Le PASS (Parcours Spécifique avec Accès Santé) est désormais la nouvelle première année de médecine. Il est, avec la L.AS (Licence avec option Accès Santé), l’un des deux parcours désignés par la réforme santé, portée par le ministère de l’Enseignement supérieur, permettant d’accéder à une deuxième année d’études de médecine. Néanmoins les débuts du remplaçant de la PACES ne sont pas simples, notamment lorsqu’il s’agit de se réorienter. Zoé, 20 ans, qui a inauguré la première promotion PASS en sait quelque chose !
Les élèves en réorientation sont-ils laissés à l’abandon ?
« Rien ou presque ne s’est passé correctement dans cette réforme précipitée », affirme la jeune fille, « en novembre, certaines modalités d’examen ont été modifiées alors qu’ils se déroulaient en décembre. Par exemple, fin mars, une épreuve d’anglais a été ajoutée pour notre examen final en mai. Personne n’avait de réponse à nos questions, et la problématique de la Covid n’a pas aidé ».
L’accompagnement dans le processus de réorientation ne semble pas optimal si l’on en croit le témoignage de Zoé : « L’université de Lille ne m’a rien proposé, je pense que tout le monde était perdu face à cette réforme soudaine », explique-t-elle, avant d’ajouter : « Comme je n’ai pas validé ma PASS, je ne pouvais pas aller en LAS1, et puisque je ne m’étais pas inscrite sur Parcoursup®, je n’avais aucune solution qui me plaisait en France. »
La jeune fille a choisi d’effectuer son second choix outre-Quiévrain, plutôt que de faire quelque chose qu’elle n’aime pas. C’est une décision judicieuse qu’elle ne regrette en aucun cas. Finalement, c’était peut-être un mal pour un bien.
Gardez en tête que même si vous êtes sûr de vous et que vous avez toujours eu un bon niveau scolaire, faire médecine n’est pas chose facile. Zoé, qui a toujours eu des facilités et qui a même effectué une classe préparatoire pendant son année de PASS, s’est pourtant retrouvée en échec. Si vous aspirez à devenir médecin, vous le savez, il vaut mieux prévenir que guérir. L’anticipation est donc la clé d’une réorientation réussie. Et Diplomeo vous aide à anticiper en vous exposant les différentes options qui s’offrent à vous !
Quelles sont les poursuites d’études possibles après un échec en PASS ?
Tout d’abord, il faut savoir qu’il n’est pas possible de redoubler son année de PASS, et depuis peu, de L.AS non plus, d’autant plus que la réforme ne cesse d’être réajustée.
Les différentes options après une année de PASS
Il y a trois cas de figure possibles à la fin d’une année de PASS :
- Vous réussissez l’année brillamment : entrée en études de santé MMOPK (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie, Kiné).
- Vous réussissez vos partiels, mais vous n’êtes pas assez bien classé pour aller en deuxième année d’études médicales : réorientation en LAS 2 dans votre licence mineure
- Vous ne réussissez pas vos partiels :
- vous vous réinscrivez sur Parcoursup®
- vous ne vous réinscrivez pas sur Parcoursup® (par choix ou par oubli)
- vous faites une pause dans vos études
© pass-sante.com
D’après l’ANEMF (Association Nationale des Étudiants en Médecine de France), cette réforme a pour objectif de « limiter » les échecs en première année d’études de santé et d’attirer des profils d’étudiants différents et non plus exclusivement scientifiques. Exit le concours d’entrée, fini le numerus clausus, place au numerus apertus. Les universités fixent elles-mêmes leur capacité d’accueil et l’accès en deuxième année de médecine se fait en fonction des notes d’examen. Mais alors, que faire en cas d’échec ?
Se réorienter en LAS 2 et valider une licence
Les LAS constituent le grand changement par rapport à la PACES, puisqu’il s’agit d’une centaine de licences universitaires qui proposent toutes une option « Accès Santé », qui n’est qu’une option « mineure » dans le cursus LAS et « majeure » dans le Parcours Accès Santé.
La deuxième année de LAS permet donc à ceux qui n’ont pas réussi le concours d’entrée en deuxième année de médecine de ne pas redoubler leur année, mais aussi de retenter leur chance au concours s’ils le souhaitent. Mais attention : l’entrée en LAS 2 est conditionnée par une réussite aux partiels de première année. Par exemple, Zoé, qui a obtenu son bac S avec mention « très bien », a échoué aux partiels, alors même qu’elle était inscrite en prépa médecine, afin de maximiser ses chances de réussite. Confiante, elle n’a pas émis de vœux sur Parcoursup®, car elle ne s’attendait pas à un échec : « ne m’étant pas réinscrite sur Parcoursup® puisque je pensais pouvoir accéder à la LAS, je me suis retrouvée mi-mai sans aucune solution pour la rentrée de septembre. »
Ainsi, il vaut mieux être prudent et parer à toute éventualité, nonobstant que vous soyez des petits génies. Intégrer une deuxième année de médecine n’est pas qu’une question de travail personnel, cela dépend également du nombre de places. Pour être en haut de la liste, il faudra bien évidemment tenter d’avoir les meilleures notes, et ce, toute l’année puisque ces cursus fonctionnent comme des licences classiques.
Le parcours L.AS, plus généraliste, permet donc de se réorienter en deuxième année de licence dans une filière non médicale comme :
- une licence droit
- une licence économie gestion
- une licence lettres
- une licence ressources humaines
- une licence sciences de l’éducation
- une licence physique-chimie
- une licence STAPS
- etc.
Si vous étiez en PASS et que vous n’avez pas été admis en médecine, mais que vous avez tout de même obtenu vos partiels, il est donc parfaitement possible de se réorienter en L2 de votre mineure. Plusieurs facultés proposent ce type de Licence Accès Santé :
- l’université de Paris
- l’université de Toulon
- l’université de Saint-Étienne
- l’université de Lyon
- l’université de Nantes
- l’université de Montpellier
- etc.
Vous l’aurez compris, le choix de l’option dès le début de l’année a donc une grande importance quant à la suite. Réfléchissez-y bien, car elle peut devenir votre cursus principal ou une « bouée de sauvetage » pour ne pas faire couler vos études. Vous êtes persévérant et voulez devenir soignant coûte que coûte ? Vous pourrez effectuer une deuxième tentative en L2 L.AS.
Attention toutefois, il n’y a pas de troisième chance. Il n’est possible de se présenter que deux fois aux examens. Subséquemment, il serait avisé de revoir votre méthode de travail si nécessaire et d’identifier ce qui n’a pas bien fonctionné la première année. Si vous échouez une deuxième fois à l’entrée en médecine, mais que vous passez en classe supérieure, vous pourrez continuer jusqu’en L3 et ainsi valider 180 crédits ECTS (European Credit Transfer System) et donc le grade de licence. Il faut souligner que la capacité d’accueil en PASS est plus élevée qu’en LAS (environ 60 % contre 40 %).
Si vous ne validez pas la seconde année, il se peut que cette filière ne soit tout simplement pas faite pour vous, alors ne vous rendez pas malade non plus, il y a tant d’autres alternatives possibles.
Reprendre à zéro sur Parcoursup®
Parcoursup® est la plateforme d’accès à l’enseignement supérieur postbac. Depuis la suppression du concours PACES, toutes les candidatures en études de santé doivent être déposées sur ce site. Que vous soyez sûr de réussir votre année ou non, il est fortement recommandé de toujours avoir un plan B et de s’y réinscrire pour ne pas se retrouver sans école. C’est ce qui est arrivé à Zoé, qui a dû quitter la France pour continuer ses études.
Postuler en IFSI
Dans la majorité des cas, pour s’inscrire en IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers), il faudra très probablement candidater sur Parcoursup®. En effet, comme l’explique le Collectif national Pass/Las, « les reçus collés* d’antan pouvaient accéder en deuxième année des études de soins infirmiers ou dans des écoles d’ingénieurs sur convention et la réforme a cassé ça ». Le collectif fait référence au fait qu’avant la Réforme du premier cycle des études de santé (aussi appelée R1C), il était possible pour les « reçus collés » d’intégrer directement une deuxième année d’études d’infirmiers, grâce à l’arrêté du 21 décembre 2012. Un mail du doyen des doyens aurait attesté de « l’absence totale d’anticipation à ce sujet également, dans la gestion de l’application de cette réforme ».
Pas tout à fait vrai partout… Après avoir été reçue/collée, notre fille a pu bénéficier de la passerelle en deuxième année d’études d’infirmières. Mais il n’y avait que 5 places disponibles en Occitanie…– Maréchal Sébastien (@idel82) February 20, 2022
Toutefois, dans certains établissements, des passerelles se mettent doucement en place à l’échelle locale pour les étudiants sortants de PASS ou LAS. Par exemple, la faculté de médecine de Tours a publié un communiqué dans lequel il est indiqué que l’université « souhaite intégrer un dispositif national vers les IFSI à destination des étudiants issus de PASS et LAS. » Cette solution n’a pas pu être proposée à la rentrée 2021 « pour des raisons réglementaires ».
Dans l’optique de faire porter leur voix à une grande échelle, le collectif a créé une pétition adressée au Premier ministre, à la ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’innovation et au professeur Didier Samuel, Président de la Conférence des Doyens des Facultés de Médecine de France. À ce jour, 52 005 personnes sont signataires. Le collectif ne veut pas d’une « génération sacrifiée » et demande la mise en application des moyens promis, à l’aide du hashtag #StopMassacreÉtudesSanté que l’on voit régulièrement apparaître sur Twitter.
Changer de voie
Les études de santé sont généralement longues, sélectives et difficiles. Vous avez essayé, mais d’autres formations vous attirent ? Il existe de nombreuses voies d’accès au marché de l’emploi. Selon vos sensibilités et intérêts, vous pourrez vous tourner vers une école de commerce, une école de marketing, une école de digital ou même un double cursus sciences et business dans une école comme ESPAS. L’école lilloise accepte de nombreux étudiants en réorientation.
Si vous ne savez pas encore ce que vous voulez faire plus tard, optez plutôt pour des cursus généraux, comme un PGE (Programme Grande École), ou des licences générales.
Se réorienter hors Parcoursup®
La plateforme gouvernementale référence plus de 19 500 formations en France, or il en existe près de 100 000 déclarées sur le territoire. Ces chiffres signifient que de nombreuses écoles ne sont pas répertoriées sur Parcoursup® et réalisent elles-mêmes toute la procédure d’admission, parfois sur concours ou dossier de candidature. Il s’agit généralement d’écoles privées d’enseignement supérieur, sous contrat ou hors contrat avec l’État.
Deux options s’offrent à vous si vous ne vous êtes pas inscrit sur Parcoursup® et que vous cherchez à reprendre vos études depuis le début :
- vous inscrire hors Parcoursup® pour une formation en France
- vous inscrire hors Parcoursup® pour une formation à l’étranger
Les formations en France
Bonne nouvelle pour les étudiants ayant validé leur année sans pour autant être acceptés en médecine, il est désormais possible de se réorienter en école d’ingénieurs directement en deuxième année du Parcours des écoles d’ingénieurs Polytech (PeiP C). Il s’agit d’un cursus préparatoire qui permet d’accéder au cycle ingénieur. Les intéressés doivent s’inscrire au Concours Sur Titres Polytech. Pour rappel, le PeiP C est proposé par les écoles Polytech Grenoble, Polytech Lyon et Polytech Paris-Saclay, pour un total d’environ 60 places en 2022-2023.
Les formations à l’étranger
Comme Zoé, si vous n’avez pas effectué de réinscription sur la plateforme nationale d’admission, ou qu’aucun choix proposé ne vous intéresse, vous pourrez vous rendre dans un pays voisin, afin de faire ce qui vous plaît réellement.
« Mon plan B a toujours été d’être infirmière, mais le parcours en France était impossible pour la rentrée de septembre. » Ses amis lui ont parlé de la HELHA de Tournai en Belgique, elle s’y ai rendu avec sa mère et a immédiatement ressenti une « atmosphère familiale et cosy ». « J’aime beaucoup mes études, et je ne regrette pas ma réorientation », déclare l’étudiante, pleine d’enthousiasme.
Force est de constater qu’elle n’a bénéficié d’aucun soutien pédagogique, afin de trouver une solution satisfaisante : « J’ai surtout été désemparée quand j’ai vu que je devais me réorienter, j’étais perdue et j’avais peur d’être sans solution. » Heureusement, elle a pu compter sur ses proches pour lui remonter le moral.
Concernant les départs en Belgique et ailleurs, le collectif national s’insurge : « nombre d’étudiants, broyés par cette réforme l’année dernière, n’ont pas souhaité poursuivre leur rêve ou ont choisi de tenter leur chance à l’étranger. » Les membres sont formels : le nombre d’abandons ou de départs à l’étranger des jeunes d’un même corpus est historique. « La génération 2020/2021 a été sacrifiée par cette réforme. Dans certaines facultés, ce taux de fuite pour une raison ou pour une autre est entre 60 et 70 %. C’est du jamais vu. »
Le collectif Pass-Las Nantes évoque même une augmentation de 150 % des Français en Belgique pour faire des études de santé, ce qui reviendrait à « déléguer aux autres ce qu’on refuse de faire chez nous », selon lui.
Résultats d’examen tardifs, redoublements, inégalités des parcours, taux d’échec… Une réforme pas tout à fait au point
La réforme des études de santé bat son plein et de nombreux ajustements seront certainement faits pour éviter des situations problématiques. Par exemple, en 2020, date de démarrage du PASS, les redoublants de la dernière promotion PACES ont aussi intégré cette filière, ce qui veut dire qu’il y avait encore moins de places disponibles en deuxième année de cycle MMOPK pour les bacheliers.
« Ville par ville, nous récupérons le nombre d’inscrits pour la fameuse “deuxième chance”“affirme le collectif PASS LAS. ‘Si vous prenez le nombre total d’inscrits en PASS-L.AS 1 l’an dernier, et que vous en retranchez le nombre d’étudiants admis en deuxième année de santé et le nombre d’étudiants inscrits en L.AS 2, il vous reste des perdus de vue.”
Didier Samuel lui-même, a reconnu dans l’émission Le Mag de la santé sur France 5 : “Je pense qu’il y a eu pas mal de loupés dans la première année de cette réforme (…). Dans mon université par exemple, l’oral correspondait uniquement à 30 % de la note, donc il faut absolument qu’on améliore cette première année.”
Y a-t-il eu des améliorations visibles depuis la création du collectif ? “Le Conseil d’État a enjoint quinze universités de créer des places supplémentaires en deuxième année d’études de santé, en juillet 2021.” Pour le collectif, c’est déjà une reconnaissance de leur combat, “bien que ces places soient nettement insuffisantes pour rétablir l’équité pour la promotion de transition sacrifiée.” Le rapport sénatorial de l’an dernier pointait de nombreux dysfonctionnements, auxquels le gouvernement s’est engagé à répondre.
*Un “reçu collé” était à l’origine un étudiant ayant validé la Paces sans pour autant faire partie du numerus clausus. Avec la réforme, on peut dire qu’il s’agit d’une personne qui réussit ses examens, sans pour autant être acceptée en médecine.
