Qui dit nouvelle coalition, dit nouveau programme. Suite à la décision du président de la République, Emmanuel Macron, de dissoudre l’Assemblée nationale, les partis de gauche — le Parti socialiste, les Écologistes (ex-EELV), la France insoumise et le Parti communiste français — ont annoncé la création d’un nouvel accord électoral, en vue des élections législatives anticipées : le Nouveau Front populaire.
L’objectif de cette coalition est de contrer une éventuelle arrivée au pouvoir du Rassemblement national, tout en proposant une alternative à la politique du chef de l’État. Pour rappel, le parti d’extrême droite est arrivé en tête aux élections européennes, en réalisant un score historique (31,5 %).
Dans le sillage de l’annonce de la Nupes 2.0, les partis de gauche se sont mis d’accord sur un programme « de rupture avec la politique » du président de la République. Parmi les mesures proposées pour l’enseignement supérieur : la fin du dispositif Parcoursup.
Supprimer Parcoursup pour « mettre fin à la sélection à l’université »
C’est l’une des mesures phares du Front populaire pour l’éducation et l’enseignement supérieur : abroger la plateforme d’accès aux études supérieures, Parcoursup. Un dispositif qu’ils souhaitent supprimer pour « démocratiser l’université » et mettre fin à la « sélection » dans les établissements publics.
Depuis sa création, l’outil Parcoursup est souvent décrié par les partis de gauche, mais aussi par les syndicats étudiants. L’Union étudiante, proche des idées politiques du Front populaire, n’y va pas de main morte avec la plateforme. « Parcoursup se révèle être une implacable machine à sélectionner, laissant sans solution d’inscription des milliers de jeunes », juge le syndicat, dans un communiqué.
Ainsi, l’Union étudiante se mobilise « contre Parcoursup et la sélection à marche forcée ». Le syndicat va dans le même sens que la coalition de gauche et plaide en faveur de « l’abolition de toute forme de sélection à l’université et l’abandon de Parcoursup ». Chaque bachelier doit pouvoir étudier dans la filière de son choix ».
De son côté, la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, a réagi face à l’annonce du programme des partis de gauche, notamment sur X. En réponse à une interview de Fabien Roussel, le président du PCF, la ministre monte au créneau : « Expliquez-nous donc, par quoi voulez-vous remplacer l’analyse des candidatures par les enseignants : les files d’attente ? Le tirage au sort ? Les envois par La Poste ? »
Démagogie : n.f. Action de flatter les aspirations à la facilité pour accroître sa popularité.@fabienroussel expliquez-nous donc, par quoi voulez-vous remplacer l’analyse des candidatures par les enseignants : les files d’attentes ? le tirage au sort ? les envois par La Poste ? https://t.co/52YBz0PWfx
– Sylvie Retailleau (@sretailleau) June 14, 2024
Un dispositif critiqué à gauche depuis quelque temps
Si le Front populaire martèle son souhait de supprimer la plateforme, aucun détail n'a été révélé dans le programme à ce sujet pour l'instant. Le Front populaire souhaite-t-il remplacer Parcoursup par un autre dispositif ? Comment aider, au mieux, les dizaines de milliers de candidats qui s’inscrivent chaque année sur la plateforme ?
Néanmoins, il faut savoir que le souhait d’abroger Parcoursup ne date pas d’aujourd’hui. Lors des élections présidentielles de 2022, tous les partis de gauche étaient d’accord sur ce point. La question de Parcoursup était sur toutes les lèvres et représentait un argument de campagne pour Fabien Roussel (PCF), mais aussi Jean-Luc Mélenchon (LFI), Anne Hidalgo (PS) et Yannick Jadot (LÉ, ex-EELV).
Quand le chef de file de LFI parlait de Parcoursup comme une « ignominie », la maire de Paris expliquait que la plateforme était « opaque » et responsable « de la pénurie de place » dans le supérieur. Anne Hidalgo voulait remplacer le dispositif par un système « dans lequel il y aurait de l’humain et de l’accompagnement ».
Reste à savoir si la question de Parcoursup retrouvera le même écho dans le débat public lors de cette campagne des législatives anticipées. Au-delà de ce sujet, le nouveau Front populaire a mis au cœur de son programme plusieurs mesures pour l’enseignement supérieur comme la généralisation du repas à 1 euro pour tous au CROUS ou la mise en place d’une garantie d’autonomie pour les majeurs qui se situent sous le seuil de pauvreté.