Une polémique qui n’est pas prête de s’estomper. Selon une enquête de Mediapart, plusieurs élèves de l’établissement privé Stanislas, situé dans le 6e arrondissement de Paris, auraient dérogé aux règles de Parcoursup avec « la garantie d’être admis », avant même le début de la procédure.
Le fils aîné d’Amélie Oudéa-Castéra, nouvelle ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et paralympiques, figure parmi les 38 étudiants concernés par ce « contournement », afin d’intégrer une classe préparatoire aux grandes écoles (CPGE) au sein de l’établissement.
Le ministère de l’Enseignement supérieur ne l’entend pas de cette oreille
Selon les informations de Mediapart, le fils de la ministre de l’Éducation nationale aurait reçu « un avis très favorable de Stanislas » après « le conseil de classe du deuxième trimestre » de terminale. Pour rappel, au lycée, ce conseil de classe se tient avant la date limite du dépôt des candidatures sur la plateforme d’admission.
En outre, le rapport précise que « certains élèves sont incités à renoncer à leurs autres vœux dans Parcoursup », en contrepartie d’avoir la « garantie d’être admis » en classe prépa à Stanislas. « Au printemps dernier, sur les 41 lycéen·nes en France qui ont pris le risque étonnant de formuler un vœu unique pour une prépa du lycée qu’ils et elles fréquentaient déjà, 38 étaient en terminale à “Stan” », révèle également Mediapart, qui souligne une « pratique isolée ».
Face à ce « contournement », le ministère de l’Enseignement supérieur a réagi dans un courrier envoyé à l’établissement. La directrice générale de l’enseignement supérieur aurait répondu au directeur de l’établissement privé parisien, expliquant qu’il est obligatoire de respecter la procédure Parcoursup.
Cette dernière aurait notamment précisé le « respect des principes de Liberté d’expression des vœux émis et de choix des propositions d’admission » ainsi que « non-discrimination, d’égalité de traitement, d’équité et de transparence ». Par ailleurs, le ministère demande à l’établissement « de bien vouloir confirmer que toutes les dispositions sont prises en ce sens pour la session 2024 [de Parcoursup] qui s’ouvre ».
« Personne n’est lésé » selon le directeur de l’école Stanislas
Le directeur de l’école privée Stanislas, Frédéric Gautier, s’est défendu ce dimanche 21 janvier sur le plateau de BFMTV, alors que son établissement attire toute l’attention ces derniers jours.
Il conteste « toute volonté de dissimulation ». Selon lui, plusieurs élèves de terminale de l’école souhaitent rester étudier dans le cadre d’une classe préparatoire. Ces mêmes étudiants décident « eux-mêmes » et « on leur donne un avis favorable », en fonction de leur dossier.
« Il n’y a pas de délit d’initié » : le directeur de l’école privée catholique Stanislas réfute les accusations de contournement de Parcoursup pic.twitter.com/zWm4zpLVWO
— BFMTV (@BFMTV) January 21, 2024
Puis, selon Frédéric Gautier, 350 élèves étudient en première année de CPGE. « Il y a largement de la place pour tous les autres élèves qui veulent postuler, donc il n’y a pas de délit d’initié ».
« Personne n’est lésé », a-t-il affirmé, avant d’ajouter : « s’il faut faire autrement, nous ferons autrement, mais nous n’avons pas le sentiment de léser les élèves qui viennent de l’extérieur ni de tromper nos propres élèves ».
Néanmoins, selon les données data de Parcoursup, l'établissement Stanislas propose plusieurs classes préparatoires scientifiques, littéraires et économiques. Au total de toutes les prépas, 359 places sont ouvertes sur Parcoursup, et 1169 candidats avaient reçu une proposition de l'école sur la plateforme.
Cette affaire révélée par Mediapart ajoute du grain à moudre dans la polémique qui touche Amélie Oudéa-Castéra depuis sa prise de poste à l’Éducation nationale le 11 janvier dernier. Tandis que sa nomination n’a pas fait l’unanimité au sein de la communauté éducative sur sa double fonction, elle a été, par la suite, accusée d’avoir menti sur la scolarisation de ses enfants à « Stan ». Une annonce qui fait encore couler beaucoup d’encre aujourd’hui dans l’opinion publique.