Ce mardi 5 novembre, le Cnous, Centre national des œuvres universitaires et scolaires, a tenu une conférence de presse pour présenter son projet de réseau des Crous 2024-2028. Ces chantiers entendent irriguer les piliers et priorités des Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires : la restauration, le logement, les bourses et aides sociales. À quoi ressembleront ces établissements dans 4 ans ? Panorama des projets à venir.
Fournir un meilleur accompagnement à davantage d’étudiants
Parmi les premiers chantiers du Cnous, on retrouve la volonté d’élargir le cercle des bénéficiaires des structures Crous. L’un des projets sur lequel travaille le réseau depuis plusieurs mois est une carte destinée aux étudiants en situation de précarité temporaire. Elle leur permet de bénéficier de repas du Crous gratuits pour une période donnée.
Repenser le logement et la vie étudiante
Promouvoir la qualité de vie et la réussite au sein des résidences et autres lieux de vie étudiante : tel est le deuxième chantier du Cnous qui souhaite miser sur la culture de la diversité des étudiants accueillis par ses structures. “Il y a des enjeux d’ouverture, d’intégration et de réussite”, pour Bénédicte Durand, présidente de cette organisation. “Offrir un toit et un repas ne suffit pas, on veut entrer dans une culture d’égalité des chances”.
Le Cnous entend repenser ses investissements, en visant des villes étudiantes qui sont en tension et où les logements sont trop onéreux pour permettre aux étudiants en situation de précarité d’accéder aux études. L’institution va donc profiter d’un investissement de 25 millions d’euros en 2025 pour mener à bien le projet de construction de 10 000 nouveaux logements.
“Nous avons besoin du soutien de l’État et d’investissements pour construire des logements, mais la question des méthodes est aussi importante”, indique Bénédicte Durand qui évoque l’importance de positionner les Crous comme des constructeurs de logements de qualité. Un projet qui se fait sous le signe du développement durable avec une empreinte carbone déjà réduite de 4,5% cette année.
Généralisation du repas à 1 euro : une fausse bonne idée ?
Fin octobre, la proposition d’amendement (N°II-CF1596) proposée par plusieurs députés socialistes a été adoptée par la Commission des finances. Son objectif ? Démocratiser le repas à 1 euro dans tous les restaurants du Crous pour tous les étudiants.
Bénédicte Durand reconnaît que les équipes des restaurants sont sous une tension de travail extrêmement forte. “Une augmentation potentielle des convives - par le fait que l’offre s’ouvre à tous les étudiants - ferait porter une pression très forte sur nos structures. Il y a un enjeu de moyens posé par cette mesure”, précise la présidente du Cnous.
Repas à un euro pour tous les étudiants : la commission des finances adopte le texte
Des investissements remis en question
Pour s’assurer de proposer un meilleur accompagnement pour davantage d’étudiants, le Cnous entend renforcer la capacité d’action des Crous. Un chantier qui se matérialise sous la forme d’une trajectoire pluriannuelle d’investissement repensée et d’un renforcement de la solidarité au sein du réseau.
Sur le sujet de la disparition de la CVEC, le Cnous évoque l’apport important de la contribution à la vie étudiante et de campus dans la construction d’une offre utile pour les jeunes dans le supérieur. Toutefois, les Crous ne profitent que de 15% de cette taxe étudiante, ce qui est loin de constituer “la majorité du fonds de roulement du Cnous”, rassure Clément Cadoret, directeur général délégué de l’organisation.
Mieux valoriser les agents du Crous
Les deux autres chantiers du Cnous visent à “envoyer un signal de soutien fort” aux agents, explique la présidente de l’organisation. Cela passera par des formations, une harmonisation des salaires - notamment pour réduire les écarts de salaires entre certaines catégories - et de meilleures perspectives d’évolution professionnelle.
Face à la pénibilité du travail des agents du Crous, ce chantier s’attache à rétablir la fierté d’agir pour le monde étudiant, en valorisant mieux leur profession. Par ailleurs, le Cnous entend simplifier les démarches administratives pour faciliter le travail des agents et proposer une offre plus lisible pour les jeunes dans le supérieur.
Renforcer la coopération des Crous en France
“Le réseau doit assumer le fait qu’il n’est pas seul dans la vie étudiante”, rappelle Bénédicte Durand. Ainsi, le Cnous a exprimé la volonté pour les Crous de mieux travailler ensemble, mais aussi avec les autres acteurs de la vie étudiante. “Nous devons travailler en tant que partenaires et non comme des prestataires”, expose-t-elle. Cela passe donc par plusieurs projets :
- Une harmonisation et valorisation des conventions avec les établissements d’enseignement supérieur
- Une meilleure relation aux bailleurs
Bénédicte Durand a terminé cette conférence en évoquant un fil conducteur stratégique qui ira irriguer les réflexions du Cnous pour les quatre prochaines années. Ce fil rouge évoluera autour de la qualité du service offert aux usagers en élargissant son cercle de partenaires et en explorant les possibilités de mécénat.
Pour mieux penser sa stratégie et son impact, le Cnous va s’appuyer sur un réseau de forces de recherche existantes afin de créer le Crous Lab. “Il nourrit notre démarche d’éclairage de la stratégie par la recherche”, conclut Bénédicte Durand.
Cet article a été co-écrit avec Adriana Da Cruz.
