Précarité étudiante : « On essaye d’aider les jeunes précaires tout en cherchant des solutions durables »

À l’occasion du Salon de l’Agriculture, les associations Cop1 et Le Rayon ont installé des ateliers solidaires pour venir en aide aux plus démunis. L'occasion de mettre en lumière la précarité étudiante, qui reste un enjeu crucial. Reportage.
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Des étudiantes bénévoles pour l’association Cop1 au Salon de l’Agriculture à Paris, mercredi 26 février 2025. © Diplomeo

Sous les voûtes du Parc des Expositions de la Porte de Versailles, la foule se presse et déambule entre les stands colorés, où les visiteurs passionnés et les odeurs de terre battue, de viandes, de fromages et autres produits locaux se font échos. 

Mais lors de cette édition du Salon International de l’Agriculture à Paris, un stand détonnait parmi les allées gourmandes : celui de l’association Cop1 Solidarités Étudiantes et du réseau des Banques Alimentaires, Le Rayon. Armés de spatules et d’un engagement sans faille, ces bénévoles n’étaient pas là pour vendre, mais bien pour cuisiner, partager et sensibiliser.

« Les agriculteurs peuvent aider les étudiants à mieux manger »

Bien manger est l’affaire de tous. Et quoi de mieux que le salon de l’Agriculture pour sensibiliser sur ces enjeux ? En choisissant de mener leur combat à l’occasion de cet événement, l’association Cop1 rappelle que la précarité alimentaire n’a pas de frontière et que l’accès à une alimentation de qualité est un droit fondamental.

« Pendant le salon, on prépare plusieurs plats qui seront ensuite distribués lors de maraudes », explique Justine, étudiante en L3 info-com à l’université Paris-Panthéon-Assas et bénévole de l’asso Cop1. « On est en collaboration avec la banque alimentaire et on cherche à sensibiliser le public sur les actions solidaires pour les personnes précaires et notamment les étudiants », renchérit Charlotte, également en L3 info-com à Assas. « On prépare plusieurs mets, notamment des quiches et des crêpes. Mais derrière ces plats simples, il y a tout un parcours de production », ajoute-t-elle

Pour les bénévoles, certains étudiants et agriculteurs ont des difficultés communes. En tête : la précarité. « Il y a tellement de connotations négatives autour des agriculteurs aujourd’hui », déplore Justine. « C’est un métier difficile et l’État les isole encore plus alors qu’ils représentent un maillon important de la chaîne alimentaire », poursuit-elle.

« Les agriculteurs peuvent aider les étudiants à mieux manger et à consommer des produits locaux », veut croire Charlotte, qui insiste sur les causes communes entre les agriculteurs et la communauté estudiantine. La Fédération nationale des syndicats d’exploitations agricoles (FNSEA), le stand de proximité, soutient par ailleurs ces initiatives. « Les fermiers locaux apprécient que les gens viennent directement acheter chez eux, ils adorent échanger, car ils sont souvent isolés, au même titre que les étudiants. Vive les agriculteurs ! », scande la bénévole de l’asso Cop1. « L’idéal serait de créer des liens directs entre eux et de favoriser les circuits courts ». 

Les bénévoles de l’association Cop1 avec Justine et Charlotte (au milieu) qui préparent des plats pour des distributions de maraudes au Salon de l’Agriculture à Paris. © Diplomeo

Répondre à l’urgence de la précarité étudiante

C’est un phénomène qui demeure toujours préoccupant dans la société : la précarité étudiante touche de plus en plus de jeunes. Les bénévoles de l’association en sont bien conscients. Selon le dernier baromètre de Cop1, 20 % des étudiants ont déjà eu recours à une aide alimentaire, tandis que 36 % d’entre eux sautent des repas. « On connaît bien les enjeux liés à la vie étudiante, notamment les difficultés financières », explique Charlotte. 

« À 20 ans, choisir entre sortir avec des amis ou manger correctement, ce n’est pas évident, » Charlotte, étudiante à Assas bénévole pour Cop1

Si les jeunes bénévoles s’estiment chanceuses de ne pas être elles-mêmes dans le besoin, la précarité étudiante est une réalité qu'elles côtoient dans leur quotidien et au cours de leurs actions avec Cop1. « J’habite encore chez mes parents donc je n’ai pas trop de soucis financiers, mais on voit bien qu’il y a un problème de fond », révèle Justine. « L’été, certains camarades font une croix sur leurs vacances pour travailler et mettre de l’argent de côté ». 

Être étudiant, c’est aussi devoir arbitrer entre sa vie sociale et sa santé. « Il m’est déjà arrivé de me demander si je dois plutôt utiliser l’argent que j’ai pour sortir ou pour faire mes courses », admet de son côté Charlotte. « À 20 ans, choisir entre sortir avec des amis ou manger correctement, ce n’est pas évident ».

Au-delà du constat des études menées sur le sujet, l’association Cop1 — Solidarités étudiantes vient en aide aux plus démunis grâce à des distributions gratuites de denrées alimentaires, de vêtements et de produits d’hygiène. « On a un peu plus de 25 antennes en France, où l’on organise des distributions alimentaires chaque semaine », explique JR a’Weng, directeur général de Cop1, qui arbore fièrement son pull floqué du logo de l’association au salon de l’Agriculture. « On essaie d’aider les jeunes en situation de précarité tout en cherchant des solutions durables ». 

Pour lui, répondre à l’urgence de la précarité étudiante n’est pas une tâche aisée. JR a’Weng évoque des étudiants qui n’osent pas pousser la porte du CROUS, souvent par tabou ou par fierté. « Nous essayons de lever ce tabou en montrant que demander de l’aide n’est pas une honte et qu’il existe des solutions », confie-t-il. L’association a déployé un dispositif : la Cop1ne, une cantine solidaire nichée dans le 14e arrondissement de Paris, ouverte à toutes et tous du mardi au samedi. 

Sensibilisation, partenariats : Cop1 veut apporter sa pierre à l’édifice 

La présence de Cop-1 au salon de l’Agriculture dans un atelier de banques alimentaires vise à montrer qu’il est possible pour les étudiants de bien manger même quand on a du mal à joindre les deux bouts. L’association a lancé des campagnes de communication sur les réseaux sociaux, dans les médias ainsi que dans les transports en commun pour alerter sur l’urgence de la situation. 

« De cette façon, les citoyens et les entreprises peuvent faire des dons, mais aussi parler de nous autour d’eux. Nous sommes reconnus dans le milieu institutionnel, mais on n’a pas assez de visibilité auprès du grand public », expose le directeur général de l’association. Cop 1 collabore aussi avec les associations étudiantes et les antennes du CROUS sur l’ensemble du territoire. « Localement, on collabore avec Linkee, dans le cadre d’une distribution alimentaire qui vient d’ouvrir à Toulouse et aussi avec les épiceries solidaires AGORAé de la FAGE », explique JR a’Weng. 

« Je ne veux pas que dans 20 ans, Cop1 existe encore parce qu’il y a toujours des étudiants précaires », JR a’Weng, directeur général de l’association Cop1 Solidarités Étudiantes

Le directeur de l’association indique qu’il est en relation avec le ministère de l’Enseignement supérieur, qui est, selon lui, conscient de ces enjeux « grâce à notre travail de plaidoyer et de nombreux échanges avec eux ». L’institution finance les actions de Cop1, bien que ce ne soit pas suffisant. « Des solutions pérennes doivent être trouvées », insiste JR a’Weng. « Je ne veux pas que dans 20 ans, Cop1 existe encore parce qu’il y a toujours des étudiants précaires qui mettent leurs études de côté ». L’asso veut ainsi transformer l’urgence en espoir et la solidarité en dignité. Une bataille qui est loin d’être terminée. 

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