Après avoir hérité d'un "super-ministère", Amélie Oudéa-Castéra ne s'occupera plus de l'Éducation nationale, au profit des Sports. Cette nomination de janvier avait suscité l’inquiétude du SNES-FSU, syndicat des professeurs du second degré. Il faut dire que la diplômée de Sciences Po, de l’ESSEC et de l’ENA affiche une solide expérience en matière de sport avec un parcours moins axé autour de l’éducation.
Remaniement : la double fonction d’Amélie Oudéa-Castéra inquiète les syndicats d’enseignants
Le parcours d’Amélie Oudéa-Castéra est majoritairement marqué par le tennis. En 1992, à l’âge de 14 ans, elle remporte le tournoi de l’Orange Bowl. Elle remporte également plusieurs titres de championne de France junior et s’impose même comme finaliste de la Fed Cup Junior au milieu des années 90.
Où s’est formée Amélie Oudéa-Castéra, ancienne ministre de l’Éducation nationale et des Sports ?
Amélie Oudéa-Castéra est née à Paris en 1978. Elle a suivi ses études au lycée Victor-Duruy avant de poursuivre au lycée Jean-de-La-Fontaine, dans le XVIe arrondissement. Sa formation se poursuit dans le supérieur avec l’obtention d’un master en sciences politiques et gouvernement de Sciences Po. Une fois son diplôme en poche, en 1999, elle opte pour une maîtrise de droit au sein de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ainsi qu’un MBA obtenu à l’ESSEC en 2001.
Forte de son parcours dans le droit, les sciences politiques et son appétence pour la fonction publique, Amélie Oudéa-Castéra poursuit son parcours à l’ENA. Elle intègre la prestigieuse École nationale d’administration en 2002 et fait partie de la promotion Léopold-Sédar-Senghor. Parmi les élèves célèbres de cette promo, on retrouve Emmanuel Macron, Gaspard Gantzer, Boris Vallaud ou Mathias Vicherat, directeur actuel de Sciences Po qui s’est temporairement retiré suite aux récentes polémiques.
Un parcours professionnel sous le signe du sport
Après son passage à l’ENA, Amélie Oudéa-Castéra intègre la Cour des comptes avec un certain Julien Aubert, actuel vice-président des Républicains. Elle y restera 4 ans en tant qu’auditrice de 2e classe, puis de 1re classe en finance et comptabilité. Elle sera cependant radiée du corps des magistrats de la Cour des comptes, à sa demande, en 2018.
En 2008, elle intègre le groupe AXA, sa plus longue expérience professionnelle puisqu’elle y restera une dizaine d’années. Elle occupera tantôt le poste d’assistante du directeur adjoint ou de directrice marketing et digital. En 2018, elle intègre Carrefour pour trois ans en tant que directrice client, digital et marketing. Elle va alors piloter toute la partie e-commerce, data, transformation numérique, marketing, informatique et les nouvelles opportunités business.
Si, en parallèle de ces expériences, elle s’investit dans le Centre national pour le développement du sport et dans l’association “Sport dans la ville”, l'ancienne ministre de l’Éducation nationale et des Sports donne un virage sportif à son parcours en 2018. En effet, c’est cette année-là qu’elle deviendra présidente de l’association « Rénovons le sport français ». L’objectif initial était de repenser la gouvernance du sport en France. Cependant, il semblerait que cette association ne soit plus active depuis plusieurs mois.
En 2021, quelques mois avant de devenir ministre des Sports, des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra intègre la FFT, la Fédération Française de Tennis, en tant que directrice générale. Elle n’y restera qu’un an, puisqu’elle est nommée au sein du gouvernement Borne, à la suite de la réélection d’Emmanuel Macron à la tête de l’État.
Amélie Oudéa-Castéra : une nomination liée à sa famille ?
Beaucoup suggèrent qu’Amélie Oudéa-Castéra est arrivée à ce poste grâce à sa famille. En effet, elle est la fille de Richard Castéra, directeur du célèbre groupe de communication Publicis et haut-fonctionnaire, et de Dominique Duhamel, membre de la formation restreinte de la CNIL et titulaire de la Légion d’honneur au grade de chevalier.
Par ailleurs, sa famille est également réputée dans le monde médiatique. Elle est la nièce de plusieurs journalistes politiques : Alain Duhamel, Patrice Duhamel ou encore Nathalie Saint-Cricq. Par ailleurs, Amélie Oudéa-Castéra est mariée à Frédéric Oudéa, PDG de SG entre 2008 et 2023 et aujourd’hui président de Sanofi.
Pour autant, aucun lien apparent entre l’entourage de la ministre des Sports et son parcours politique n’a été relevé. Elle a toutefois de forts liens avec Emmanuel Macron depuis plusieurs années puisqu’ils sont diplômés de la même promotion de l’ENA. Pour autant, il est prouvé que les étudiants issus de familles aisées sont davantage poussés à se former dans le supérieur. Son environnement familial a ainsi pu l’inciter ou lui faciliter la poursuite d’études pour intégrer l’École nationale d’administration, un tremplin incontournable pour évoluer dans la sphère politique.
Quels chantiers pour Amélie Oudéa-Castéra en tant que ministre de l’Éducation nationale et des Sports ?
Désormais membre d’une toute nouvelle équipe gouvernementale, elle doit toujours porter le projet des Jeux olympiques et paralympiques qui se dérouleront en 2024 à Paris et potentiellement accompagner le projet de JO d’hiver en 2030. En marge de ces chantiers, elle devait réaliser une passation solide avec Gabriel Attal qui a évoqué porter avec lui le projet de l’école en tant que Premier ministre. Toutefois, certains enseignants ont déjà montré leur vive inquiétude quant à la capacité de ce « super ministère » à gérer d’aussi grands chantiers pour les années à venir.
À sa passation, Amélie Oudéa-Castéra avait évoqué vouloir travailler sur les sujets abordés par son prédécesseur au ministère de l’Éducation nationale : le harcèlement, la laïcité, le niveau de mathématiques et de français des élèves… Autant de thématiques qui nécessitaient d’avancer avec la confiance des professeurs, qu'elle n'a plus eu au bout de seulement quelques jours.
Son discours de passation avec le Premier ministre, Gabriel Attal, avait dévoilé quelques projets pour Amélie Oudéa-Castéra, notamment le bien-être et la santé des élèves, mais aussi la grande cause du harcèlement qui a marqué l'actualité ces derniers mois. "Pour sortir des difficultés et redonner à notre école toute la confiance et l'élan qu'elle mérite, nous devons agir vite avec le sens partagé des urgences et des priorités", indique-t-elle.
Pour ce qui est de la confiance des professeurs et enseignants, Amélie Oudéa-Castéra indiquait qu'elle souhaitait poursuivre les chantiers de Gabriel Attal via trois piliers : mettre en place un environnement d'enseignement apaisé pour les professeurs, régénérer le métier d'enseignant via la formation et la laïcité pour une école des valeurs républicaines. Mais l'histoire fera qu'elle n'obtiendra jamais leur confiance.
Amélie Oudéa-Castéra et le déclassement du remaniement
Après plusieurs mois et de nombreuses polémiques autour des propos d'Amélie Oudéa-Castéra sur l'école publique, puis les conflits d'intérêts autour de Stanislas, la ministre des Jeux olympiques, paralympiques et des Sports a vécu ce que beaucoup d'observateurs ont appelé un "déclassement". Elle qui devait porter un projet dans la continuité de ce qui avait été lancé par Gabriel Attal ne sera restée que 28 jours à la tête du ministère de l'Éducation nationale.
En 28 jours, Amélie Oudéa-Castéra aura enchaîné les bévues et ses débuts à la tête de ce ministère pourraient être à l'origine de son "déclassement". Pour autant, l'importance du périmètre d'activité du ministère de l'Éducation nationale nécessitait la nomination d'un ministre à part entière. C'est désormais chose faite avec l'arrivée de Nicole Belloubet, ancienne ministre de la Justice, professeure d'université et rectrice, ce vendredi 9 février.