Parcoursup est une plateforme très critiquée : manque de transparence, reproduction sociale, stress. Les détracteurs du site d’accès aux études post-bac ne manquent pas. Mais dans son rapport, Claire Hédon ne s’attarde pas uniquement sur cette procédure. Ce qu’elle dénonce, c’est tout le système d’orientation dans son ensemble.
Dans son rapport publié le 3 juin 2025, la Défenseure des droits revient sur les points bloquants, qui provoquent souvent l’ire des jeunes lycéens en recherche de leur formation post-bac. Elle évoque également les pistes d’amélioration permettant de vivre plus sereinement ce passage à l’âge adulte. Diplomeo revient sur les points saillants de ce document.
Un manque d’accompagnement flagrant
Selon Claire Hédon, si les élèves souffrent d’une carence en matière d’orientation, c’est avant tout car il n’y a personne pour piloter la transition entre le monde du lycée et l’enseignement supérieur. Conséquence : dans certaines régions, les lycéens ne bénéficient d’aucun accompagnement sur le sujet. D’autres territoires, en revanche, profitent d’actions menées en doubles par diverses institutions qui ne collaborent pas entre elles.
La Défenseure des droits a interrogé plusieurs jeunes et l’absence de soutien en matière d’orientation n’est pas qu’une préoccupation institutionnelle. Les lycéens ressentent également la désaffection du ministère de l’Éducation nationale en la matière : « Si tu sais, c'est super, si tu ne sais pas personne n'est là pour t'aider », explique un bachelier.
D’après le rapport, c’est avant tout la pluralité d’acteurs impliqués dans l’orientation – qui se rejettent souvent la responsabilité – qui empêche d’avoir un réel suivi des futurs étudiants du supérieur. « Malgré une définition précise du rôle de chaque membre de l’équipe éducative par le parcours Avenir, les responsabilités restent diluées, peu lisibles pour les jeunes, et l’accompagnent largement ineffectif », indique Claire Hédon dans ce rapport. En outre, le document pointe du doigt la pénurie d’experts formés pour accompagner les jeunes, avec des besoins estimés à 300 000 professionnels d’ici 2030.
Pourquoi la plateforme Parcoursup est-elle autant critiquée ?
Les recommandations de la Défenseure des droits
Le rapport publié par la Défenseure des droits offre plusieurs pistes de réflexion pour améliorer le système d’orientation en France, à commencer par la volonté d’inscrire ce sujet au cœur des programmes et manuels des lycéens. Claire Hédon regrette que le volume horaire alloué à cette discipline ne soit aujourd’hui donné qu’à titre indicatif. Ainsi, elle préconise de :
- Rendre effective et obligatoire les heures annuelles prévues pour l’orientation
- Prévoir une évaluation des actions menées en matière d’orientation
- Faire peser la responsabilité de recherche de stage, pour éviter les discriminations
- Prévoir un temps d’accompagnement des élèves dans leur recherche de stage
- Développer la recherche en matière de discriminations sur l’accès aux stages
- Prendre en compte la parole des élèves et les replacer au cœur du choix d’orientation
- Instaurer trois temps d’échange lors des années charnières (3e et terminale)
- Pousser les élèves à développer des compétences psychosociales - aptitudes liées à la résolution de problème, aux émotions et à la communication - pour nourrir une réflexion sur soi
- Informer et accompagner les familles dès la 3e et jusqu’à la terminale sur le sujet de l’orientation
En outre, la Défenseure des droits recommande de mettre en place un droit à l’erreur en matière d’orientation, notamment au lycée. « Le dispositif des passerelles, bien que défini dans la loi et prévu par les autorités académiques, n’est à ce jour toujours pas appréhendé comme une modalité de droit commun du parcours d’orientation », indique le rapport.
Claire Hédon incite les établissements à mieux communiquer sur les changements de filière et à « véhiculer une vision positive des réorientations ». En effet, le document note que, dans la majorité des cas, le phénomène de passerelle est vu comme étant une erreur provenant des élèves, faisant porter sur les lycéens la responsabilité d’un choix d’orientation qui émane en réalité des directeurs de collèges.
In fine, que ce soit au collège, au lycée ou dans les filières post-bac, Claire Hédon préconise de replacer l’élève, ses préoccupations, ses projets et ses aspirations au cœur du projet d’orientation. Pour elle, écouter celui qui joue son avenir est la clé pour qu’il parvienne à réussir dans ses études.