Vers un nouveau coup de rabot pour l’apprentissage ? Au 1er janvier 2025, les aides à l’embauche d’un apprenti ont été abaissées à 5000 euros pour les petites et moyennes entreprises et à 2000 euros pour les grandes entreprises (au lieu de 6000 euros).
Désormais, le ministère du Travail cherche encore à faire de nouvelles économies, dans un contexte de déficit public du pays (autour de 6 % du PIB). Selon une information des Échos — qui n’est pas encore à l’ordre du jour —, l’État s’attelle à réduire les subventions versées aux centres de formations des apprentis (CFA). Une économie estimée à 300 millions d’euros.
Vers une baisse de 25 % pour les formations à distance
Depuis la réforme de l’apprentissage de 2018 porté par l’ancienne ministre Muriel Pénicaud et la mise en place des aides à l’embauche, le nombre de contrats d’apprentissage a explosé passant de 400 000 à près d’un million en 2024. Ces subventions, appelées niveaux de prise en charge (NPEC), sont fixées par l’organisme France Compétences pour chaque contrat signé et pour chaque type de diplôme préparé.
Pour faire baisser la facture, le gouvernement envisage une première baisse de 25 % pour les formations à distance. Selon certains acteurs, si ces formations sont peu répandues, elles sont jugées nécessaires pour certains publics comme les personnes isolées ou en situation de handicap.
« La formation en apprentissage à distance est peu développée, mais elle porte l’innovation pédagogique. Nombre d’organismes de formation vont tout simplement couper leurs investissements en R&D — Recherche et développement — », juge une administratrice de la fédération patronale de la formation professionnelle, dans les colonnes des Échos.
Un retrait de 300 euros, quel que soit le diplôme
Par ailleurs, dans le cadre de la loi de finances 2025, les entreprises qui recrutent des étudiants en alternance à bac+3 et plus devront bientôt payer 750 euros de leur poche. Une subvention jusqu’ici prise en charge par l’État. Le CFA recevra donc une aide légèrement réduite de la part de l’État et devra facturer la différence à l’employeur qui embauche un apprenti.
Dernière idée : une coupe de 300 euros sur chaque aide versée aux CFA, peu importe le diplôme. Le ministère du Travail estime que les centres de formation dépensent en moyenne 600 euros par an et par apprenti en campagne de communication pour recruter des jeunes.
Selon le média économique, plusieurs fédérations professionnelles s’inquiètent de ces annonces. Selon elles, ces baisses de financement risquent de pénaliser les TPE et les PME et limiter l’accès aux formations en alternance pour les jeunes, notamment pour les cursus post-bac.
« Attention à ne pas casser ces dynamiques »
Outre les spécialistes, nombreux sont ceux qui voient en l’apprentissage un atout non négligeable pour les jeunes. Le think tank dédié à l’éducation, VersLeHaut, a récemment mené une étude intitulée « Le monde du Travail, nouvel horizon éducatif ? ».Dans celle-ci, les auteurs voient en l’alternance un rempart « au fossé entre école et monde du travail ».
Orientation, alternance, insertion : l’école prépare-t-elle vraiment au monde du travail ?
Selon Camille de Foucauld, directrice de l’étude, la réforme de l’apprentissage et les aides à l’embauche des apprentis ont facilité l’accès à l’alternance aux étudiants. « Cela fait 30 ans qu’on promeut l’apprentissage. Oui, ça coûte cher, mais il faut arrêter de voir ces arbitrages sous un angle purement administratif, alors que l’on a de vrais résultats : attention à ne pas casser ces dynamiques », explique-t-elle.