De nouvelles dispositions qui pourraient changer la donne pour les apprentis et leurs employeurs. Quelques jours après l’adoption définitive du budget pour 2025 par le gouvernement Bayrou, l’Association nationale des apprentis de France (ANAF) tire la sonnette d’alarme.
Dans un communiqué publié mercredi 10 février, l’association s’inquiète des nouvelles mesures inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025. Celles-ci « pourraient impacter la rémunération des apprentis et la dynamique des recrutements dans les entreprises », indique l’ANAF.
200 euros net en moins par mois pour un apprenti au SMIC
Comme le dit le dicton : le diable est dans les détails — de la fiche de paie, en ce qui concerne les apprentis. Certaines lignes de ce document pourraient être modifiées par le nouveau budget, prévient l’ANAF, ce qui entraînerait une « diminution significative du salaire net des apprentis », qui font « déjà face à des difficultés financières ».
Le texte prévoit ainsi une réduction du plafond d’exonération des cotisations salariales et d’assujettir tous les apprentis gagnant au moins 50 % du SMIC à la CSG-CRDS (contribution sociale généralisée et la contribution au remboursement de la dette sociale). Auparavant, ce plafond était fixé aux salaires atteignant 79 % du SMIC. Ce changement devrait prendre effet pour tous les contrats d’apprentissage dans les entreprises de plus de 10 salariés, à partir du 1er mars 2025.
Interrogé par Capital, Baptiste Martin, secrétaire général de l’ANAF a fait les comptes. Pour un apprenti qui touche le SMIC, soit 1 800 euros brut par mois, la moitié de son salaire (soit 900 euros — 50 %, au lieu de 79 %) sera désormais soumis à des charges plus élevées :
- La CSG (9,2 %) et la CRDS (0,5%) : soit environ 87 euros brut
- Les cotisations sociales (environ 22%) : 198 euros brut, contre 115 euros avant la réforme.
Un changement de plafond qui implique, au total, une perte nette de 202 euros net par mois pour l’apprenti qui touche un SMIC, calcule ainsi Baptiste Martin pour Capital.
« Ces dispositions, si elles sont appliquées sans ajustement, rendraient le parcours des alternants plus difficile et pourraient décourager de nombreux jeunes à s’engager dans cette voie » alerte l’ANAF dans son communiqué.
Manque de garanties concrètes sur d’éventuelles compensations
La présentation des mesures du PLFSS ne date pas d’hier et les acteurs du secteur réclament depuis plusieurs mois des mécanismes de compensation de cette réduction de rémunération des apprentis. Face à ces inquiétudes, le ministère du Travail avait évoqué une « revalorisation des grilles salariales », en novembre 2024, rappelle l’ANAF. Mais l’organisation s’inquiète : « aucune garantie concrète n’a encore été apportée » à ce sujet.
Du côté des employeurs, enfin, le PLFSS pour 2025 devrait aussi avoir un impact négatif sur l’apprentissage, s’inquiète l’ANAF. « Confrontées à une baisse récente des aides à l’embauche, les entreprises risquent d’être encore plus réticentes à recruter en raison de ces charges supplémentaires ».
Une « double contrainte » qui fait craindre à l’organisation une « diminution importante du nombre de recrutements, laissant de nombreux jeunes sans solution d’apprentissage ». Pour éviter cette situation, l’ANAF appelle à prévoir des « mesures compensatoires pour éviter une crise majeure du dispositif d’apprentissage, qui reste une voie d’accès essentielle à l’emploi pour des milliers de jeunes ».