L’EM Normandie, ses spécificités, ses diplômés, ses programmes, ses différents campus. Dans une longue interview accordée à Diplomeo, Jean-Guy Bernard, directeur de l’établissement, évoque les différents problèmes de l’école.
L’école, ses spécificités et ses points forts
Quelles sont les spécificités de l’EM Normandie ?
Nous sommes la seule grande école de commerce à recruter à la fois post-bac, en classe prépa et en admissions parallèles. D’habitude, les élèves sont recrutés soit après le bac, soit en admissions parallèles. Or, nous avons trois niveaux de recrutement pour le même grade de master à la sortie, voilà la marque de fabrique d’origine. Deuxième spécificité : nous avons plusieurs campus ou antennes associés : deux gros campus historiques, le Havre et Caen et deux campus associés qui grossissent chaque année, Paris et Oxford. Au niveau pédagogique, nous sommes à la pointe de la nouveauté avec la smart école, nous avons donc un centre de production de e-learning intégré à l’école avec quatre personnes qui y travaillent, que ce soit en formation initiale ou en formation continue.
Nous avons transformé une bonne partie de nos enseignements selon l’évolution du multimédia. Nos grandes spécialités sont la logistique, le portuaire et le maritime. Nous avons donc comme spécialité tout ce qui touche au développement territorial et à l’intelligence économique. Nous sommes une des trois grandes références auprès du ministère de l’Enseignement supérieur. Nous avons de nombreuses formations qui tournent autour des systèmes d’information, du numérique et autres, valorisées par les professionnels, et ce, depuis longtemps.
Quels sont les points forts d’un diplômé de l’EM Normandie par rapport à un diplômé d’une autre école de commerce ?
Par rapport à une autre école de commerce, je ne sais pas, c’est trop absolu comme raisonnement. Toutefois, au niveau des savoirs, on souhaite les optimiser au maximum. Pour illustrer, je prendrais l’exemple du e-learning, de cette façon d’apprendre et d’enseigner autrement. Quand ils arrivent sur le marché du travail, nos diplômés sont familiarisés avec le travail collectif, le travail à distance. Ils vont pouvoir manier les outils. Toutes ces choses sont des choses qu’ils vont développer au quotidien. De cette manière, le diplômé sera directement performant à son arrivée dans le monde de l’entreprise.
On a aussi un modèle pédagogique HEC entrepreneur qui va permettre à chaque étudiant de s’impliquer dans trois, quatre ou cinq missions réelles, comme un consultant junior. Il pourra alors voir les différentes fonctions d’une entreprise.
Un master grande école, c’est un master généraliste même s’il y a des options, et nos étudiants quelque soit l’option de spécialité appréhenderont les différentes fonctions d’une entreprise : innovation marketing, vente, comptabilité, gestion, système d’information. Pour renforcer ces compétences, nous avons misé sur l’alternance, que ce soit via l’apprentissage ou les contrats de professionnalisation.
Nous considérons que quelque soit le campus, nous leur apprenons à près tout : des techniques de marketing, de vente, de comptabilité… On leur donne la colonne vertébrale : un certain nombre de principes, de comportements humains et dans l’entreprise, un grand nombre de valeurs. Nous faisons en sorte que, quelle que soit la situation économique, ils véhiculeront ses valeurs quand ils seront dans le monde professionnel.
Nous essayons aussi de leur donner un maximum de culture générale parce que l’on considère que cela va de pair avec cette colonne vertébrale. Quelqu’un qui a une bonne culture générale va facilement évoluer vers des fonctions de manager.
Quel est le pourcentage d’élèves en alternance à l’EM Normandie ?
On dépasse les 30 %, au niveau de ceux qui font le cycle master 2. Nous allons probablement arriver cette année à un pourcentage d’alternants égal à 50 %. Sur environ 600 élèves de master, il y aura environ 300 alternants.
L’alternance connaît un énorme succès chez nous, non seulement du côté des élèves, mais aussi des entreprises. Premièrement, grâce à l’hyperprofessionnalisation.
Deuxièmement, la plupart des étudiants qui sont dans un système d’alternance se voient par la suite proposer un contrat de travail. Dans les autres cas, une autre entreprise vient les chercher compte tenu de l’expérience qu’ils ont eue.
L’alternance a un autre atout très intéressant : les étudiants ne payent pas de frais de scolarité et touchent un salaire pendant la formation, même s’il est petit.
C’est un très gros point fort de l’école et des étudiants qui sont tout de suite adaptables au monde de l’entreprise.
Quel est le taux d’insertion professionnelle du Programme Grande École ?
Aux alentours de 92 %, 4 mois après la fin des études. Le dernier n’est pas encore sorti, puisque les diplômes sont délivrés au mois de mars. En ce qui concerne les alternants, le taux d’insertion est de 97 %, 4 mois après l’obtention du diplôme.
L’EM Normandie à l’international, l’ouverture de nouveaux campus
Vous avez parlé du campus d’Oxford, avez-vous d’autres projets de campus à l’étranger ?
Aujourd’hui, nous faisons vivre quatre campus. Nous faisons progresser le campus d’Oxford ayant commencé avec une promotion de 40, l’effectif sera doublé à la rentrée prochaine. D’ici peu de temps, nous compterons 200 élèves à Oxford.
Je pense que chaque école a sa stratégie. Nous avons anthologiquement deux campus, quatre en totalité. Nous avons eu des propositions pour un certain nombre de destinations, nous envisagerons peut-être un cinquième campus moins gros que nos campus normands, qui sait. Cependant, pour l’instant, nous nous concentrons sur notre évolution et notre développement sur les différents campus avant d’en ouvrir un ailleurs. Ce ne serait pas en Europe, plutôt vers l’Asie peut-être, où il y a des opportunités assez importantes.
L’EM Normandie a un projet de construction d’un nouveau bâtiment au Havre, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Sur le campus de Caen, une construction de 2000 mètres carrés supplémentaires va être livrée cet été. Le campus fera donc 10 000 mètres carrés et sera inauguré au mois de juillet.
Sur le Havre, c’est différent. Toute l’école va déménager pour placer tous les étudiants dans le nouveau campus que nous allons faire construire. Ils étaient auparavant dispersés entre notre campus historique et un bâtiment tout neuf que nous avions en commun avec l’École nationale supérieure de la Marine marchande (ENSMM).
Mais les effectifs ne cessent d’augmenter, donc ce grand bâtiment de 10 000 mètres carrés va être construit en complément de l’ENSMM. Ce nouveau site se situera à la fois dans le centre-ville, sur les quais et en bord de mer : une situation absolument exceptionnelle. Il sera opérationnel pour 2019.
Les projets et l’avenir de l’EM Normandie
Quels sont vos projets en cours ?
En termes de bâtiments, nous allons probablement doubler notre surface à Paris, ce sera pour la rentrée 2017. Sur Oxford, nous avons pris tout un étage, trois salles plus une salle partagée.
En termes de formations, de nouveaux programmes ?
On est en train de travailler sur le programme grande école, on va développer une ouverture sur les métiers liés au développement territorial et tout ce qui touche aux équipements liés à la fibre optique sur le territoire. Il n’y a pas de manager à ce niveau-là, nous allons donc démarrer quelque chose d’expérimental sur la région normande, qui je pense, risque d’être transplanté à Paris, car c’est la ville où se trouvent les différents opérateurs. Sur la Normandie, nous allons continuer à développer des produits tant en formation continue, des cursus sur management de crise, la supply chain, le portuaire, le maritime,…
Vous parliez d’augmentation, du nombre d’étudiants, d’ici 5 ans, combien y aura-t-il d‘étudiants en plus à l’EM Normandie ?
Je dirais 400 à 500 tout campus confondus.
Comment voyez-vous l’EM Normandie dans quelques années ?
Comme une école qui aura toutes les accréditations, — il ne lui en manque plus qu’une — avec des campus qui auront atteint leur taille maximale. Mais nous n’avons pas l’obsession de la taille. Nous voulons une croissance maitrisée.
Nous avons grossi de près de 50 % avec des spécialisations et de points forts parfaitement repérés tant au niveau national qu’international, tant au niveau académique que du côté des entreprises.
Chaque année, nous envoyons 800 étudiants à l’étranger et nous en recevons presque autant venus de l’international. Nous avons des partenaires de qualité. La professionnalisation va continuer à s’accroître grâce aux services de l’état qui permet à l’alternance de se développer.
Jean-Guy Bernard, sa personnalité, son parcours, ses projets
Si vous n’aviez pas le monde de l’éducation et de la pédagogie, qu’est-ce que vous feriez aujourd’hui ?
J’aurais pu être officier pour suivre une partie de la famille. Une autre voie m’a tenté, j’aurais pu être médecin.
Officier, j’ai beaucoup hésité à le faire. C’était une période où l’armée se cherchait. À cette époque, c’était plutôt calme alors je me disais qu’étant jeune, la vie de caserne peu mouvementée ne m’intéressait pas vraiment, même si des années après il y a eu du mouvement. Mais une partie de mon caractère y correspond tout de même.
Puis médecine, je ne m’y suis pas risqué, car j’avais obtenu un bac littéraire avec allemand en première langue, latin, un peu de grec, puis de l’anglais. À l’époque, il était préférable d’avoir un bac C, équivalent du bac S, pour faire médecine. J’aurais pu faire le transfert, mais je n’ai pas tenté le concours de médecine.
Y a-t-il une personnalité qui vous inspire particulièrement ?
J’aime ceux qui sont des hommes d’action, qui conservent tout au long de l’action une éthique et un comportement et qui savent préserver des valeurs. Dans les métiers d’armes par exemple pour la médecine, il pourrait y avoir plusieurs personnes, mais une personne emblématique non. C’est plutôt un type de personnages, qui depuis que je suis tout petit, par tradition familiale, m’a touché et donné en exemple.
Si vous deviez choisir un mot pour définir l’EM Normandie ?
Accompagnement.
À l’EM Normandie, il y a un esprit d’accompagnement, un esprit de famille. Nous avons beaucoup progressé dans les derniers classements d’écoles de commerce. Les étudiants que nous avons sont de très bons étudiants. Mais nous avons toute une gamme d’étudiants, nous n’avons pas que le haut du panier comme certaines grandes écoles. Les familles des étudiants nous disent qu’elles ressentent cet esprit d’accompagnement, cet esprit de famille qui fait que l’on amène les étudiants jusqu’au bout. Nous ne voulons laisser personne sur le bas-côté. Accompagnement et famille, voilà ce qui caractérise l’EM Normandie.
Que souhaiteriez-vous réaliser pour pouvoir avoir accompli votre mission de directeur ?
Alors ce que je souhaiterais, c’est obtenir l’accréditation qui manque à l’EM Normandie, afin de toutes les avoir. Ce serait le kilo de cerises sur le gâteau. Je souhaiterais également avoir réussi à développer harmonieusement les différents sites en étant fidèle à notre territoire d’origine qui est lié à notre nom. Lorsque nous avons commencé avec l’EM Normandie, cela n’a pas toujours été simple. Mais les acteurs territoriaux nous ont soutenus, ont cru en nous, nous ont aidés. Nous avons toujours réussi à être fidèles, et à travailler au bénéfice de ce territoire. Même lorsque l’on est à Paris ou à Oxford, nous faisons tout notre possible pour que cela revienne sur la Normandie, parce que c’est notre territoire et que nous y croyons. J’espère également que les équipes qui ont travaillé et qui vont travailler avec moi ont trouvé ou trouveront un peu de plaisir à l’aventure de l’EM Normandie, à partager cet esprit collectif. J’espère que la personne qui me succèdera dans quelques temps maintiendra ce cap, que j’espère avoir réussi à donner à l’EM Normandie.