formations non sélectives, aka l’université, puisque celle-ci pré-classe toutes les candidatures à travers un algorithme tenu secret. Le rapport du Sénat indique par ailleurs que la plateforme d’orientation ne prend pas assez en compte certaines catégories de candidats comme les boursiers ou les élèves en reprise d’études. « Ils n’ont en effet modifié que de façon modeste la part des boursiers admis dans ces formations par rapport à la situation qui aurait prévalu en l’absence de quotas », précise le Sénat, après la mise en place de quotas pour inciter les établissements à accepter davantage d’étudiants défavorisés.

Cette problématique d’équité face à l’orientation via Parcoursup est forcément corrélée à l’opacité des processus de sélection. Un élément qui a été mis en lumière en janvier dernier par l’affaire Stanislas. On reprochait alors à l’établissement de favoriser ses propres élèves pour l’accession en prépa. De son côté, le directeur du lycée et de la prépa Louis-Le-Grand avouait au journal Le Monde qu’une candidate pouvait être favorisée au profit d’un homologue masculin. Une déclaration qui permet donc de penser que les éléments du dossier accessibles permettent des petits arrangements secrets par les responsables d’admission.

Une sélection inéquitable des bacheliers selon la filière

Face à une procédure opaque, couplée à un processus d’admission qui peut défavoriser certains candidats, les étudiants se retrouvent parfois dans des filières qui ne leur correspondaient pas. Interrogée par FranceInfo en 2023, une étudiante indiquait : « J’ai des amis qui étaient dans d’autres filières et qui ont dû prendre des BTS qui ne les intéressaient pas, parce qu’ils n’avaient pas eu ce qu’ils voulaient. »

Par manque de place et par des effets d’algorithmes peu clairs, les candidats se retrouvent dans des cursus qu’ils n’apprécient pas forcément. Conséquence : certains quittent leur cursus en milieu d’année. Le groupe parlementaire de La France Insoumise avait d’ailleurs dénoncé ce phénomène dans une proposition de loi qui visait à retirer les formations du social de Parcoursup. Ils constataient le taux important d’abandons en première année. En réalité, ce phénomène se produit dans toutes les formations. Près d’un tiers des étudiants en licence désertent les bancs de la fac avant la fin de la première année.

Cette répartition inéquitable trouve également son origine dans la manière dont sont mises en avant les formations sur Parcoursup. LFI constatait d’ailleurs une baisse de 79% du nombre de vœux pour le Diplôme d’État d’éducateur spécialisé. Manque d’intérêt pour le secteur ou méconnaissance de ces formations ? Difficile de le savoir, mais les résultats sont là : certaines filières ou établissements se retrouvent avec moins d’étudiants qu’avec APB.

Parcoursup : tout est-il à jeter ?

Quelques semaines après les élections législatives, la question peut se poser. Pour autant, tout n’est pas à jeter sur la plateforme d’orientation. Elle aura permis d’uniformiser et de faciliterl’inscriptiondans le supérieur via une procédure unique pour tous les établissements. Un système qu’elle reprend toutefois de son prédécesseur. Elle permet également de faire le tri entre les formations reconnues dont le diplôme a une vraie valeur pour la poursuite d’études et l’insertion professionnelle, et les autres écoles.

Elle aura tout de même introduit plus de transparence sur les critères scrutés par les formations lors des admissions. Mais il manque toujours cette patte humaine qui fait que Mon Master, plateforme d’orientation post-licence, reste moins critiquée par les candidats. Pour l’heure, personne ne sait vraiment à quoi ressemblera le Parcoursup 2025.

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