Arrivée dans le ministère en 2022 pour occuper le poste de ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, Amélie Oudéa-Castéra attaque désormais plusieurs fronts dans le gouvernement de Gabriel Attal. L’ancienne jeune prodige du tennis s’est vue confier à la fois le ministère des Sports, mais aussi celui de l’Éducation nationale.
Mais sa nomination ne fait pas l’unanimité. Alors abandonnés par le nouveau Premier ministre Gabriel Attal au bout de cinq mois seulement, les syndicats enseignants sont en colère, mais surtout très inquiets.
L’éducation mise au second plan
L’annonce d’une ministre pour deux ministères aussi importants engendre un sentiment de mépris chez le personnel de l’éducation. “On a accueilli cette nouvelle avec beaucoup de colère, parce qu’on a l’impression que l’Éducation nationale est diluée dans ce grand ministère”, déplore Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU, sur le plateau de Télématin sur France 2 ce vendredi 12 janvier.
“L’Éducation nationale traverse une crise très importante, on manque encore de professeurs, les classes sont surchargées”, déclare-t-elle pendant l’émission. Un élément de frustration pour les enseignants, qui ont l’impression de ne pas accomplir leur mission qu’est de faire réussir les élèves : “Nos conditions de travail sont très difficiles et c’est terrible quand on est enseignant de se dire qu’il y a des élèves qui passent à travers les mailles du filet, parce qu’on a pas les moyens de les faire réussir.”
Une déception également notable chez d’autres syndicats d’enseignants, comme le SNUipp-FSU (syndicat des enseignants du premier degré français), qui se sentent délaissés par leur ancien ministre, pourtant décidé à transformer l’Éducation nationale.
Pendant son discours lors de la passation des pouvoirs au ministère, Amélie Oudéa-Castéra a tout de même tenu à préciser qu’elle est au fait des préoccupations du personnel enseignant et qu’elle est prête à agir« pour sortir des difficultés et redonner à notre école toute la confiance et l’élan qu’elle mérite. »
#remaniement Amélie Oudéa-Castéra ministre de l’Éducation Nationale, de la Jeunesse, des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques #çaFaitBeaucoup#Meprispic.twitter.com/ocLUmxGqEI
— FSU-SNUipp (@FSU_SNUipp) January 11, 2024
Une nouvelle controversée à six mois des JO
Amélie Oudéa-Castéra s’attelle aujourd’hui à deux missions : la préparation des Jeux olympiques et paralympiques, qui se déroulent dans six mois à Paris, et la gestion de tous les dossiers de l’Éducation nationale. Un rôle qui semble difficile à endosser : “On se demande comment la ministre, avec toutes les qualités qu’elle peut avoir, va gérer deux fronts”, questionne Sophie Vénétitay sur Télématin. “Être une ministre à mi-temps ne correspond pas aux enjeux de l’Éducation nationale”, ajoute-t-elle. La secrétaire générale du syndicat avance encore lors d’une édition spéciale à franceinfo : “Il faut être très clair, Amélie Oudéa-Castéra ne pourra pas gérer à la fois les Jeux olympiques, la jeunesse, les sports et l’Éducation nationale.”
Toujours selon la secrétaire générale du SNES-FSU, le fait que la nouvelle ministre se penche sur les JOP pendant les prochains mois peut certes permettre de “ralentir le rythme”, mais “il y a des urgences”. Sophie Vénétitay rappelle qu’il y a quelques semaines encore certaines classes n’avaient pas de professeurs dans plusieurs disciplines. “Dans un établissement de l’académie de Grenoble, des élèves n’avaient pas eu cours de français ou d’histoire et géographie depuis le début de l’année”, précise-t-elle.
Une des missions principales à l’heure actuelle serait, d’après la secrétaire du SNES-FSU, de trouver une façon de rendre le métier attractif et d’améliorer les conditions de travail des enseignants. Pour arriver à ses fins et soutenir l’éducation qu’il estime “en danger”, le syndicat, avec FO, la CGT et SUD éducation, appelle à une mobilisation le jeudi 1er février 2024.
L'éducation traverse une crise importante, il nous faut des réponses immédiates :
👉augmentation des salaires
👉amélioration des conditions de travail, diminution des effectifs dans les classes.
Toutes et tous mobilisé-es le 1er février !https://t.co/OZrWJ6YGVb#greve1erfévrierpic.twitter.com/Jpc62evQIS
— SNES-FSU (@SNESFSU) January 12, 2024