Avec la mondialisation et l’internationalisation des échanges, la finance n’a cessé de gagner en importance. Malgré un léger ralentissement au moment de la crise de 2008, ce secteur s’est vite repris et l’emploi aussi. Autre facteur important, la crise du coronavirus, et la diminution des réseaux bancaires qu’elle a entraînée, a accéléré la mutation du secteur. Dans un futur proche, le nombre d’agences va diminuer et les relations avec les conseillers seront différentes.
Travailler dans la finance, en quoi cela consiste ?
Avant de s’orienter vers un travail dans les banques, il est important de distinguer deux types de finance : celle de marché et celle d’entreprise.
La finance d’entreprise permet de gérer la finance, les ressources et les besoins financiers d’une entreprise. Il y a 3 grands pôles dans la finance d’entreprise :
- la gestion de budget
- le choix d’emprunter ou de se tourner vers des capitaux propres
- la gestion des besoins au quotidien (fournisseurs)
De son côté, la finance de marché est un lieu où vont se dérouler des échanges entre ceux qui offrent des capitaux et ceux qui ont besoin de capitaux. Ceux qui ont besoin de capitaux vont émettre et gérer des articles financiers et des actions et ceux qui offrent des capitaux vont racheter ces titres avec des objectifs de rentabilité à court ou à long terme. L’objectif de la finance de marché est donc de faire rencontrer l’offre et la demande de financements et de capitaux.
Les métiers de la finance
Le secteur de la finance recrute ! Et particulièrement chez les jeunes diplômés. Selon une étude de l’Apec datant de 2018, plus de 80 % des diplômés en finance/gestion/comptabilité trouvent un emploi moins de deux ans après la fin de leurs études. Dans le domaine de la finance, les plus gros recruteurs sont les banques et les sociétés d’assurance. Diplomeo a interrogé Sylvain Bourjade, professeur de finance à Toulouse Business School (TBS). Il nous éclaire sur quelques métiers qui recrutent dans le domaine de la finance, après un bac+5.
« C’est un secteur qui a de l’avenir » explique-t-il. « Il y a un changement dans le monde de la finance : les gens demandent beaucoup de transparence sur ce qui est fait. Et on a l’émergence de nouveaux métiers. C’est la raison pour laquelle les étudiants n’ont aucun mal à trouver un emploi à la fin de leurs études », ajoute-t-il.
Pour évoquer le sujet, le professeur de finance prend comme exemple le cas de TBS : « L’an dernier, au bout de quatre mois de stage, 50 % de nos étudiants de dernière année étaient embauchés. 95 % avaient trouvé un emploi quelques mois après l’obtention de leur diplôme. »
Analyste actions
« L’Equity Research recrute beaucoup » explique Sylvain Bourjade. « La plupart du temps, les étudiants vont être embauchés pour faire des analyses microéconomiques et macroéconomiques. Ce sont des métiers qui sont entre la finance d’entreprise et la finance de marché. Dans ce domaine, en ce moment, les entreprises recrutent énormément ».
Mais qu’est-ce qu’un analyste actions ? Ce professionnel a pour objectif d’analyser des informations micro ou macroéconomiques. Il doit également donner un avis sur l’évolution des marchés financiers pour aider sa société dans ses choix d’investissement.
Analyste financier buy-side ou sell-side
« Les entreprises cherchent également des analystes financiers buy-side, chez les gestionnaires de fonds notamment, et des analystes financiers sell-side, dans les banques », témoigne Sylvain Bourjade.
L’analyste financier buy-side a comme mission de conseiller sur des placements d’investissement. Il doit donc recommander les achats ou les ventes de titres boursiers à des sociétés d’investissement.
L’analyste financier sell-side, contrairement à l’analyste buy-side, réserve ses conseils aux banques, et non aux entreprises.
Structureur
« Il y a également de très belles perspectives dans le métier de structureur au sein de banques d’investissement. Beaucoup de compagnies aériennes, de leasing, d’hôpitaux ont besoin de ces financements », explique Sylvain Bourjade.
Créer des produits dérivés : telle est la mission principale du structureur financier. Pour mener à bien cet objectif, ce professionnel prend des produits financiers qui existent déjà et les fusionne afin de répondre aux attentes de son client.
Analyste debt capital market
« Beaucoup d’entreprises souhaitent émettre des obligations. Le marché de la dette peut être intéressant pour les étudiants. Le métier d’analyste debt capital market (DCM) offre notamment de belles opportunités », expose Sylvain Bourjade.
L’analyste debt capital market a pour mission de conseiller ses clients sur des opérations d’émission de dette. Ce professionnel de la finance leur fait des suggestions pour lever de la dette, refinancer ou restructurer de la dette existante.
Analyste en finance structuré
« Les débouchés dans le domaine du financement structuré et du financement de projet sont également intéressants. Cela concerne des entreprises qui souhaitent acheter et qui vont demander à trouver un financement. C’est par exemple le cas du métier d’analyste en finance structuré qui s’exerce dans les banques d’investissement », renseigne Sylvain Bourjade.
Ce professionnel a pour mission de monter et de distribuer des financements complexes et innovants tels que des crédits syndiqués, des financements d’acquisition et de projets ou des financements d’optimisation et d’actifs.
Analyste fusion acquisition
« Il y a également une reprise pour des métiers tels qu’analyste fusion acquisition (banques ou boutiques). Il s’agit d’un métier très haut de gamme de la finance qui recrute énormément en ce moment », termine Sylvain Bourjade.
Ce spécialiste a pour but d’aider son entreprise ou sa banque à réussir d’importantes opérations financières. Il analyse le marché afin d’apporter des conseils sur l’achat de sociétés, la vente de filiales, les fusions, etc.
Chargé de clientèle banque
Connaissant parfaitement les produits proposés par sa banque et le profil de ses clients, le chargé de clientèle banque cherche la solution la plus adaptée et la plus rentable pour les deux parties. C’est un métier à la fois technique et commercial. Avec environ 200 000 postes dans tout l’Hexagone, la fonction de chargé de clientèle est assez bien diffusée en France et aucune région ne se démarque au niveau du nombre de postes à pourvoir.
Directeur d’agence bancaire
Tel le patron d’une petite entreprise, le directeur d’agence bancaire assume de lourdes responsabilités. Motivant ses employés et soignant ses clients, il cherche à limiter les risques financiers et à accroître le chiffre d’affaires. Un métier tout en diplomatie. Caisse d’Épargne, Banque Populaire, Société Générale, BNP Parisbas, LCL… À elles cinq, ces enseignes comptent près de 15 000 agences bancaires en France avec dans chacune d’entre elles : un directeur d’agence bancaire à sa tête.
Inspecteur de banque
De la tenue des comptes au respect des réglementations, en passant par la stratégie commerciale, l’inspecteur de banque effectue des contrôles à tous les niveaux d’un établissement bancaire. Ses principes : observer, diagnostiquer et conseiller. Même si les inspecteurs de banque restent relativement peu nombreux par rapport aux effectifs globaux des personnels, les besoins demeurent constants dans la mesure où ces fonctions connaissent une mobilité importante. Cette fonction reste donc un passage idéal pour accéder à de plus hautes responsabilités (contrôle de gestion, ingénierie financière, audit bancaire, encadrement…).
Les Formations pour travailler dans la finance
Selon Thi Hong Van Hoang, professeur associé en finance et titulaire de la Chaire « Finance Sociale & Durable » à Montpellier Business School, « il n’y a pas de parcours idéal. Il y a plusieurs possibilités selon nos envies, nos projets et nos possibilités financières. On peut très bien s’orienter vers des BTS ou des DUT à l’université ou en école de commerce ou même en suivant une formation en ligne. »
Même son de cloche chez Didier Coutton, professeur à l’INSEEC et auteur de 13 livres de finance. Selon lui, « tout le monde peut venir à la finance. Il y a quelques années, lors du premier amphi de quatrième année, j’ai dit à mes étudiants que j’espérais qu’ils n’avaient fait STAPS. L’un d’entre eux a levé le bras et je lui ai dit que ça allait être compliqué pour lui. Or, il s’avère que cet étudiant s’est retrouvé major de sa promotion deux ans plus tard. Il avait les compétences et la volonté de bosser pour y arriver. Il n’était tout simplement pas à sa place en STAPS et il a trouvé sa voie. On peut donc venir de n’importe où ».
Vous l’avez donc compris, en fonction de votre projet d’études et de votre projet professionnel, vous allez pouvoir choisir votre voie parmi un large éventail de formations allant du bac +2 au bac +6 dans des établissements publics ou privés. Si vous préférez les études courtes mais plus pratiques et professionnalisantes, optez pour un BTS. Au contraire, si vous souhaitez effectuer des études longues et appréciez le côté théorique des formations, optez pour un cursus de niveau bac +3 ou bac +5.
Niveau bac +2
- BTS Banque/finance/DUT Banque/finance : ils s’adressent aux bacheliers et à ceux qui souhaitent effectuer des études courtes. En deux ans, les étudiants obtiennent leur diplôme et sont directement opérationnels sur le marché du travail.
Niveau bac +3
- Bachelor Banque/Finance : ce diplôme se prépare en trois ans après le baccalauréat, ou bien en un an après un bac +2 dans le même domaine.
- DEES Banque (Diplôme Européen d’Études Supérieures) : cette formation dure un an et est accessible aux titulaires d’un bac +2.
- Licence Banque/Finance : la licence est dispensée par des universités et est accessible à tous les étudiants titulaires du bac.
Niveau bac +5
- Master Banque/Finance : le master est ouvert aux titulaires d’un bac +3 uniquement et est dispensé au sein des universités.
- MSc Banque/Finance (Master of Science) : dispensé par les écoles privées, le MSc est dédié aux titulaires d’un bac +3.
Niveau bac +6
- Mastère spécialisé Banque/Finance : pour y prétendre, il faut justifier d’un bac +5, ou d’un bac +4 et de trois années d’expérience.
Travailler dans la finance sans diplôme
Les banques ne sont pas fermées aux profils de travailleurs sans diplôme. Elles regardent de plus en plus les compétences pratiques et techniques en fonction du poste qui vous intéresse.
Un parcours commercial durant lequel vous avez développé des compétences en relations clients peut vous amener vers les métiers de la banque. La maîtrise des outils digitaux peut également s’avérer être un plus sur votre CV. Bien sûr, l’anglais et d’autres langues vivantes peuvent enrichir votre profil et vous rendre plus attrayant aux yeux des recruteurs.
Sans diplôme, il est ainsi possible de postuler à des postes comme :
- Conseiller bancaire en ligne
- Conseiller clientèle à distance
Comment postuler sans diplôme ?
Si vous avez été vendeur pendant 6 mois par exemple, cela peut suffire pour postuler. À vous de montrer que vous avez le sens du service client.
Sans diplôme et sans expérience, vous pouvez également postuler à un contrat d’alternance(apprentissage). Les banques recrutent des milliers d’apprentis chaque année, et à la sortie de votre formation, vous aurez un niveau Bac+2.
Enfin, si vous avez l’expérience mais pas de diplôme, vous pouvez tenter un VAE (validation des acquis de l’expérience). Votre expérience professionnelle sera alors valorisée à sa juste valeur.
Notez cependant que pour travailler dans la finance, être diplômé est un vrai plus. Didier Coutton nous raconte : « Lorsque je suis rentré dans le monde de la finance, je me souviens qu’à l’époque mon bouquin de finance pesait 500 grammes. Aujourd’hui, le même livre, pour le même programme, pèse 10 kilos. Cela veut dire qu’entre les années 80 et aujourd’hui, la finance s’est complexifiée. Elle est également devenue beaucoup plus concurrentielle. S’il y a 40 ans, un bac suffisait pour entrer dans une banque, aujourd’hui, un bac+3 ne suffit même plus. Dans le passé, le niveau d’un étudiant sortant d’un DUT ou d’une licence professionnelle suffisait. Maintenant, il faut au minimum un bac+5 et être spécialisé. De plus, on demande désormais aux étudiants de détenir une certification professionnelle : l’AMF. En plus d’être diplômé, l’État français doit vérifier leurs connaissances financières minimales pour pouvoir exercer ».
Quels salaires en finance ?
Les salaires dans le domaine de la finance sont généralement confortables.
En effet, le salaire annuel moyen en France des personnes travaillant dans le secteur bancaire est de 68800€ (brut) par an. La moyenne basse étant d’environ 38000€ et la moyenne haute étant de 127000€.
Ces chiffres sont ceux du salaire annuel moyen, comprenant le logement, le transport et d’autres avantages en nature. Notez cependant que les salaires varient considérablement entre les différentes professions bancaires.
Les évolutions de carrière dans la finance
D’après Didier Coutton, « la particularité de la banque est que vous pouvez faire toute votre carrière au sein de la même banque en passant d’un poste à l’autre, d’une fonction à l’autre. Dans le domaine de la banque il y a aussi beaucoup de formations disponibles. Cela induit qu’un employé de banque peut très vite être amené à passer en moyenne 5 à 10 % de son temps en formation." Ce temps de formation est nécéssaire car le secteur de la finance est un domaine qui évolue sans cesse. En suivant ces formations, un professionnel de la banque pourra donc aisément évoluer au sein d’une même banque.
Les évolutions du secteur de la finance
La banque est un secteur très ancien. Les banques telles que nous les connaissons aujourd’hui sont là depuis un siècle et demi. Dans le futur, l’environnement va changer, mais les banques vont demeurer présentes, elles seront simplement différentes. Les métiers ne vont pas fondamentalement changer, nous allons davantage assister à un changement dans les compétences demandées pour exercer un métier. Les employés de banque de demain devront désormais savoir traiter et analyser les données de manière automatisée et digitalisée tout en tenant compte des exigences réglementaires liées à la finance durable.
De plus en plus de femmes
Les métiers de la finance sont des métiers qui se féminisent énormément. Didier Coutton se souvient : « dans le passé une femme qui entrait dans une salle de finance, c’était un peu comme une femme qui mettait les pieds sur un chantier ». Aujourd’hui c’est terminé. « Pour donner un ordre d’idée, lorsque j’ai débuté dans le secteur, il y a 20 ans, on notait environ un tiers de femme pour deux tiers d’hommes. Aujourd’hui, la proportion s’est quasiment renversée puisque nous sommes à 60 % de femmes et 40 % d’hommes » souligne le docteur en sciences de gestion.
Un gros bouleversement sur les dernières années
Selon Thi Hong Van Hoang, « il y a trois dates importantes qui marquent des tournants dans le monde de la finance. La première c’est 2008. Avant cette crise, seule la rentabilité purement financière comptait, il n’y avait pas vraiment de contrôle de limites. À partir de 2008, le secteur financier a commencé à mettre en place des règles afin de rétablir la confiance des systèmes financiers ».
D’après la professeur associée en finance, « le deuxième tournant date de 2015, année de la COP21 à Paris. À partir de cette date, on a commencé à voir apparaître des règles et des lois pour transformer la finance vers un développement durable. Par exemple, en France, l’article 173 de la loi énergie climat impose désormais aux fonds d’investissement d’être plus responsables ».
Enfin, toujours selon la titulaire de la Chaire Finance Sociale & Durable, « le troisième tournant est la crise du coronavirus que nous traversons actuellement. Depuis son apparition, la tendance vers une finance davantage durable est encore plus marquante car on a remarqué que le covid est comme une crise environnementale, qui impacte toutes les entreprises et tous les secteurs, y compris celui de la finance. Cela amène donc à devoir inclure les risques environnementaux et sociaux dans les analyses financières des entreprises, des banques et des fonds d’investissement ».
« La France et l’Europe sont d’ailleurs des pionniers dans cette transition vers une finance durable. En effet, la France a créé en 2015 le label ISR (ndlr : investissement socialement responsable) afin d’orienter les flux de capitaux vers les entreprises responsables. Plusieurs lois ont également été mises en place pour imposer aux fonds d’investissement d’expliquer leur démarche vers la finance durable » rappelle Thi Hong Van Hoang.
Beaucoup d’étudiants font aussi part de leur souhait de trouver des missions qui donnent un sens à ce qu’ils font. « Dans sa recherche d’emploi, la nouvelle génération tente de plus en plus de trouver des entreprises qui correspondent à leurs valeurs vers une économie durable et responsable. Face à cette demande, nous enseignants, nous nous devons d’inclure de plus en plus ces notions de responsabilité sociale au sein de nos établissements », explique la professeur associée en finance.
Mutation des métiers
D’après Didier Coutton, les métiers de la finance vont devenir de plus en plus digitaux. « La digitalisation bancaire va engendrer l’apparition de nombreux conseillers. Le nombre d’agences va diminuer et les relations avec les conseillers vont être différentes. Le confinement a accéléré cette mutation car il entraîne une diminution des réseaux bancaires. Demain nous n’irons plus à la banque, c’est la banque qui viendra vers nous. Le conseiller bancaire proche du client que vous aviez l’habitude d’aller voir de temps en temps vous recevra de moins en moins. À l’avenir, il y aura beaucoup plus de communications téléphoniques et de visioconférence. Nous irons dans notre banque uniquement pour des besoins de spécialités comme pour un emprunt ou pour placer de l’argent par exemple. On peut aussi imaginer que des conseillers se rendront directement à votre domicile. Il ne s’agira plus d’employés de banque, mais d’intermédiaires indépendants d’opérations qui travailleront pour le compte d’une banque ».
Tous ces phénomènes futurs peuvent s’expliquer par le fait que 70 % du coût des banques provient de leur réseau commercial. Comme ces agents coûtent cher et qu’ils rapportent de moins en moins, les banques se doivent de trouver des solutions en formant de nouveaux agents, tout en conservant les ressources les plus compétentes et en les réorganisant.