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Logement étudiant : « Le logement social a une connotation souvent négative »

Avec ses loyers à moindre coût, le logement social reste une piste intéressante mais largement ignorée par les étudiants en quête d'un toit. Deux alternantes du secteur de l’immobilier présentent une solution d’habitation qui mériterait d'être mieux connue.
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Chaque année, c’est le même refrain : des milliers d'étudiants se battent pour décrocher un toit. Loyers qui explosent, dossiers refusés faute de garant, annonces qui disparaissent en quelques heures… La quête de son futur cocon sur fond de crise du logement vire souvent au parcours du combattant. Pourtant, une option reste dans l'angle mort : le logement social.

Loin des clichés, les bailleurs sociaux proposent aujourd'hui des solutions concrètes pour les étudiants et les jeunes actifs. Esther et Tessa, toutes deux en deuxième année de master Manager en Aménagement et Promotion Immobilière (MAPI) à l'ESPI de Nantes et en alternance dans le secteur, décryptent un univers méconnu de la communauté estudiantine.

Le logement social : un réflexe que les étudiants n'ont pas

Pour comprendre le désamour des jeunes vers le logement social, les chiffres parlent d'eux-mêmes. En 1985, 24 % des titulaires d'un bail HLM avaient moins de 30 ans. Aujourd'hui, ce chiffre est tombé à 6 %. Une chute spectaculaire, analysée lors d'une conférence de presse à l'ESPI consacrée au logement des jeunes.

Puis, quand un étudiant cherche un appartement, il pense généralement aux annonces sur  Leboncoin, aux résidences privées ainsi qu’aux résidences universitaires du Crous. Les bailleurs sociaux, c’est beaucoup plus rare. 

« Les jeunes n'ont pas connaissance de l'existence des bailleurs sociaux. Du coup, ils vont automatiquement vers des offres plus privées », constate Esther en M2 MAPI, chargée de développement chez Vilogia, bailleur social national implanté à Nantes (Loire-Atlantique).

Tessa, chargée de développement foncier chez Vendée Logement, embraye : « Le terme "logement social" a une connotation souvent négative ». Au point que certains bailleurs préfèrent désormais parler de « logement public » pour éviter la stigmatisation.

« On a des gens qui viennent nous voir en disant : je n'ai pas envie d'habiter à côté de cas sociaux », poursuit Tessa. Une vision caricaturale qui lui colle à la peau, alors que plus de 70 % de la population française est éligible au logement social.

Des résidences étudiantes chez les bailleurs sociaux

Contrairement à une idée reçue, le logement social ne s'adresse pas qu'aux familles. Les bailleurs peuvent proposer des résidences spécifiquement fléchées pour les étudiants, les alternants ou les jeunes travailleurs. « On a un service dédié aux établissements spécifiques : résidences étudiantes, foyers jeunes travailleurs, résidences seniors, personnes en situation de handicap », confirme l’alternante de l’entreprise nantaise.

Chez Vilogia, Esther cite l'exemple des « Izi Dom » : des résidences étudiantes situées à Nantes avec une formule tout compris. « C'est une redevance unique : eau, électricité, loyer et internet. Il y a de la disponibilité, pas trop d'attente, et les critères sont assez simples », explique-t-elle. Ces logements sont généralement situés à proximité des campus universitaires et soumis à des règles strictes : plafonds de loyers, critères de ressources et quota d'étudiants à respecter.

Si les loyers pratiqués par les bailleurs sociaux sont plus bas que dans le privé, ce n'est pas le fruit du hasard. Leur modèle économique repose notamment sur des exonérations fiscales. « C'est une aide indirecte de l'État : le fait de nous exonérer de taxe foncière nous permet de faire fonctionner nos bilans et de proposer des loyers bas », explique Tessa. Cette exonération court généralement sur 15 ans après l'achèvement des travaux.

Pour les étudiants, cela se traduit par des loyers plafonnés, des logements souvent éligibles aux APL, et des charges mieux encadrées que dans le privé.

« L'accès au logement reste compliqué »

Lorsqu’elle est arrivée sur les bancs de la fac, Esther a elle-même subi de plein fouet la crise du logement. « Mes parents n'avaient pas une très bonne situation. Je me suis pris refus sur refus. Et comme j'étais très pauvre à l'époque, je ne pouvais pas passer par des agences : les frais sont très importants », se souvient-elle.

Elle finit par trouver un studio de13 m² à Nantes, loué par un propriétaire privé. « Je l'ai pris par dépit. L'état du logement n'était pas dingue. Je ne vais pas dire que c'était insalubre, le mot est fort, mais c'était au 4e étage, très mansardé », confie-t-elle. « Je n'ai pas très bien vécu ma première installation. Je n'y passais pas beaucoup de temps, et je ne me sentais pas trop en sécurité ».

C'est finalement grâce à son alternance et à des revenus stables qu'elle accède à un logement social en construction récente. « Maintenant, j'ai des contacts, donc c'est plus simple. Mais l'accès au logement reste compliqué ».

Même hors des grandes villes, la tension est réelle

On aurait tendance à croire que la pénurie de logement concerne uniquement Paris, Lyon ou Bordeaux. Mais dans des villes moyennes, la situation est tendue. « Il y a un manque de logements étudiants, et de logements sociaux en général, sur le territoire », constate Tessa, qui travaille dans le département de la Vendée.

Aux Sables-d'Olonne, donne-t-elle en exemple, de nouvelles écoles ouvrent leurs portes, mais l'offre de logements ne suit pas. « Beaucoup d'étudiants sont sans solution et il y a trop peu de logements par rapport au nombre de jeunes  et aux établissements qui fourmillent », ajoute-t-elle.

Esther observe un constat similaire à Nantes, ville universitaire qui accueille près de 65 000 étudiants chaque année. « L'offre de logement est plus conséquente qu'avant, mais le nombre d'arrivants aussi. Un T2 peut frôler les 1 000 euros par mois dans le centre-ville ».

Les deux professionnelles sont unanimes, pour trouver chaussure à son pied, il faut s'y prendre tôt et s'informer. « Le vrai frein, c'est que très peu de jeunes connaissent les logements sociaux, sauf ceux qui ont grandi dans ces milieux-là. Il est nécessaire de déconstruire ce cliché », conclut Esther.

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