Les études de santé ont depuis longtemps le vent en poupe chez les bacheliers. Elles font partie des formations postbac les plus demandées sur Parcoursup. L’année 2023 marque trois années consécutives du PASS (Parcours accès santé spécifique) dans le top 3 des formations phares sur Parcoursup, au côté du Diplôme d’État infirmier.
Suite au plan Ma Santé 2022 annoncé en 2018, le gouvernement a lancé une réforme sur les études de santé. Parmi les chantiers : la PACES (Première année commune aux études de santé) remplacée par le PASS et la L.AS (Licence accès santé) dès la rentrée 2020. En parallèle, le numerus clausus laisse place au numerus apertus. Zoom sur ces deux locutions latines !
macron « on a mis fin au numerus clausus »
le numerus apertus qui est arrivé pic.twitter.com/mvPRIBOiWQ
— ouvamiyeng (@pie_drom) April 17, 2023
L’ancien numerus clausus : limiter le nombre d’étudiants
Littéralement, numerus clausus signifie « nombre fermé » en latin. Mis en place au début des années 1970, ce quota organisait l’admission en 2ᵉ année d’études de santé. C’est à cette étape du cursus que les étudiants intègrent une filière parmi médecine, maïeutique, odontologique, pharmacie et kinésithérapie (MMOPK).
Chaque année, pour chaque université et chaque filière, un arrêté ministériel fixait un nombre maximal d’étudiants de PACES (première année) autorisés à poursuivre en deuxième année. Résultats : le concours de PACES était l’un des plus sélectifs de l’enseignement supérieur, le numerus clausus étant beaucoup plus bas que l’effectif étudiant en PACES. Les étudiants recalés redoublaient ou se réorientaient.
Par exemple, en janvier 2014, 57 745 étudiants étaient inscrits en première année selon une étude de la DREES. Pourtant, le numerus clausus national avoisinait les 7500 places pour la spécialité médecine, 1016 pour la maïeutique, 1200 pour l’odontologie et près de 4000 pour la pharmacie.
Pour l’année universitaire 2019-2020 qui précède la réforme, on comptait 55 252 étudiants en PACES pour un numerus clausus national fixé à 15 000 places, toutes spécialités confondues.
La forte concurrence provoquée par ce plafonnement a eu plusieurs effets négatifs du côté des étudiants. L’égalité des chances a d’autant plus chuté avec l’essor des classes préparatoires privées, souvent très coûteuses. Cette course au classement a aussi mis à mal la santé mentale des étudiants, autant pour les admis que pour les recalés.
Le numerus clausus devait principalement faciliter le traitement du nombre grandissant de bacheliers qui s’orientaient vers des études de médecine. Il était calculé selon plusieurs modalités. Parmi celles-ci : les capacités d’accueil des hôpitaux universitaires destinés à former les étudiants en stage.
L’actuel numerus apertus : ouvrir le nombre de futurs diplômés
La rentrée universitaire 2020 entame une transformation des études de santé. La PACES, unique voie d’accès jusque-là, laisse place à deux cursus : le PASS (Parcours accès santé spécifique) et la L.AS (Licence accès santé). Le numerus clausus est également remplacé par un autre système : le numerus apertus.
Par opposition à son strict prédécesseur, numerus apertus signifie « nombre ouvert ». Ce nombre concerne toujours les étudiants admis en deuxième année de santé, dans l’une des filières MMOPK. En revanche, cette fois, il s’agit d’un nombre minimum d’étudiants, et non plus maximum. C’est-à-dire qu’il est susceptible d’augmenter.
Il est fixé par les universités et les agences régionales de santé (ARS). Il doit alors prendre en compte les capacités d’accueil des établissements de formation et les besoins d’accès aux soins sur le territoire.
🔎Les universités indiquent leur numerus apertus pour le PASS, la L.AS et chaque filière MMOPK sur leur site. Plusieurs étudiants dénoncent alors une communication disparate sur les places disponibles.
Attention : la fin du numerus clausus ne signifie pas pour autant la fin de la sélection ! En effet, environ 60 % des places ouvertes sont réservées aux étudiants en PASS et 40 % concernent les inscrits en L.AS. En plus des règles communes d’admission en deuxième année, chaque université possède des modalités spécifiques. L’enjeu est toujours d’obtenir le meilleur classement possible par rapport à l’effectif prévu par le numerus apertus de sa faculté.
Numerus clausus, numerus apertus : quels enjeux ?
Selon le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), le numerus clausus était fixé « sans réelle évaluation des besoins en santé ». De plus, avec la PACES, il représentait « un système d’admission basé sur une sélection drastique ».
Avec la réforme des études de santé annoncée en 2018 et qui se précise encore, le gouvernement entend atteindre plusieurs objectifs. Parmi ceux-là :
- Augmenter le nombre de médecins formés
- Rééquilibrer le nombre de professionnels de santé sur le territoire pour combler les déserts médicaux
- Garantir des formations de qualité dans tous les territoires
- Diversifier les profils des étudiants accédant aux filières de santé
- Permettre aux étudiants non admis dans ces filières de poursuivre leurs études sans pour autant perdre une année ou redoubler
- Améliorer le bien-être des étudiants en santé
- etc.
Le MESR rappelle que la suppression du numérus clausus aura ces effets dans 10 ans au moins. Ce délai serait dû à la durée des études et à la nécessité de la mise en place d’autres actions « pour faire face aux difficultés d’accès aux soins rencontrés par la population dans de nombreux territoires ».
En vue : la simplification du retour des jeunes français partis étudier la médecine ailleurs en Europe, la création de nouvelles passerelles pour faciliter la reprise des études accélérées de médecine pour les professionnels paramédicaux et le déploiement de plus de moyens pour former les internes, par exemple.