La santé financière des étudiants continue de se dégrader. C’est ce que révèle une étude publiée par l’association Cop1 — Solidarités étudiantes, en partenariat avec l’institut IFOP, ce mardi 12 septembre 2023.
L’enquête dresse un constat accablant. En effet, parmi les 812 personnes de la communauté estudiantine interrogées, un étudiant sur deux affirme avoir déjà sacrifié un repas, tandis que trois quarts d’entre eux ont dû modifier leurs habitudes de consommation à cause de l’inflation.
Budget : Un étudiant sur deux vit avec moins de 100 € par mois, une fois le loyer payé
Ce sont probablement les chiffres les plus alarmants de l’étude. Après déduction du loyer et des charges, 50 % des étudiants vivent avec moins de 100 euros tous les mois. Dans le détail, 45 % d’entre eux n’ont que « entre 50 et 200 € » et, pire, près d’un quart ont moins de 50 €.
Avec une inflation qui se maintient sur l’ensemble du territoire qui se traduit par une hausse des prix des denrées alimentaires, 36 % avouent avoir déjà sauté des repas, faute de moyens financiers. Les principaux concernés sont les étudiants qui ont un emploi en dehors des études (45 %) et les boursiers (42 %).
Pour ne pas se retrouver dans le rouge, les étudiants se tournent vers des solutions de repli à savoir les magasins de hard discount, comme Lidl ou Aldi (69 %). D’autres adoptent des gestes pour limiter le gaspillage alimentaire (73 %), privilégient les repas à domicile (71 %) ou mangent au restaurant universitaire (56 %).
Santé et hygiène : des difficultés qui se perpétuent au sein de la population étudiante
Si le budget alimentaire est une véritable épée de Damoclès pour les étudiants, la santé et l’hygiène ne sont pas non plus épargnées. D’une part, 60 % des étudiants « ont déjà renoncé à une aide médicale ou psychologique par manque d’argent ». D’autre part, 64 % se sont privés de produits d’hygiène pour la même raison.
Quant aux aides médicales, 36 % des sondés affirment y avoir déjà renoncé. Les raisons ? 32 % évoquent « des problèmes d’argent », tandis que 26 % préfèrent prioriser « d’autres besoins » de santé ou des professionnels « trop éloignés de leur domicile » (12 %).
Parmi les difficultés d’accès à la santé, le facteur financier n’est pas le seul pris en compte : 75 % des étudiants s’estiment mal informés sur les aides administratives. Par exemple, c’est une personne sur deux qui ne connaît pas les dispositifs d’aide sur le choix des protections menstruelles. 23 % des étudiantes estiment ne pas « disposer suffisamment » de protections hygiéniques.
55 % des étudiants « ont rencontré des problèmes » pour se loger
Autre constat : la crise du logement. Plus d’un étudiant sur deux a éprouvé des difficultés à trouver son nid pour la rentrée. Néanmoins, les complications subsistent quand ces derniers réussissent à se loger.
Interrogés sur les difficultés à payer les charges de logement, 29 % déclarent ne pas y arriver : 11 % où c’est le cas « assez souvent » et 5 % « très souvent ». Pour le chauffage, 39 % de la population étudiante renoncent régulièrement à l’utiliser, par peur des factures salées et en raison de la hausse des prix de l’électricité.
Pour le président de l’association Cop1, un étudiant sur deux « souffre d’une manière ou d’une autre»
Invité sur Franceinfo ce matin, le président de l’association, Benjamin Flohic, a alerté sur la précarité de la communauté estudiantine qui ne cesse de prendre de l’ampleur en raison de l’inflation.
“Le baromètre le montre, les étudiants sont un public fragile et se trouvent dans une situation de difficulté assez grave”, a-t-il averti, avant de poursuivre : “On retrouve des problématiques de repas, de logement et aussi de solitude”.
Le président de Cop1 précise aussi que le public en situation précaire “est de plus en plus différent”, avec des étudiants qui étaient “plutôt stables” avant la crise sanitaire et l’inflation et qui ont basculé dans la pauvreté. “On a des étudiants qui nous disent ‘à partir du 10 du mois’, je n’ai plus d’argent”, se désole-t-il.
🗣 “On a un public de plus en plus différent”, alerte le président de Cop1. “On a des étudiants qui nous disent ‘à partir du 10 du mois, je n’ai plus d’argent’. La moitié des étudiants, après avoir payé le loyer et les charges, se retrouve avec 100 euros de reste à vivre.” pic.twitter.com/MQ5PRqOA5b
— franceinfo (@franceinfo) September 12, 2023