Derrière le soleil du bassin méditerranéen (ou de la pluie, fidèle au climat printanier), la communauté universitaire est en pleine effervescence. L’Université Côte d’Azur (UniCA), implantée principalement à Nice et qui rassemble près de 30 000 étudiants, cherche à se démarquer dans le paysage de l’enseignement supérieur français.
Ainsi, la faculté niçoise, qui fête ses 60 ans cette année, cherche à anticiper les besoins futurs des étudiants, mais aussi du personnel. Intelligence artificielle, pluridisciplinarité, recherche et innovation, développement durable… les projets ne manquent pas. L’université s’est aussi engagée ces dernières années sur des enjeux sociaux liés à la vie étudiante. « On considère que l’université doit être pourvoyeuse de solutions et avoir de l’impact », introduit Jeanick Brisswalter, le président de l’université.
L’Université Côte d’Azur en chiffres clés
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En master, l’apprentissage gagne du terrain
À l’Université Côte d’Azur, l’alternance n’est plus une exception et devient la norme. Ces dernières années, la faculté a fortement misé sur ce mode de scolarité entre les cours et l’entreprise, particulièrement au niveau des masters. Une dynamique qui traduit une volonté de renforcer les liens entre le monde universitaire et le marché du travail.
Ainsi, près de 2 400 étudiants sont désormais en alternance, un chiffre en constante progression. « Dans certaines disciplines comme l’économie, la gestion, l’informatique ou la finance, l’alternance était déjà bien implantée avant la réforme de 2018 », précise le président de l’université.
Jeanick Brisswalter confirme que le passage de l’université Côte d’Azur a une structure d’école de recherche « fondée sur le triptyque formation-recherche-innovation » s’inscrit dans une logique de rapprochement avec le monde professionnel. « Cela a favorisé l’extension de l’alternance à l’ensemble des composantes, y compris en sciences humaines, lettres et arts, qui étaient historiquement moins concernées », ajoute-t-il.
Si l’alternance connaît un essor notable à l’Université Côte d’Azur, au niveau national, les dispositifs de soutien à l’alternance tendent à baisser. Les aides à l’embauche d’un apprenti ont été réduites en début d’année. Cette semaine, le gouvernement a annoncé que les entreprises devront payer une contribution de 750 euros pour les apprentis qui préparent un diplôme de niveau bac+3 et plus.
« Les coupes prévues les niveaux 6 et 7, c’est-à-dire les masters, nous inquiètent légitimement » explique le directeur. « L’alternance est un vrai levier d’insertion professionnelle, tout le monde le reconnaît, y compris les organisations patronales », poursuit-il. « Si on réduit son recours, ce ne sont pas seulement les budgets qui seront impactés : ce sont aussi les débouchés pour les étudiants, et les liens qu’on a construits avec le tissu économique local ».
Un déficit budgétaire à surveiller…
Une inquiétude d’autant plus vive que le contexte financier pèse lourdement sur les établissements publics. Comme beaucoup d’autres universités de l’Hexagone, l’UniCA doit composer avec un déficit budgétaire grandissant, qui vient complexifier la mise en œuvre de ses ambitions. « On n’est pas forcément l’université la plus endettée, mais cela fait deux ans qu’on prend dans le fond de roulement », affirme son directeur.
L’université va-t-elle être obligée de fermer des filières ? « À ce jour, aucune action n’a été engagée sur l’offre de formation ni sur les capacités d’accueil », insiste Jeanick Brisswalter. « Cela reste une possibilité envisageable, mais elle comporte des risques importants. Réduire l’offre ou la qualité de l’accueil pour répondre à des impératifs budgétaires pourrait nuire à la qualité globale de l’enseignement », avertit-il.
… mais des perspectives optimistes
Et si les nuages s’accumulent sur le plan budgétaire, l’université veut miser sur des perspectives encourageantes. Depuis 2024, des enseignements transversaux sur les grands enjeux contemporains, tels que la transition énergétique ou encore la RSE, ont été rendus obligatoires pour tous les étudiants.
L’intelligence artificielle fait également l’objet d’une attention particulière. « Chaque filière explore ainsi les applications de l’IA dans son propre champ. Une approche sur mesure qui, selon la direction, favorise une appropriation plus concrète des technologies émergentes », insiste Jeanick Brisswalter.
Enfin, l’Université Côte d’Azur a mis en place un « engagement center » au sein de ses campus pour favoriser la valorisation de l’engagement étudiant pour les apprenants de la formation initiale. Les étudiants peuvent consacrer 20 heures à une activité bénévole de solidarité, d’éco-responsabilité, du sport et de la culture et pourront bénéficier d’un bonus engagement allant jusqu’à 0,25 point de plus dans leur moyenne du semestre.
🔍 Zoom sur UniCA Entreprendre : le centre dédié à l’entrepreneuriat étudiant L’Université Côte d’Azur mise également sur l’entrepreneuriat étudiant. Pour cela, elle s’appuie sur propre centre dédié, labellisé PÉPITE Paca-Est. Ce dispositif vise à rassembler et structurer l’ensemble des initiatives entrepreneuriales portées au sein de l’établissement et de ses partenaires. L’objectif : sensibiliser les étudiants à l’entrepreneuriat, les accompagner dans la création de projets, leur proposer des formations adaptées ou encore faciliter le développement de leurs activités, y compris à l’international. Quelques chiffres clés : plus de 180 projets annuels, 5 formations dédiées, des dizaines de partenaires et 80 événements organisés. |
La vie étudiante au cœur des priorités
Au sein de l’établissement, l’expérience étudiante occupe une place prépondérante. En dehors des amphithéâtres, le territoire situé entre mer et montagne offre des opportunités propices aux activités sportives en plein air. À titre d’exemple, l’établissement peut compter sur la présence d’une école d’apnée, qui fait écho à l’identité méditerranéenne du campus.
Côté culture, les écoles d’art intégrées à l’université permettent d’enrichir l’offre avec des événements réguliers, des expositions et des partenariats à Nice et ses alentours, avec les institutions locales.
Par ailleurs, le logement étudiant reste un enjeu majeur. Avec des loyers parfois plus élevés qu’à Paris, le coût du logement à Nice peut peser lourd sur les plus précaires. « On a un très bon dialogue avec le Crous. On aide les étudiants en grande difficulté et on a même mis en place des logements d’urgence pour ceux qui se retrouvent à la rue. C’est temporaire, mais financé aussi par l’université », explique Jeanick Brisswalter.
Plusieurs résidences CROUS ont été rénovées ou repensées, avec des espaces communs et des événements organisés directement sur place. « Sur le campus de Saint-Jean-d’Angély, il va y avoir 270 logements construits en plus, en même temps que le nouveau campus », se réjouit le président.
Malgré des conditions économiques difficiles, l’université souhaite apporter sa pierre à l’édifice et venir en aide aux étudiants en difficulté qu’elle soit financière ou mentale. Parmi les mesures phares comme les frigos solidaires, notamment installés sur le campus de Méliès à Cannes. Des dispositifs pour offrir aux étudiants un accès direct à des produits de première nécessité, tout comme les épiceries solidaires et le dressing solidaire qui permettent de répondre aux besoins essentiels.
Ces initiatives ne sont pas isolées, selon Jeanick Brisswalter. « Un travail de collaboration étroite avec le CROUS a permis de renforcer l’accompagnement sur le terrain et une partie provient également de la CVEC ».
La santé mentale, au cœur des préoccupations estudiantines, n’est pas laissée de côté. Sur ces problématiques, L’UniCA met en place un dispositif itinérant pour aller directement vers les étudiants, tout en maintenant un centre de santé sur le campus, avec des médecins généralistes prêts à répondre à leurs besoins.