Toutes les études réalisées ces dernières années confirment ce constat alarmant : la santé mentale des étudiants est dans un état critique. Phobie, stress, isolement, perte de sens, mal-être, peur de l’avenir, écoanxiété… les symptômes des jeunes s’aggravent, jusqu’à mettre en péril leurs études.
Au point que plus d’un jeune sur trois a le sentiment de « ne rien valoir » et songe même à abandonner son cursus, selon le baromètre national sur la santé mentale des étudiants réalisé par Ispos BVA pour teale et l’IESEG paru fin septembre. Mais cette situation peut s’améliorer, à condition que les pouvoirs publics et les établissements mettent en place des mesures et des dispositifs à la hauteur de cet enjeu de santé publique, estiment les auteurs de l’enquête.
Du côté des étudiants, il est aussi possible de mettre en place certains réflexes afin de protéger au mieux leur santé mentale. Anaïs Roux, psychologue du travail spécialisée en neurosciences et directrice scientifique de teale, qui a participé au baromètre, propose 5 gestes simples. Suis le guide !
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Adopter des routines de santé mentale simples et protectrices
« Notre cerveau adore la routine », commente Anaïs Roux. « Il ne faut donc pas hésiter à surfer sur cet élément-là en créant des routines positives », ajoute-t-elle. Le seul hic : « notre cerveau ne sait pas faire la différence entre une bonne et une mauvaise habitude. Donc c’est à vous de lui enseigner les bonnes pratiques », précise la psychologue.
La professionnelle recommande ainsi de s’appuyer sur des ressources fiables, en faisant bien attention à ce que l’on peut trouver sur internet, afin de trouver le ou les gestes bénéfiques à mettre en place. « Ces pratiques vont concerner le sommeil, l’activité physique, la méditation ou encore l’alimentation », énumère Anaïs Roux.
Limiter l’exposition aux écrans et à l’actualité anxiogène
Ce n’est un secret pour personne : la surexposition aux écrans est mauvaise pour notre santé mentale. Trouver des moyens sûrs de s’en éloigner, au moins quelques heures dans la journée, est donc un très bon levier pour prendre soin de soi.
« Ce n’est pas réaliste de se débarrasser complètement de son téléphone », reconnaît Anaïs Roux. La psychologue recommande plutôt de « mieux utiliser le digital, en sélectionnant mieux ses sources d’informations et ses applications ». Par exemple, il est inutile d’avoir 3 applications qui font la même chose, il suffit de n’en garder qu’une. De même, un réseau social est suffisant, pas la peine d’en avoir 4 !
« L’objectif n’est pas de créer de l’anxiété en se privant toute une après-midi de son téléphone. Il vaut mieux y aller progressivement : 15-20 minutes sans écrans, puis 1 h, puis 2h... », insiste Anaïs Roux. La professionnelle suggère enfin de couper des écrans au moment où c’est le plus bénéfique : le matin, au réveil, et le soir, au moment du coucher.
S’impliquer dans une communauté ou une activité collective
On ne rend peut-être pas forcément compte, mais la vie en communauté et le sentiment de se sentir utile ou valorisé dans un groupe ont une importance fondamentale pour l’équilibre de tout individu. Chez les étudiants, notamment ceux qui commencent un cursus dans une nouvelle ville, où ils ne connaissent personne, il est facile de se sentir coupé des autres et de se replier sur soi-même.
C’est pour cela qu’il est primordial, selon Anaïs Roux, de s’impliquer dans une communauté ou une activité collective. « Clubs, associations, activités sportives : tous ces leviers sont utiles contre l’isolement des étudiants », explique la psychologue, qui souligne l’importance des établissements du supérieur dans leur offre associative notamment. Que tu sois branché musique, social, sport ou autre, tu peux trouver ton bonheur auprès des associations de ta ville ou de ton école !
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Identifier et verbaliser les sources de stress
La libération de la parole en cas de mal-être est un sujet particulièrement difficile pour de nombreux jeunes en souffrance. Pour Anaïs Roux, il est pourtant indispensable d’identifier les sources de stress et surtout d’en parler.
« C’est un travail individuel qui va consister, par exemple à tenir un journal, échanger avec des pairs, avec un professionnel ou un référent », détaille-t-elle. Le but ? « Identifier d’où vient le stress, mais aussi quelles sont les ressources à disposition pour y faire face et confronter ces deux poids de la balance », explique encore la psychologue.
Rompre l’isolement dès les premiers signes de mal-être
Parler à un proche, se tourner vers un psychologue ou encore solliciter les dispositifs d’aides disponibles dans son établissement, être attentif à ses camarades… Dès les premiers signes de mal-être, il ne faut surtout pas se refermer, avertit Anaïs Roux. Une chose plus facile à dire qu’à faire, reconnaît la psychologue.
Selon le baromètre, 34 % des étudiants considèrent que personne ne cherche à les aider, et 55 % n’auraient pas recours aux dispositifs proposés par leur établissement en cas de problème psychologique. Cette solitude nourrit le mal-être, le rend plus difficile à verbaliser et retarde la recherche d’aide. « La santé mentale reste encore taboue, cela veut dire qu’il faut choisir les bonnes personnes pour en parler, de façon à ce que notre propos soit accueilli de la façon la plus douce », conseille-t-elle.
Briser le tabou de la santé mentale : le rôle des établissements du supérieur Selon le baromètre, alors même que 64 % des étudiants savent que leurs établissements proposent des mesures de soutien, la moitié des étudiants ne saurait pas vers qui se tourner. Ce fossé entre l’offre et la demande traduit une crise de confiance qu’il est urgent de combler. « On a un enjeu non seulement d’avoir des dispositifs, mais aussi de les rendre visibles, accessibles et dignes de confiance auprès de nos étudiants », appelle ainsi Armelle Dujardin-Vorilhon, directrice de l’expérience étudiante à l’IESEG. |
Cette liste de conseils est bien évidemment non exhaustive. Il existe en effet un tas d’autres routines à mettre en place pour prendre soin de sa santé mentale. N’hésite pas à te tourner vers un professionnel ou un proche pour t’aider à trouver ta routine.