C’est la roulette russe. Depuis quelques jours, les lycéens et les étudiants en réorientation reçoivent leurs propositions d’affectation dans une formation post-bac. La phase principale d’admission de Parcoursup est engagée et sonne le glas de longs mois d’attente.
Accepté, en attente ou refusé : telle est la question. Depuis le 30 mai dernier, les réponses des établissements laissent parfois un goût amer à certains élèves. Désillusion face à l’attente d’un vœu favorable ou satisfaction de pouvoir s’inscrire dans le cursus de ses rêves : l’émotion est au rendez-vous.
« Je ne pensais pas que ce serait aussi violent »
À l’annonce des résultats, certains candidats ont déchanté. Abdallah, lycéen en terminale générale dans les Hauts-de-Seine, n’a reçu, à ce jour, aucune réponse positive. « Je suis très déçu, je ne pensais pas que ce serait aussi violent », affirme-t-il, dans l’incompréhension la plus totale.
Ce dernier a opté pour les enseignements de spécialité numériques et sciences informatiques (NSI) et a émis des vœux dans plusieurs licences et BUT dans le domaine de l’informatique en Île-de-France. « Je pense que l’on ne m’a pas pris en BUT, car je suis en filière générale et qu’ils acceptent en priorité les élèves issus de la voie technologique », veut croire le jeune homme.
Anti, 18 ans, en terminale générale spé maths et cinéma audiovisuel dans l’académie de Metz-Nancy a subi le même sort. « J’ai demandé des BTS Audiovisuel, des prépas en cinéma ainsi que des mises à niveau cinéma et audiovisuel (MANCAV) », explique-t-il, avant d’ajouter : « Pour l’instant, je suis en attente de la moitié de mes vœux et l’autre moitié a été refusée ». Des premiers jours souvent stressants, et c’est bien normal. Nombreux sont ceux qui n’ont pas trouvé de formation, car les réponses arrivent au fur et à mesure, et il est encore possible de trouver son bonheur tout au long de la phase principale d’admission.
Le lycéen précise qu’il s’y attendait, car il a demandé des formations assez sélectives. « Mes résultats ne sont pas exceptionnels, je tourne autour de 14 de moyenne ». Pour lui, la plateforme n’est pas injuste, comme l’on entend souvent dans la bouche des lycéens, notamment sur les réseaux sociaux. Cependant, il trouve que « cesystème est particulièrement sadique et stressant ».
Ne s’estimant pas vaincu pour autant, ce dernier admet se connecter 4 à 6 fois par jour, pour suivre sa position sur les listes d’attente et espérer obtenir une place rapidement. Il se tient également informé via son adresse mail, où il est notifié à chaque évolution de son dossier.
Pour les candidats réorientés, la déception est de mise
Les résultats de Parcoursup ne font pas que des heureux chez les lycéens, et c’est aussi le cas pour les candidats en réorientation. À 20 ans, Léa s’est réinscrite sur la plateforme après une première tentative en 2021. Originaire de Lyon, elle a suivi une licence à l’École des Beaux-Arts avant de faire une croix sur ses études et d’exercer un emploi en tant que barista.
« J’ai arrêté les études à cause de soucis de santé, mais le plan a toujours été de reprendre », confie-t-elle. « Je souhaite intégrer une licence en droit pour faire droit international public, mais ce n’est pas super bien parti ». La raison ? Un refus en droit et des vœux en attente pour toutes les autres licences souhaitées (LLCER, psychologie) à Lyon, mais aussi Paris, Grenoble et Dijon. « Je suis déçue, car j’ai un dossier qui est franchement bien rempli, avec de bonnes notes au bac puis dans mes études supérieures, en plus de l’expérience avec des stages et plusieurs emplois », se désole-t-elle.
Même si elle est au fait du fonctionnement de la procédure, la confusion règne pourtant encore pour elle. « En terminale j’avais l’impression de jouer ma vie donc la plateforme me faisait peur, là c’est plus le cas », avoue-t-elle. « Après je ne sais pas si c’est parce qu’elle s’est améliorée ou si les gens s’y sont habitués », ajoute-t-elle.
Une procédure complexe, sur fond d’améliorations
Il faut dire que la plateforme Parcoursup est souvent décriée par les candidats. Ces derniers estiment souvent qu’il s’agit d’une procédure complexe et évoquent un manque de clarté. « La plateforme n’est pas intuitive : il y a une complexité du système, il y a beaucoup de choses à retenir, il faut bien prendre son temps », indique une candidate qui a souhaité garder l’anonymat.
Sur ce point, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, se veut rassurante et défend une amélioration de la procédure. « En six ans de Parcoursup, la transparence que l’on doit aux étudiants et à leurs familles s’est améliorée », avait-elle asséné, au micro de RTL, le 31 mai dernier.
La ministre évoque des « progressions », comme la transparence des critères et la réduction du temps d’attente pour les candidats. « Au début, c’était 107 jours et aujourd’hui, on est autour de 40 jours pour la période d’admission », avance Sylvie Retailleau.
Les formations hors Parcoursup : solution parachute
Si beaucoup de candidats sont toujours sur le qui-vive, d’autres ont bénéficié de réponses positives. À l’image de Lorena, 18 ans, en terminale générale spé SVT et Arts plastiques dans l’Académie de Créteil. Elle a demandé des licences arts plastiques, ainsi que des DN MADE. Elle a été acceptée à l’université, en licence généraliste.
Néanmoins, celle-ci a pris une décision à contre-courant de Parcoursup, en postulant dans une école privée hors procédure : la Gaming Campus Paris, un établissement spécialisé dans les métiers du jeu vidéo. « J’avais déjà en tête de faire une formation post-bac dans le domaine artistique, mais je ne savais pas lequel », raconte-t-elle, avant de poursuivre : « Mon choix s’est porté sur le gaming campus Paris grâce à une JPO : j’ai pu rencontrer et échanger avec des responsables de formations et des étudiants. J’ai pu voir les projets des premières années, ça m’a donné un avant-goût et c’est ce qui m’a inspiré ».
Une idée qui a également séduit Mathys, lycéen en terminale technologique Sciences et technologies du design et des arts appliqués (STD2A) à Villers-Cotterêts (Aisne). Pour lui, intégrer un établissement spécialisé dans le jeu vidéo, c’était un « rêve de gosse ». S’il s’est tout de même inscrit sur Parcoursup par « sécurité », son choix s’est porté sur l’école après plusieurs visites.
Les deux élèves ont pour projet de devenir game designer après leurs études. « Le domaine du jeu vidéo, ça regroupe mes deux passions, le gaming et l’art. Mon objectif, c’est de travailler dans un jeu sur les paysages, les personnages et le côté artistique du jeu vidéo », insiste Lorena. « Ce qui me plaît dans le gaming design, ce sont les effets de lumière et le design artistique des mouvements dans le jeu vidéo. En un mot, comment le décor plante l’histoire d’un jeu », renchérit Mathys.
Après avoir saisi ses vœux Parcoursup tout en cherchant une autre formation hors procédure, Mathys dresse un état des lieux des deux modes d’orientation. « S’inscrire en dehors de Parcoursup, cela signifie faire toutes les démarches, se vendre et déposer notre candidature en présentiel », explique-t-il. « Cela relève du choix personnel, tandis que Parcoursup reste plus automatique, où l’on ne sait pas à qui on a affaire derrière notre écran ».
S’inscrire hors Parcoursup requiert cependant de la prudence, notamment dans le choix des formations. Certaines proposent des cursus payants ou qui n’attribuent pas de diplôme visé et reconnu par l’État. Ce qui peut poser problème quand on poursuit ses études ou que l’on souhaite intégrer le monde professionnel. La procédure Parcoursup peut relever de la complexité, mais elle est gage de sécurité.