« Il faut déstigmatiser et normaliser le fait d’aller mal » : une étude Mentalo alerte sur la santé mentale des 11-24 ans

Mentalo, grande étude scientifique nationale sur le bien-être des jeunes, dévoile ses chiffres sur la santé mentale des jeunes de 11 à 24 ans. 
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Présentation de l’enquête Mentalo au Stade Roland Garros à Paris, à l’occasion de la journée mondiale de la santé mentale, vendredi 10 octobre 2025. © Diplomeo

Ils rient, étudient, scrollent, sortent… mais souvent, ils n’en peuvent plus. Ce vendredi 10 octobre 2025, journée mondiale de la santé mentale, a été marquée par un constat inquiétant : les jeunes vont mal. À cette occasion, l’association Mentalo, menée par l’équipe ECEVE de l’Inserm et l’Université Paris Cité, dresse un était des lieux sans filtre du bien-être mental des 11-24 ans. Les chiffres sont parlants : plus d'un tiers des jeunes présentent des signes de détresse.

« On voulait comprendre le mal-être, mais aussi le bien-être », précise Karine Chevreul, fondatrice et auteure de l’étude Mentalo. « Notre objectif était d’impliquer les jeunes, pas seulement de parler d’eux ».

Ainsi, près de 17 000 volontaires – collégiens, lycéens et étudiants – ont participé à cette enquête via une application ludique, conçue avec eux pour mieux cerner leurs émotions, leurs habitudes et leurs fragilités. « Le premier défi de cette étude était de réunir suffisamment de participants et d’assurer une vraie diversité : tous les âges et un équilibre filles/garçons ». 

L’adolescence, un virage fragile

Les premiers résultats de l’enquête révèlent une hausse nette du mal-être à l'entrée au lycée (augmentation de 50 %), avant une stabilisation à l'âge adulte. Sans surprise, les filles sont presque deux fois plus touchées que les garçons (45 % contre 27 %). « Les filles expriment davantage leurs émotions, pleurent, se racontent plus facilement », analyse Karine Chevreul.  « Les garçons s’ouvrent un peu plus en grandissant, mais on constate qu’ils ont été moins nombreux à participer à l’étude ».

© Mentalo

Le sentiment de solitude touche 4 jeunes sur 10, et ceux qui s’en plaignent sont 2,5 fois plus susceptibles d’être en détresse psychologique. « Le lycée est vraiment un âge charnière. C’est là que la pression scolaire, l’orientation et le regard des autres pèsent le plus », explique la fondatrice de Mentalo. Comme une mer intérieure agitée, la vie émotionnelle des adolescents tangue entre les attentes, les doutes et l’envie d’être à la hauteur.

8 jeunes sur 10 stressés par leur orientation 

Autre enseignement de cette étude : le rapport des jeunes face à leur avenir. L’étude Mentalo montre que la scolarité et l’orientation sont des sujets de préoccupation majeurs : plus de deux tiers présentent des signes de détresse psychologique de type modéré à sévère sur ce sujet.

Pour les lycéens, ce stress est directement lié à la procédure Parcoursup. Une angoisse liée à la plateforme qui selon, Mentalo « participe à la dégradation de la santé mentale des jeunes ». Seuls 19 % des sondés expliquent ne ressentir aucune pression.

© Mentalo

Précarité et écrans : sous la lumière bleue, la vie en gris 

L’étude met aussi en lumière des inégalités sociales. Chez ceux qui déclarent vivre dans une famille « vraiment en difficulté financière », 7 sur 10 sont en détresse, contre 3 sur 10 parmi ceux issus de milieux aisés. Ce fossé se creuse encore avec le temps d’écran, plus élevé dans les milieux défavorisés.

En effet, 1  jeune sur 4 passe plus de 5 heures par jour devant un écran, et 9 % plus de 7h quotidiennes. La nuit, les chiffres s’assombrissent encore : 45 % des personnes interrogées qui regardent leurs écrans après 22h présentent des signes de détresse.

Mais tout n’est pas forcément tout noir : le type d’usage compte. Les jeunes qui utilisent leurs écrans pour s’informer, se cultiver ou faire du sport s’en sortent mieux que ceux qui scrollent des vidéos au hasard, notamment sur les réseaux sociaux. « Beaucoup de problèmes sont solubles », veut croire Karine Chevreul. « Ce n’est pas une fatalité. Le rapport aux écrans, la gestion du stress ou la demande d’aide, tout cela peut s’apprendre. »

© Mentalo

Rompre le silence, redonner la parole

Près de la moitié des jeunes parlent de leur mal-être à quelqu’un, mais 1 sur 4 n'en parle jamais, souvent par honte ou peur du jugement. D’où la nécessité, selon les chercheurs, de “normaliser” la parole autour du mal-être. « Déstigmatiser et normaliser le fait d’aller mal, c’est la première étape », affirme l’auteure de l’étude. « Ensuite, il faut s’assurer que les outils soient sérieux, validés, et accessibles partout — dans les lycées comme dans les universités ».

De cette idée est née Mental+, une application de coaching issue de l’étude. Conçue avec les jeunes et les ambassadeurs, elle leur permet d’évaluer leur état mental, d’identifier ce qui influence leur bien-être et d’être orientés vers des ressources adaptées.

« Notre approche est complémentaire aux dispositifs existants à l’échelle nationale et dans les établissements scolaires et du supérieur » précise Karine Chevreul. « L’application permet aux jeunes de faire le point et si ça ne va pas, elle oriente vers les services existants : service de santé étudiante, psychologues, infirmières scolaire, médecin, etc ».

L’étude Mentalo se conclut sur un appel collectif : renforcer les moyens dans l’enseignement secondaire, mieux former les adultes qui entourent les jeunes et surtout, leur redonner confiance en leur propre capacité à aller mieux. Car, au fond, ce que révèle l’enquête, c’est une génération qui ne se résigne pas. Une génération qui vacille, certes, mais qui veut comprendre, agir, et retrouver son équilibre.

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