CESI est un réseau de 25 campus d’enseignement supérieur et de formation professionnelle. Ce leader de l’apprentissage représente 24 000 apprenants, dont 14 000 apprentis sur tout le territoire français. Dans la continuité de ses actions en faveur de l’insertion, CESI s’engage constamment dans une démarche pour l’intégration d’apprenants, quelle que soit leur situation, ce qui peut être freiné par la crise sanitaire traversée actuellement par le monde entier. Diplomeo a interviewé Xavier Révérand au sujet de l’impact du Covid-19 sur l’enseignement et sur l’alternance.
Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Je travaille à CESI depuis plus d’une dizaine d’années. J’étais directeur d’un département en région et depuis un an et demi je suis à la direction générale de deux écoles : l’une ciblée sur les salariés et les demandeurs d’emploi, CESI École de Formation des Managers, puis la seconde, CESI École Supérieure de l’Alternance.
Comment avez-vous géré vos activités pendant la période de confinement ?
À l’annonce du confinement, nous avons mis en place toutes les équipes de nos 25 campus pour assurer l’ensemble de nos cours à distance. Des séquences pédagogiques se déroulaient pendant toute la journée avec un intervenant qui proposait aux étudiants des travaux de groupe, ou individuels, afin de faire des cours à distance un système assez dynamique. Le but était de fournir aux étudiants un maximum d’outils pour qu’ils puissent développer des moments synchrones et qu’il y ait un certain nombre d’interactions. On proposait aussi aux stagiaires de travailler ensemble sur des exercices, des QCM et des capsules digitales que nous avions mises en place. Cela a très bien fonctionné pendant la période de confinement, l’ensemble des cours s’est plutôt bien passé et nous sommes très satisfaits ! Nous nous sommes donc aperçus que nous pouvions faire beaucoup de choses à distance et maintenir la pédagogie sans trop de problèmes.
Les étudiants qui étaient en stage et alternance ont-ils réussi à maintenir leur poste ?
20 à 25 % de nos jeunes étaient en activité partielle. En ce qui concerne les ruptures de contrat en entreprise, nous ne sommes pas trop impactés, nous devons avoir entre 4 et 5 cas de rupture de contrat, ce qui représente une minorité sur plusieurs milliers d’apprenants. Globalement la situation est plutôt bonne, nous avons réussi à maintenir la continuité pédagogique et les apprenants ont maintenu leur poste, soit en télétravail, soit en activité partielle.
Qu’avez-vous mis en place pour venir en aide aux étudiants ayant perdu leur poste ?
Il existe déjà un dispositif légal pour les apprentis, nommé la “période intercontrat”. Cela signifie que les étudiants disposent d’une période de 6 mois entre le moment où ils perdent le contrat et le moment où ils doivent en retrouver un autre. Nous les accompagnons énormément pendant cette période, afin de les aider à retrouver une entreprise à l’aide d’ateliers de recherche d’entreprise… De plus, nous avons un réseau d’entreprises sur lequel on essaie d’interagir. Cependant, nous voyons qu’en ce moment la priorité des entreprises n’est pas d’embaucher des alternants, mais nous faisons de notre mieux pour accompagner les étudiants pendant la période d’intercontrat.
Comment se passe l’attribution du diplôme aux étudiants en dernière année n’ayant pas effectué leur stage ?
Si les jeunes n’avaient pas de stage en fin de parcours, nous avions plusieurs solutions : soit ils ont acquis suffisamment d’expérience en entreprise et on les laisse se présenter à la soutenance ainsi que nous soumettre leur mémoire. Soit ce n’est pas le cas, et il faudra certainement prolonger le contrat ou en retrouver un dans une autre entreprise, pour que les étudiants aillent jusqu’au bout dans leurs actions. En somme, il faut qu’ils aient suffisamment de matériel pour pouvoir se présenter au mémoire et à la soutenance. Nous avons d’ailleurs eu quelque cas de ce type cette année, car la période du covid a duré plusieurs mois et certains arrivaient déjà en fin de parcours. Il fallait donc vérifier qu’ils aient suffisamment de bases pour pouvoir se présenter. Dans ces situations-là, nous sommes un peu au cas par cas.
Pensez-vous que les étudiants vont avoir du mal à décrocher une alternance pour la rentrée prochaine ?
J’ai un tempérament et une vision assez optimistes des choses pour l’instant, parce qu’autour de nous on voit qu’il y a un certain nombre de secteurs qui subissent effectivement, mais l’avantage de notre offre de formation c’est qu’elle s’adapte à beaucoup de secteurs d’activité. Bien que certains en souffrent et vont souffrir, il y en a d’autres qui s’en sortent plutôt bien. On peut donc espérer que notre secteur s’en sorte, et nous allons aider nos étudiants dans ce sens-là. Dans tous nos campus, nous avons des ateliers de technique de recherche d’entreprise, des personnes qui accompagnent les jeunes et les aident à cibler les secteurs d’activité qui se débrouillent plutôt bien au fur et à mesure de l’avancée de la pandémie.
Sentez-vous vos étudiants inquiets ?
Oui, on les sent forcément inquiets. Néanmoins, les jeunes qui veulent faire de l’alternance sont motivés et en ont réellement envie, donc les candidats sont toujours là, ils participent à tous nos ateliers à distance, on les accompagne toujours autant voire plus que jamais. Par conséquent, pour l’instant, nous ne voyons pas de grosses répercussions chez nos candidats. En revanche il est encore tôt, nous attendons que la situation évolue, même si nous ne sommes pas du tout pessimistes.
Que pensez-vous des mesures proposées par le gouvernement pour contribuer au maintien de l’embauche en alternance ?
Évidemment nous sommes preneurs. De toute façon pour le moment, ce ne sont que des sollicitations à la fois des branches et des organismes de formation, mais au niveau du gouvernement rien n’est acté. Toutefois, tout ce qui pourrait encourager l’apprentissage est bon à prendre.
Quels conseils pourriez-vous donner aux étudiants qui recherchent une alternance pour septembre 2020 ?
Le premier conseil que je pourrais leur donner est de se rapprocher de leur organisme de formation. Tout simplement parce que nous sommes les plus indiqués pour les renseigner et sommes au cœur des mesures qui doivent être mises en place. Nous pouvons les conseiller à propos des secteurs qui vont s’en sortir le mieux et les aiguiller dans leur recherche d’entreprise. Je les invite également à aller à la rencontre des conseillers de formations pour bénéficier d’un réel accompagnement, que ce soit pour s’entraîner aux entretiens téléphoniques, physiques, à la rédaction du CV, de la lettre de motivation... De plus, il faut cibler et favoriser les secteurs d’activité qui s’en sortent dans des situations comme celle que nous traversons actuellement pour viser un métier dont l’activité ne s’arrête pas de préférence. Enfin, faire de la veille sur les réseaux sociaux est aussi une bonne manière de trouver une entreprise.
