La santé mentale des jeunes est au cœur des inquiétudes. Pour mettre en avant l’état de santé fragile des étudiants, Nightline Europe dévoile, à l’occasion de la journée nationale de prévention du suicide ce mercredi 5 février 2025, son nouveau rapport sur la santé mentale étudiante en Europe : “Santé Mentale Étudiante en Europe: Mieux comprendre pour mieux agir, 2023-2024.”
L’association qui œuvre pour améliorer la santé mentale des jeunes et des étudiants à l'échelle individuelle et collective révèle un constat alarmant : les jeunes Français sont plus concernés par les pensées suicidaires. « Sur l’année universitaire écoulée, les bénévoles ont reçu en moyenne 1,57 fois plus d’appels et de tchats évoquant le suicide en France que parmi les 29 nightlines européennes membres du réseau Nightline Europe », peut-on lire dans un communiqué de presse.
La France en moins bonne santé que ses voisins européens
15 000 : c’est le nombre d’appels et de tchats auxquels a répondu le réseau Nightline à l’échelle européenne l’année dernière. Parmi eux, 10,28% sont des appels relatifs au suicide, nous informe le rapport. Toutefois, ce taux grimpe à 16,20% en France, sur la période allant de juin 2023 à mai 2024.
Nightline Europe est un réseau de 29 services d'écoute à travers 5 pays européens (Allemagne, Autriche, France, Irlande et Royaume-Uni), animés par des étudiants bénévoles pour permettre à d’autres jeunes de se confier sur leur santé mentale.
Au-delà des pensées suicidaires, les jeunes Français semblent être les plus en détresse concernant d’autres thématiques du quotidien. Selon le rapport, l’Hexagone enregistre la proportion la plus élevée d'appels relatifs à la solitude et au mal du pays (16 %), mais aussi à la précarité et au logement (10 %).
Ce n’est pas tout : des appels liés aux violences physiques et psychologiques proviennent également davantage du territoire français (4%). La France arrive juste après le Royaume-Uni en ce qui concerne les violences sexuelles.
Comment gérer l'anxiété et la dépression pendant ses études ?
Enfin, le stress académique fait aussi partie des 11 grandes thématiques d’appels émis par les étudiants aux bénévoles Nightline. Cet angoisse pourrait en partie être liée à la plateforme Parcoursup qui, selon une étude du ministère publiée fin 2024, est jugée stressante par 83% des candidats.
©Communiqué de presse / Nightline Europe
Un phénomène en hausse au fil des années
Les jeunes vont mal et ce n'est pas d’aujourd’hui. En 2022, l’Association des universités européennes alertait déjà sur le fait que plus de 40% des étudiants de l’Union européenne rencontraient des difficultés en matière de santé mentale, et que plus d’un étudiant sur 5 était concerné par un trouble de santé mentale, peut-on lire dans le communiqué de presse.
Depuis, ce phénomène ne fait que s’aggraver. Le rapport de Nightline Europe indique que le taux de pensées suicidaires chez les 18-24 ans a augmenté de 218% en France, entre 2014 et 2021. Les publics les plus concernés par cette hausse ? Les étudiants racisés, LGBTQIA+, précaires ou en situation de handicap.
Étonnant ? Pas tant que ça, quand on sait que les jeunes de cette tranche d’âge vivent des périodes compliquées, principalement liées à leur choix d’orientation, à leur insertion dans le monde professionnel, à la précarité étudiante ou encore à la construction de soi.
Les données et les actions visant à améliorer la santé mentale des étudiants étant encore peu nombreuses, l'association incite à se mobiliser face à la détresse des jeunes et appelle le gouvernement à prendre des mesures concrètes pour soutenir les étudiants en difficulté. « Les initiatives de la société civile et citoyenne telles que Nightline Europe sont essentielles pour collecter de nouvelles données sur la santé mentale étudiante et explorer des pistes d’amélioration collectives » souligne Kate Hart, responsable du pôle International de Nightline France, dans un communiqué de presse.
*Ce rapport a été piloté par Nightline France et co-rédigé avec les 29 nightlines de Nightline Europe.