Émilie de Fos travaille avec les étudiants d’établissements d’enseignement supérieur de Paris dans une antenne dédiée du Groupe Hospitalier Universitaire de Paris. Son rôle ? Prévenir les risques et accompagner les étudiants qui ressentent des besoins sur le plan psychologique. Pour Diplomeo, elle a accepté de donner ses conseils pour mieux identifier les symptômes de l’anxiété ou de la dépression et pour réussir à gérer ces problématiques durant ses études.
Anxiété et dépression : les signes à repérer chez ses camarades
Émilie de Fos fait la distinction entre l’anxiété, qui est passagère et peut provenir de diverses sources comme le stress des examens, et la dépression. « C’est quelque chose qui dure dans le temps et empêche l’étudiant de « fonctionner normalement ». Ce terme n’est pas très beau, mais c’est celui qui est consacré en psychologie. » Le point de repère pour faire la différence entre ces deux maux ? « La durée et l’intensité. Être au fond de son lit pendant deux jours parce qu’on a raté ses partiels, ça arrive. Avoir du mal à faire ses courses ou prendre une douche, c’est autre chose », analyse la psychologue.
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Selon elle, le premier relai de confiance capable d’identifier les problématiques de santé mentale qui peuvent impacter les étudiants, ce sont les camarades de promotion. « Les pairs arrivent à voir quand leur camarade change : il mange moins, il peut être irritable… Il faut être attentif aux changements de comportement. »
Outre ces transformations chez son camarade, il faut également être attentif au discours qu’il tient. « Si l’étudiant explique qu’il n’a pas de perspectives d’avenir, qu’il a perdu tout espoir et que cela dure dans le temps, cela dénote que quelque chose ne va pas. »
Si les facteurs sont multiples et presque unique à chaque patient, les psychologues ont identifié certaines causes récurrentes chez les étudiants. « La dépression est généralement multifactorielle », explique Émilie de Fos. « Certains déterminants sociaux, comme la précarité et l’insécurité financière, ont un impact sur la santé mentale. Il en va de même pour l’environnement familial. En grandissant dans un univers sécurisant où on prend confiance en soi et où on sait identifier ses forces, alors il est plus facile d’aborder des transformations, comme le passage à l’université. »
Gérer l’anxiété et la dépression pendant ses études : les outils à la disposition des étudiants
L’anxiété et la dépression ne sont pas du tout les mêmes maladies, même si certains symptômes peuvent être identiques. Forcément, les outils et méthodes à disposition des étudiants diffèrent en fonction de la problématique rencontrée.
Combattre l’anxiété liée aux études
Les techniques de relaxation et d’ancrages permettent aux étudiants de faire descendre leur anxiété. Des ressources sont notamment disponibles sur le site psycom.org. Un site recommandé par Émilie de Fos qui indique qu’il recense des informations fiables et vérifiées autour de la santé mentale.
Il est possible d’opter pour des exercices de respirations consistant en une inspiration de 4 secondes, une rétention de 2 secondes avant d’expirer lentement pendant 6 secondes. « C’est comme le sport. Il faut de l’entraînement pour réussir à faire descendre la tension. »
Pour apaiser son esprit, Émilie de Fos recommande également de ne pas hésiter à s’ouvrir aux autres. « Parler à un autre être humain permet de remettre les choses en perspective. » Un conseil qu’elle recommande d’appliquer en cas de stress lié aux examens ou aux redoublements. « On a parfois tendance à penser qu’il faut réussir tout de suite, mais ce n’est pas grave de faire un détour dans ses études. »
Que faire en cas de dépression ?
Si la situation est plus grave, « le mot d’ordre est de parler », conseille Émilie de Fos. En cas d’inquiétude pour un pair, il faut lui évoquer son inquiétude. Lorsque le cas le nécessite, elle indique qu’il est possible d’être reçu sans rendez-vous dans un service santé étudiant. Sinon, « il est possible de prendre rendez-vous sur Doctolib. Il n’est pas obligatoire de faire une longue thérapie, juste un rendez-vous unique pour faire le point sur comment on se sent ».
Payer un rendez-vous avec un psychologue peut être onéreux pour les étudiants. Cependant, des solutions existent pour réduire la facture. Émilie de Fos indique que certains professionnels n’hésitent pas à pratiquer des réductions pour les rendez-vous étudiants en journée. De quoi faire un check-up sur sa santé mentale à moindre coût.
Émilie de Fos conseille de se tourner vers des CMP (centre médico-psychologique), des centres municipaux de santé, des espaces santé jeunes ou des associations qui ne facturent pas leurs services. « S’il y a des idées suicidaires, il ne faut pas hésiter à appeler le 31 14. Le maître mot est d’en parler autour de soi et de ne pas rester seul avec ça. »
Oser faire le premier pas
Dans certains cas, le plus dur, c’est d’oser contacter un psychologue. « Il y a cette idée qu’exprimer ses émotions, c’est faire preuve de faiblesse. Au contraire, cela demande beaucoup de courage. Plus on apprend à connaître son territoire émotionnel intérieur, plus on est fort », constate Émilie de Fos.
Ces clichés ont la vie dure et les étudiants ont parfois juste peur de passer de l’image qu’ils renvoient en allant voir un psy. « Certains pensent qu’il y a les fous et les gens normaux. C’est faux d’un point de vue clinique et scientifique », rassure la psychologue du GHU Paris psychiatrie & neurosciences. En cas de problème, un numéro gratuit et anonyme a été mis en place par le gouvernement pour tous les étudiants : 0 800 235 236. Le GHU Paris psychiatrie & neurosciences recommande également Santé PSY Jeunes - un site qui propose des ressources dédiées à la santé mentale - et Nightline - une ligne d'appel dédiée aux étudiants en situation de détresse psychologique.