Jordan, 25 ans, a vu ses rêves mis en pause quand ses vœux ont été refusés sur Mon Master. Le jeune homme, titulaire d’une licence en psychologie obtenue à Reims, brigue une carrière en psychologie sociale. Pour ce faire, il visait une entrée en master Psychologie sociale du travail des organisations.
Il a su rebondir grâce à un service civique de 8 mois, réalisé entre l’automne 2024 et le printemps 2025. C’est via Unis-Cité que Jordan trouve sa mission. Celle-ci s’est déroulée au sein de Re’Pairs Santé — un programme qui réalise des actions de sensibilisation et de prévention auprès des jeunes, autour des addictions et de la santé mentale : le tabac, l’alcool, les écrans, le consentement, la dépression, etc.
Aujourd’hui, le jeune homme attend sa rentrée de pied ferme. En septembre, il commencera le master qui lui permettra de réaliser toutes ses aspirations ! Diplomeo l’a interrogé.
Tu as un parcours assez atypique. Peux-tu revenir sur tes années lycée ?
J’ai commencé avec un bac pro Menuiserie. Au collège, mes professeurs ne m’ont pas trop laissé le choix. Ils ne me voyaient pas ailleurs que dans une filière professionnelle. Résultat : la menuiserie ne me plaisait pas vraiment.
Ensuite, j’ai décroché un deuxième bac : le bac pro Forêt, à la suite duquel j’ai été bûcheron pendant presque un an. J’ai arrêté parce que ça ne me plaisait pas. Et puis, c’est un environnement de travail qui se caractérise par énormément de risques d’accidents, ce qui n’aide pas.
Menuisier, bûcheron… Comment t’es-tu tourné vers la psychologie ?
Ma première porte d’entrée dans l’univers de la psychologie a été à travers l’hypnose, par le biais d’un ami qui la pratiquait en thérapie. J’étais curieux de comprendre comment ça fonctionnait, jusqu’à tenter d’en maîtriser les techniques.
En classe de première, au moment où je préparais mon bac pro Menuiserie, j’ai dit à un professeur que je voulais arrêter et aller à la fac pour devenir hypnothérapeute. Je n’oublierai jamais ce qu’il m’a répondu : « Ce n’est pas un métier et encore moins un métier pour nous. Nous, il faut qu’on utilise nos mains. »
« Alors, c’est parti pour mon troisième bac ! »
Par ailleurs, j’ai été sensibilisé assez tôt à la souffrance au travail. Que ce soit en menuiserie ou en étant bûcheron, j’ai été confronté à des personnes qui ne se sentaient pas bien dans leur environnement professionnel. Je me suis toujours demandé : « Pourquoi faire quelque chose d’aussi prenant dans sa vie, si cela ne nous plait pas ? ». Je me suis aussi posé des questions sur tous les impacts que cela pouvait avoir, même dans sa vie personnelle.
Et puis, j’ai moi-même vécu l’épuisement professionnel avant d’arrêter le bûcheronnage. Je ne savais pas quoi faire et j’ai pu compter sur ma mère. Elle m’a encouragé à me lancer dans le domaine qui me plaisait réellement : la psychologie.
Après tes deux baccalauréats, direction Parcoursup pour intégrer une licence de psychologie ?
Pas immédiatement ! Après avoir arrêté le bûcheronnage, j’ai contacté l’université de Poitiers et j’ai cru comprendre que je devais absolument avoir un bac général pour pouvoir candidater à la fac. Évidemment, cela est faux, mais je ne le savais pas à cette époque.
Alors, c’est parti pour mon troisième bac ! J’ai eu la chance de pouvoir reprendre en première, sans passer par la seconde, car mes notes en pro étaient plutôt bonnes. Mais, j’ai dû fournir un travail personnel conséquent pour me mettre à niveau, surtout en langue vivante, physique-chimie et français.
« La phase complémentaire, c’est la pire phase parce que l’on continue à avoir de l’espoir. »
Finalement, j’ai décroché mon bac avec la mention Bien et j’ai pu intégrer la licence de psychologie de l’université de Reims Champagne-Ardenne. Mon objectif d’alors : devenir psychologue-psychothérapeute. En L3, vient l’heure du choix de la spécialité et j’opte pour la psychothérapie.
Ta première expérience sur Mon Master ne s’est pas bien passée. Peux-tu raconter ?
Pour la procédure Mon Master 2024, j’avais demandé en priorité des masters en psychothérapie, notamment à Reims, Metz et Dijon.
Ce qu’il s’est passé, c’est que très vite, en licence, je me suis pris de passion pour la psychologie sociale. Mes professeurs me voyaient poursuivre dans cette voie en master, mais j’étais mal informé sur les débouchés.
« En service civique, c’est surtout la motivation qui compte pour trouver sa mission. »
J’ai donc privilégié les masters en psychothérapie et les chargés d’admission ont finalement bien fait leur travail : ils ont bien compris qu’une autre spécialité me correspondait plus. Finalement, je n’ai pas été pris lors de la phase principale d’admission Mon Master.
Ensuite arrive la phase complémentaire. C’est la pire phase parce que l’on continue à avoir de l’espoir, à tel point que je n’ai pas cherché de plan B. J’y ai cru jusqu’au dernier moment, à la mi-août, avec la phase de gestion des désistements. J’avais pu demander un master en psychologie sociale, mais j’ai été placé sur liste d’attente, avec deux personnes devant moi.
Tu as pu rebondir grâce au service civique. Comment-as-tu trouvé ta mission ?
Début septembre, j’ai échangé avec Unis-Cité. Avant cela, je m’étais tourné vers mes professeurs et une conseillère d’orientation pour mieux aborder la phase complémentaire. Et ensuite, vers la mission locale, avant d’atterrir sur le site d’Unis-Cité. Je check les offres et j’en vois dans tout plein de domaines : écologie, sport, éducation…
« C’est à nous de nous saisir de notre service civique. C’est à nous d’en faire une opportunité. »
Moi, c’est le programme Re’Pairs Santé qui a attiré mon attention. J’ai décroché un entretien et le lendemain, j’avais ma réponse : j’étais pris ! En service civique, c’est surtout la motivation qui compte pour trouver sa mission.
Qu’as-tu pu mettre en place durant ta mission ?
Lorsqu’on commence sa mission, on nous dit très vite que c’est à nous de nous saisir de notre service civique. C’est à nous d’en faire une opportunité. On peut réaliser des choses incroyables comme vivre une longue cour de récréation.
Pour ma part, j’ai pu créer un escape game narratif avec plus de 170 choix possibles. Le joueur incarne un étudiant en milieu festif et doit éviter de faire des choix dangereux. C’était un défi d’écriture et de réflexion. J’ai également pu me frotter au codage pour créer certains outils.
« J’avais besoin du service civique (…) Je suis heureux de l’avoir fait. »
Ma mission m’a aussi aidé à renforcer ma faculté d’adaptation. Je pouvais intervenir auprès de jeunes âgés de 16 à 25 ans, mais aussi auprès de collégiens. J’ai aussi animé des sessions de sensibilisation auprès d’adultes qui ne savaient pas lire et de personnes en situation de handicap. Il fallait adapter son discours et faire preuve de flexibilité.
On travaille également avec des volontaires qui n’ont pas la même expérience académique ni le même niveau d’investissement que nous. Cela peut être un défi.
En quelques mots, qu’est-ce que t’a apporté le service civique ?
Le service civique m’a apporté une dimension humaine extraordinaire. J’ai pu sortir de mon environnement habituel, académique et théorique. J’ai développé des qualités interpersonnelles que je n’avais pas non plus.
« Avec ce dispositif, on bénéficie d’une liberté créative exceptionnelle. »
Je me suis rendu compte que j’avais besoin de faire ce service civique. J’en avais besoin pour voir autre chose que la fac. Je suis heureux de l’avoir fait. Je recommanderais à tous les étudiants qui en ont la possibilité de réaliser un service civique. Cela remet les pieds sur terre.
Et où en es-tu maintenant ? Quid de cette rentrée 2025 ?
J’ai été pris en master Psychologie sociale du travail des organisations pour cette rentrée 2025. J’ai finalisé mon inscription 20 minutes seulement avant que tu m’appelles !
Non seulement mon service civique était en lien avec la thématique du master que je visais, mais en plus, j’ai pu réaliser énormément de projets formateurs. Avec ce dispositif, on bénéficie d’une liberté créative exceptionnelle. Je ne pense pas que j’aurai d’autres occasions dans ma vie de faire autant de choses, comme je le veux. Les prochaines fois, en poste, il y aura plus de limites !