Le ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye souhaite rendre le SNU (Service national universel) obligatoire dès 2024. Ce projet concernerait tout d’abord six départements (le Finistère, la Dordogne, le Var, le Cher, les Hautes-Alpes et les Vosges), avant d’être déployé sur tout le territoire.
En 2025, l’obligation s’appliquerait à 20 départements français, puis à la totalité d’entre eux l’année suivante. Le but ? S’adresser à 800 000 élèves en France. La décision finale sera prise par le Président de la République Emmanuel Macron, aux alentours du printemps 2023.
En attendant sa révélation, les premiers séjours de cohésion du SNU ont démarré au mois de février. Cette année, le programme pourrait accueillir plus de 60 000 volontaires.
Le SNU : un dispositif d’engagement
Le Service national universel est un programme gratuit créé en 2019 par l’ancien Premier ministre Édouard Philippe visant à former une jeunesse engagée et à l’impliquer dans la vie de la Nation.
32 000 volontaires mobilisés en 2022
Il est réservé aux jeunes de nationalité française, âgés de 15 à 17 ans. Ces derniers peuvent être scolarisés en classe de seconde générale ou technologique ou en première année de CAP. Les volontaires non scolarisés doivent être âgés de 16 ans minimum pour s’engager.
Le parcours du SNU est composé de trois phases :
- Deux semaines de cohésion dans un département autre que le leur, pour découvrir un territoire différent, faire de nouvelles rencontres et développer leur culture de l’engagement. Pendant ces deux semaines, les volontaires participent à des activités de cohésion, comme des activités sportives et culturelles, des ateliers ou encore des rencontres avec des professionnels.
- Une mission d’intérêt général de 12 jours hors temps scolaire de façon ponctuelle ou régulière, à réaliser dans l’année qui suit le séjour de cohésion. La structure intégrée reste au choix des volontaires. Ils peuvent se diriger vers les associations, les collectivités territoriales, les établissements de santé, les services de police et de gendarmerie ou encore l’armée.
- Un engagement volontaire à l’issue de la mission d’intérêt général, pour poursuivre dans un dispositif de volontariat comme le service civique, le service militaire volontaire ou bien les jeunes sapeurs-pompiers. Cette dernière phase peut être réalisée jusqu’à l’âge de 25 ans, en France ou à l’étranger, et est facultative.
Un séjour de cohésion imposé sur le temps scolaire
Deux milliards d’euros par an pour mettre les jeunes au pas. C’est ce que coûterait à l’État ce projet lié au SNU.
Actuellement sur la base du volontariat, il existe la possibilité que le dispositif devienne obligatoire. En effet, le ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Pap Ndiaye, et la secrétaire d’État à la jeunesse et au service national universel, Sarah El Haïry, continuent de promouvoir le programme, au point de vouloir le rendre incontournable.
Pour ce faire, celui-ci serait intégré à l’emploi du temps scolaire et il serait donc impossible d’y échapper. En bref, il faudrait compter deux semaines de Service national universel intégrées au parcours académique pour tous les lycéens de seconde, dès janvier 2024. Une décision qui inquiète un certain nombre de parents et enseignants.
#SNU jour 10 !Au centre SNU de l’Essonne, journée sportive et découverte du handisport pour les jeunes !Au programme : sports coopératifs, basket-fauteuil et parcours cécité. Les jeunes volontaires du #SNU ont ensuite échangé avec des personnes en situation de handicap. pic.twitter.com/Z6SeFJPeRw
— Sarah EL HAÏRY (@sarahelhairy) March 1, 2023
Un projet qui ne fait pas l’unanimité
Depuis l’annonce de la possible obligation du SNU pour les jeunes d’ici 2024, certains groupes parlementaires et enseignants n’hésitent pas à exprimer leur indignation et surtout leur opposition sur les réseaux sociaux.
Parmi les principaux opposants au SNU obligatoire, on retrouve la NUPES en première ligne, qui dénonce un « dispositif indécent », qui soumet les mineurs à « des activités à connotation faussement militaire. »
Nous apprenons ces jours-ci par voie de presse que le gouvernement entend rendre la participation au service national universel (#SNU) obligatoire pour les lycéens de divers départements dès 2024.Notre groupe s’oppose totalement à une telle obligation faite à des mineurs. ⤵️ pic.twitter.com/aEeQQv6HaN
— Groupe parlementaire La France Insoumise - NUPES (@FiAssemblee) February 27, 2023
D’autres critiques se portent sur le coût demandé pour la mise en place du SNU, régulièrement mis en parallèle avec les moyens investis dans l’éducation. Par exemple, dans le Finistère, 35 postes d’enseignants sont sur le point d’être supprimés et plus d’une cinquantaine de classes risquent d’être fermées. Des décisions qui ne sont pas sans conséquences pour l’apprentissage des jeunes.
Le Ministère @education_gouv est prêt à débourser des milliards d’€ pour le Service National Universel avec expérimentation dans le #Finistère, et dans le même temps il supprime des postes dans nos #ecoles. Cherchez l’erreur !Mon communiqué ⤵️@fede_PS29#circo2906#SNUpic.twitter.com/RM6uWLRAky
— Mélanie THOMIN, députée du Finistère (@Mel_Thomin) March 2, 2023
Selon un certain nombre d’enseignants qui s’expriment sur Twitter, ne serait-il donc pas plus pertinent d’améliorer les conditions des élèves, tout particulièrement en période d’inflation ?
SNU = 3500€ par ado (110m pour 32 k jeunes en 2023). Tout ce fric pour que votre gamin passe 12 jours à faire des pompes et chanter la Marseillaise à 7h avec des BAFA et des réservistes. Macron veut sa généralisation.Une ANNÉE scolaire entière ? 8000€. Financez l’école plutôt.
— Gabriel Lattanzio (@GabLattanzio) March 1, 2023
Cette nouvelle semble alors faire polémique, mais, pour rappel, elle reste un souhait du ministère de l’Éducation nationale et n’est pour l’instant pas actée.
Les prochains séjours de cohésion, non obligatoires, auront lieu du 11 au 23 juin 2023 (date limite d’inscription le 16 avril) et du 4 au 16 juillet 2023 (date limite d’inscription le 8 mai).