Tandis que la précarité touche la communauté estudiantine de plein fouet depuis quelques années maintenant, la rentrée universitaire 2023-2024 s’annonce encore plus chamboulée que la précédente, avec les effets de l’inflation et du coût de la vie, qui continuent de sévir en France. Diplomeo vous propose de faire le point sur ce qui change dans votre quotidien d’étudiant cette année.
Rentrée 2023 : « Jamais l’évolution du coût de la vie étudiante n’avait atteint de tels sommets »
Pour la rentrée de septembre, les syndicats étudiants dressent un constat préoccupant. Avec l’inflation et les effets de la guerre en Ukraine, sur fond de crise sociale, le coût de la vie étudiante est en forte hausse et n’avait jamais été aussi élevé.
Un coût de rentrée qui dépasse les 3000 euros, selon la FAGE
La FAGE (Fédération des Associations générales étudiantes) a publié son traditionnel indicateur sur le coût de la rentrée et de la vie pour les étudiants en 2023. Un record « historique », selon le syndicat étudiant.
Les années précédentes, le coût de la vie des jeunes était déjà en constante augmentation. En 2022, le coût moyen de la rentrée était de 2527 euros (pour un étudiant non boursier). Cette année, la FAGE indique que les frais de la vie courante s’élèvent à 3024,49 euros, soit une augmentation de 8,8 %. « Cette évolution historique est principalement due à l’impact de la crise sociale et géopolitique qui se traduit par une inflation record », explique le syndicat.
Quant aux frais spécifiques de rentrée, ils s’élèvent à 1824,82 euros (soit une hausse de 2,10 % par rapport à l’année 2022). En Île-de-France, ces frais dépassent même la barre symbolique des 2000 euros, avec 2196,90 €, contre 1797,32 € en région.
#Rentrée2023 | Les frais de la vie courante flambent 🔥📈 Le loyer et la consommation, dépenses pourtant vitales, sont durement touchées🚨 Il est urgent d’agir pour lutter contre la précarité étudiante qui ne cesse d’augmenter #EtudierIsTheNewLuxe🔗 https://t.co/cp8y94pHTFpic.twitter.com/vDmy9zTntK
— FAGE (@La_FAGE) August 17, 2023
Pour l’UNEF, une « explosion inédite » en 19 ans
L’UNEF (Union nationale des étudiants de France) indique, dans son enquête annuelle, que le coût de la vie des étudiants augmente de 6,47 % pour l’année 2023-2024, soit 594,76 € de plus par an. « Jamais l’évolution du coût de la vie étudiante n’avait atteint de tels sommets », explique le syndicat dans son dossier de presse. En cause, le coût de l’alimentation et l’augmentation du prix de l’énergie qui « ont explosé » en un an.
Le syndicat étudiant met en lumière les chiffres de la précarité étudiante, omniprésente depuis quelques années pour les jeunes dans l’enseignement supérieur. Ainsi, l’UNEF explique que les produits alimentaires ont subi +14,3 % en un an tandis que l’électricité grimpe à plus de 10 %. Quant au loyer étudiant moyen, celui-ci s’établit à 570,60 euros.
🟠 Explosion du coût de la vie étudiante ! 🟠Jamais le coût de la vie n’aura été aussi élevé que sous @EmmanuelMacron !Sans système de protection sociale efficace pour les étudiant·e·s, la précarité continuera d’exploser.🧶 Petit fil sur les principaux chiffres ⬇️ pic.twitter.com/Mi3P7UiH1m
— UNEF (@UNEF) August 14, 2023
Logement, CVEC, transport : Hausse généralisée des prix
Pour l’UNEF comme pour la FAGE, le logement étudiant représente la dépense la plus importante. Pour le premier, le loyer représente « le premier poste de dépense des étudiantes avec une part représentant 60,58 % du budget mensuel moyen ». De fait, l’UNEF précise que le loyer moyen en France cette année est de 570,60 euros (soit +1,72 % d’augmentation des loyers étudiants dans le parc privé).
« Depuis plusieurs années déjà, l’accès des jeunes au logement devient un véritable défi », précise de son côté la FAGE. Dans son indicateur annuel, le syndicat note que le montant moyen du loyer s’élève à 533,83 euros, en hausse de 8,95 % par rapport à l’année scolaire 2022-2023. Tandis que la hausse se poursuit dans la région francilienne (+4,39 %), elle est d’autant plus marquée pour les autres régions de l’Hexagone (+9,77 %).
La CVEC (Contribution de vie étudiante et de campus) a atteint les 100 euros (+5,26 %) pour la rentrée universitaire 2023. Pour rappel, dans l’enseignement supérieur, les étudiants doivent s’acquitter, chaque année, de cette participation financière obligatoire, qui est collectée par les CROUS.
Cette contribution qui est payée par un grand nombre d’étudiants permet d’améliorer les services culturels, sociaux ou encore sportifs dans les établissements du supérieur. Néanmoins, pour les syndicats étudiants, cette augmentation de la CVEC indexée par l’inflation est jugée onéreuse. L’UNEF parle d’un « véritable impôt » pour les étudiants qui permet de financer « le désengagement de l’État » pour la vie étudiante. La FAGE, quant à elle, demande « une suppression de l’indexation sur l’inflation » de cette contribution.
Concernant les transports en commun, le coût d’un abonnement a bondi pour les étudiants non boursiers. Selon l’UNEF, le tarif annuel moyen s’établit à 268,91 euros (+5,91 %). « Les transports représentent un poste de dépense important et indispensable pour se rendre sur leurs lieux d’études », explique le syndicat, avant d’ajouter que le coût est inégal en fonction des territoires.
Si le tarif s’est réduit à Lyon, où l’abonnement « est passé de 325 à 250 euros », le prix reste très élevé dans les grandes métropoles : à Lille (315 €) et, sans surprise, à Paris (373 €).
Le point sur les mesures phares à la rentrée 2023
Le ministère de l’Enseignement supérieur a annoncé un ensemble de dispositifs pour les étudiants, dès la rentrée de septembre. Frais d’inscription gelés, revalorisation des bourses étudiantes, aides à la précarité, exonérations diverses pour les étudiants boursiers… Tour d’horizon des principales mesures.
Protéger le pouvoir d’achat étudiant, c’est aussi faire en sorte que l’université soit financièrement accessible à toutes et tous. Une fierté française.Pour chaque étudiant, le coût de l’inscription dans une université a diminué depuis 2017. ⤵️#Rentrée2023pic.twitter.com/j6c4obu2na
— Sylvie Retailleau (@sretailleau) August 9, 2023
Les droits d’inscription à l’université n’augmentent pas cette année
Depuis 2020, les frais d’inscription dans l’Enseignement supérieur public ont été gelés en raison de la crise sanitaire. Le gel est reconduit cette année pour la troisième année consécutive. Ainsi, pour l’année universitaire 2023-2024, les frais d’inscription demeurent à 170 € en licence, en classe préparatoire et en BUT.
Quant au master et au doctorat, les frais s’élèveront respectivement à 243 € et 380 €. Pour les étudiants boursiers, ils en sont exonérés en totalité.« Protéger le pouvoir d’achat étudiant, c’est aussi faire en sorte que l’université soit financièrement accessible à toutes et tous », a indiqué la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau, dans un tweet.
La réforme des bourses sur critères sociaux, en vigueur dès septembre
C’était la nouvelle qui était attendue par les étudiants : une réforme des bourses sur critères sociaux. En mars 2023, Sylvie Retailleau avait annoncé 500 millions d’euros débloqués pour augmenter les bourses étudiantes, dès la rentrée 2023.
Pour tenter de faire face à l’augmentation du coût de la vie étudiante, le montant des bourses étudiantes a été revalorisé. Comptez 37 euros mensuels pour tous les étudiants boursiers éligibles. Selon le ministère, cela équivaut à une augmentation de 34 % pour l’échelon 0 bis et 6,2 % pour l’échelon 7. Avec ce nouveau calcul, 35 000 étudiants deviennent boursiers à compter de septembre.
Pour rappel, depuis 2018, les bourses sont versées en dix mensualités chaque cinquième jour du mois pour que les étudiants puissent s’organiser plus facilement. Elle peut également être versée pendant les vacances d’été, sous conditions.
Échelon | Montant annuel sur 10 mois | Montant mensuel sur 10 mois |
0 bis | 1 458 euros | 145,40 euros |
1 | 2163 euros | 216,30 euros |
2 | 3071 euros | 307,10 euros |
3 | 3 828 euros | 382,8 euros |
4 | 4587 euros | 458,70 euros |
5 | 5212 euros | 521,2 euros |
6 | 5506 euros | 550,6 euros |
7 | 6335 euros | 633,5 euros |
Les bourses concernent les étudiants de moins de 28 ans en formation initiale à temps plein, en France ou dans un État membre de l’Union européenne et ceux inscrits dans une formation publique ou privée habilitée à recevoir des boursiers.
Si vous êtes boursier, la demande se réalise en ligne, et est à remplir en amont de l’inscription à l’université. Consultez le nouveau montant 2023-2024 de votre aide en fonction de votre échelon.
Maintien du repas à 1 euro pour les étudiants boursiers et précaires
Si le coût de la vie étudiante est encore en hausse cette année, des mesures ont été annoncées pour aider les étudiants boursiers et les plus précaires à garder la tête hors de l’eau.
Compte tenu de la précarité étudiante, nombreux sont les étudiants qui affirment sauter des repas. Pour lutter contre ce phénomène, le maintien du repas à 1 € pour les étudiants boursiers reste en vigueur dans les CROUS, comme l’an dernier.
Pour tous les autres, le prix du restaurant universitaire reste fixé à 3,30 €. Pour les étudiants boursiers et ceux qui ont des aides spécifiques, le prix du restaurant universitaire se maintient à 1 €. Cette mesure a été mise en place à la rentrée 2020. Elle est donc reconduite cette année.
« Si je ne suis pas boursier, je n’ai accès à aucune aide ? »Si ! Même si vous n’êtes pas éligibles aux bourses, vous pouvez bénéficier d’autres aides. Si vous rencontrez une difficulté, y compris récente ou ponctuelle, ne restez pas isolés, contactez votre Crous ! #Rentrée2023pic.twitter.com/u041JkS7AH
— Sylvie Retailleau (@sretailleau) August 11, 2023
Revalorisation des aides pour le logement (APL)
La réforme des aides pour le logement (APL), qui a été mise en place le 1er janvier 2021, a fragilisé de nombreux étudiants. En effet, les aides au logement sont calculées sur les douze derniers mois (et sont réévalués tous les trois mois). Avec cette nouvelle méthode de calcul, de nombreux jeunes ont ainsi vu le montant de leur APL diminuer progressivement, voire supprimé.
Face à l’inflation, le gouvernement a revalorisé les aides pour le logement de 1,6 % en avril 2023. De même, les étudiants boursiers logés dans les résidences universitaires sont automatiquement éligibles à cette aide attribuée par la CAF et ont la possibilité de bénéficier d’APL plus importantes.
Les aides spécifiques des Crous aux étudiants précaires et non boursiers
Les aides spécifiques des Crous pour les étudiants fragiles sont maintenues.« Même si un étudiant ne réunit pas les conditions d’éligibilité aux bourses sur critères sociaux, il peut être éligible à d’autre accompagnement par les Crous », précise le ministère de l’Enseignement supérieur. Cela peut prendre la forme d’une aide ponctuelle en fonction des difficultés rencontrées par les étudiants. Pour en bénéficier, il faut directement s’adresser au CROUS de son académie.
Enfin pour les frais liés à la santé, depuis 2019, la CMU-C (couverture maladie universelle complémentaire) et l’ACS (aide au paiement d’une complémentaire santé) ont été remplacées par la complémentaire santé solidaire. Cette dernière est une aide qui permet de payer vos dépenses de santé. Si vous y êtes éligible et que vous poursuivez des études dans l’enseignement supérieur, la complémentaire santé solidaire peut désormais vous permettre de compléter vos remboursements.
Lutte contre la précarité menstruelle et contraception gratuite pour tous
Pour lutter contre la précarité menstruelle, Sylvie Retailleau a également annoncé le maintien de la distribution gratuite des protections périodiques pour les personnes concernées. « 963 distributeurs qui ont été installés et régulièrement alimentés », indique le ministère.
Par ailleurs, les protections périodiques réutilisables seront remboursées pour toutes les femmes de moins de 26 ans à compter de 2024, selon la ministre de l’Enseignement supérieur.
Par ailleurs, en décembre 2022, le président de la République, Emmanuel Macron, avait également annoncé la gratuité des préservatifs masculins et féminins en pharmacie, pour les jeunes âgés de 18 à 25 ans, ainsi qu’aux mineurs.
Pour la rentrée 2023, de nouvelles mesures ont été annoncées : à savoir des dépistages gratuits et sans ordonnance pour le VIH pour les jeunes de moins de 26 ans, ainsi qu’une prise en charge à 100 % de la contraception d’urgence.
#Rentrée2023 | Assurer votre protection, c’est aussi offrir un moyen de contraception gratuit à tous les jeunes et veiller à votre santé sexuelle.Conformément aux engagements du Président @EmmanuelMacron, d’@Elisabeth_Borne et du @GouvernementFR, nous agissons ⤵️ pic.twitter.com/FOfqSPA6lA
— Sylvie Retailleau (@sretailleau) August 18, 2023
Objectif : favoriser l’insertion professionnelle des jeunes
Si beaucoup d’efforts ont été concentrés sur la formation des jeunes, l’objectif, à terme, est avant tout de sécuriser leur avenir professionnel. Pour accompagner ceux qui se frottent déjà au monde de l’emploi, le gouvernement a pris plusieurs mesures favorisant leur insertion professionnelle.
Reconduction de l’aide pour les entreprises qui recrutent des apprentis
Alors que la crise économique liée à l’épidémie de la Covid-19 laisse craindre une baisse du nombre d’entrées en apprentissage à la rentrée, l’ancienne ministre du Travail, Muriel Pénicaud, annonçait au mois de juin 2020 que les entreprises de moins de 250 salariésqui embauchent des apprentis bénéficieront désormais d’une aide financière. Une aide reconduite pour cette année, qui prolonge donc l’aide exceptionnelle jusqu’au 31 décembre 2023.
Cette prime s’élève à un montant de 5000 € si l’entreprise recrute un apprenti âgé de moins de 18 ans. Si l’apprenti est majeur (jusqu’à 29 ans révolus), l’employeur percevra une aide à hauteur de 8000 €, pour la première année de chaque contrat d’apprentissage qui a été signé entre le 1er juillet et le 31 décembre 2023. Initialement prévue pour les jeunes intégrant un cursus du CAP jusqu’au niveau bac+3, cette prime a finalement été élargie à tous les étudiants jusqu’au niveau master (niveau 7 au RNCP).
Autre mesure prise par le gouvernement pour faciliter la recherche d’entreprise des apprentis dans ces circonstances exceptionnelles : la prolongation de la période préliminaire en CFA jusqu’à 6 mois (au lieu de 3 mois) avant la signature du contrat d’apprentissage. Elle est reconduite cette année, à condition que le contrat soit signé avant le 31 décembre 2022.
Un renforcement des systèmes d’accompagnement déjà en place
Le gouvernement a également annoncé sa volonté d’accompagner les jeunes éloignés de l’emploi en construisant 300 000 parcours d’insertion. Ces parcours seront notamment accessibles via les dispositifs d’inclusion durable dans l’emploi tels que :
- le parcours emploi compétences (PEC)
- le contrat initiative emploi (CIE)
- l’insertion par l’activité économique (IAE)
- la garantie jeunes (GJ)
- le parcours d’accompagnement contractualisé vers l’emploi et l’autonomie (PACEA)
- l’accompagnement intensif jeunes (AIJ)
- le Sésame (emploi dans le sport et l’animation pour les métiers de l’encadrement)