Se loger demeure l’une des principales difficultés des étudiants. Selon le dernier rapport du Conseil national de l’habitat (CNH), l’augmentation des loyers, la faible disponibilité de logements sociaux et l’insuffisance des aides constituent un frein dans l’accès au logement.
La communauté estudiantine, fragile financièrement, est contrainte de vivre dans des conditions précaires ou de rester plus longtemps chez ses parents. En France, 53 % des jeunes de 20 à 24 ans vivaient chez leurs parents en 2005, contre 72 % en 2020.
Tandis que l’accès au logement s’est détérioré depuis 2022, tant pour les actifs que pour les jeunes, le rapport préconise un ensemble de solutions pour répondre à « une urgence sociale ».
L’offre de logement CROUS insuffisante
Le CNH affirme que les jeunes en formation représentent, en France, 37,4 % des 15-29 ans. Parmi ce public, le rapport alerte sur un manque important de place dans les résidences du CROUS à l’échelle du pays, malgré « leurs efforts ». Il rappelle les chiffres de l’Observatoire de la vie étudiante (OVE) à ce sujet : 56 % des étudiants logeant en CROUS disent manquer d’espace contre 28 % pour l’ensemble des autres étudiants, quand 19 % disent manquer d’accessibilité (rampes d’accès, ascenseur, etc.) contre 9 % pour les autres.
Une place au CROUS est attribuée à un jeune selon ses ressources familiales et sa situation personnelle. Si les étudiants boursiers sont prioritaires, tous ne peuvent pas bénéficier d’un logement en raison du nombre limité de places. Dans des villes comme Caen, Pau, Perpignan, Évreux ou Blois, 12 % des étudiants vivent dans des résidences CROUS. À l’inverse, ils ne sont que 3,08 % à Paris et 2,28 % à Saint-Étienne.
Ainsi, le rapport souligne la nécessité de moderniser et de rénover une partie du parc immobilier des CROUS pour répondre aux normes actuelles de confort et d’efficacité énergétique.
💡 Bon à savoir Le Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) avait annoncé, en novembre 2024, vouloir repenser ses investissements et ses priorités pour les résidences CROUS. Cela passe par la construction de 10 000 nouveaux logements, pour un coût de 25 millions d’euros dès 2025. |
Insalubrité et solutions de fortune
En résidence CROUS comme ailleurs, de nombreux jeunes, surtout en Île-de-France, sont contraints de vivre dans des logements insalubres ou en surpeuplement. Selon le rapport, le manque de places dans les résidences universitaires pousse à des solutions de fortune (dormir sur le canapé d’un ami, une colocation non choisie, vivre en squat), qui peuvent avoir des impacts sur la santé et la réussite des étudiants.
Pour les auteurs de l’étude, l’amélioration de la qualité des logements étudiants est une priorité. Cela inclut non seulement l’augmentation du nombre de places, mais aussi une révision des critères de qualité des logements, en tenant compte des normes minimales d’habitabilité.
Logement social : une concurrence défavorable
Pour les jeunes et notamment ceux en situation de grande précarité, le logement social apparaît comme une solution moins coûteuse pour se loger décemment et bénéficier d’un loyer modéré. Néanmoins, les étudiants font face à une concurrence accrue pour l’obtention de logements sociaux, souvent attribués en priorité aux familles avec enfants. Cette situation crée des inégalités territoriales, les grandes villes disposant de plus d’offres, tandis que les zones rurales souffrent d’un manque.
« Le parc social propose proportionnellement moins de petites typologies que le parc privé. Sur l’ensemble du parc social, seuls 7 % des logements disposent d’une pièce contre 12 % dans le parc locatif privé, 20 % de deux pièces contre 30 % dans le parc privé », lit-on dans l’étude.
Des situations qui peuvent en rebuter plus d’un : « Quand tu postules à une annonce et que tu vois 500 candidats, tu penses que tu n’as aucune chance », témoigne un jeune dans le rapport. « Je suis en demande de logement social depuis 3 ans », renchérit un autre. « Pour le logement social, j’ai eu une trentaine de refus. Et à chaque fois, on te réoriente vers des logements plus chers. Au-delà de 1000 € de loyer ».
Pour améliorer l’accès des jeunes aux logements sociaux, le rapport préconise une réservation de quotas, avec un pourcentage spécifique alloué aux travailleurs et aux étudiants. Il plaide également pour la simplification des procédures et des critères d’éligibilité pour ce public-là.