« Il faut avoir un accès rapide pour ceux qui en ont besoin ». Invitée de l’émission politique Backseat sur la plateforme Twitch ce jeudi 28 septembre, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, s’est exprimée sur la précarité étudiante.
Tandis que la rentrée universitaire a débuté, les associations étudiantes alertent sur ce phénomène grandissant. En effet, 50 % des étudiants ont déjà renoncé à acheter de la nourriture d’après une étude menée par l’association Cop-1.
« Le plus dur c’est de faire des choix : et les premiers choix, ce sont vers les étudiants » a rappelé Sylvie Retailleau. Elle a affirmé que le ministère s’engage à financer les associations d’aide alimentaire comme Cop-1 et Linkee, « au vu de l’urgence actuelle » que traverse la communauté estudiantine.
En s’exprimant dans l’émission politique en direct sur Twitch, la ministre a souhaité toucher un maximum de jeunes, dans un talk-show décontracté et apprécié des 18-30 ans.
Contenu masquéPour afficher ce contenu issu des réseaux sociaux, vous devez accepter les cookies et traceurs publicitaires.Ces cookies et traceurs permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d’intérêt.Soutien aux étudiants précaires : "Il faut avoir un accès rapide pour ceux qui en ont besoin" 🎙️ @sretailleau dans #Backseatpic.twitter.com/xTrKp8j9f5
— Backseat🎙 (@Backseat_fr) September 28, 2023
Les étudiants en difficulté : une priorité
Sylvie Retailleau a rappelé ses mesures phares pour venir en aide aux étudiants. D’une part, la réforme des bourses avec 37 euros de plus par mois avec 35 000 étudiants de plus concernés. « J’ai annoncé une remise à plat totale du système de bourses, car il n’est plus adapté. J’ai augmenté de 4 % les bourses dès l’année dernière », a-t-elle informé. Une mesure également défendue par la ministre lors d’une intervention sur France Culture la veille.
D’autre part, la mise en place du repas à un euro au CROUS pour les étudiants boursiers et précaires. « Un étudiant qui a faim ne peut pas attendre pour bénéficier de ce repas à 1 euro », a-t-elle expliqué, avant d’ajouter que tout jeune qui le souhaite peut se connecter sur le site du CROUS et demander à bénéficier du dispositif, immédiatement. « Il faut aider plus et rapidement les étudiants qui en ont besoin ».
La ministre opposée à l’allocation universelle étudiante
Dans une tribune publiée dans Le Monde le 19 septembre dernier, plusieurs présidents de faculté ont tiré la sonnette d’alarme face aux difficultés des étudiants liées à l’augmentation du coût de la vie. Ils appellent à réfléchir sur la mise en place d’une allocation universelle pour tous les étudiants et les étudiantes.
Comparé à un RSA pour les jeunes par les chroniqueurs de Backseat, le revenu universel a occupé une partie du débat. Sur le sujet, la ministre de l’Enseignement supérieur a rejeté cette proposition. « Je ne suis pas d’accord avec eux — les présidents d’université, NDLR — car le RSA est un système qui permet aux personnes qui ne sont pas vers l’insertion d’être amenées vers l’insertion », avance Sylvie Retailleau. « Dire que l’enseignement supérieur est équivalent au RSA, ce n’est pas l’image que j’ai envie de donner », renchérit-elle.
La ministre a également été questionnée sur le mal-logement. Un enseignant a tenu à présenter, via des questions du public diffusées sous format vidéo, les difficultés rencontrées par ses étudiants qui vivent dans « des résidences CROUS dans lesquelles il y a des cafards et des rats ». Ce à quoi, Sylvie Retailleau a rétorqué que les CROUS ont engagé des travaux en ce sens.
À Paris, un camping étudiant installé pour dénoncer le mal-logement
« Il reste 12 000 logements CROUS vétustes, soit 7 % et je viens de débloquer 300 millions d’euros planifiés pour rénover ces logements avant la fin du quinquennat », a-t-elle promis.
« J’ai l’impression de vivre dans un monde parallèle au vôtre »
Logement, bourses, budget : Sylvie Retailleau a partagé beaucoup de chiffres concernant la rentrée universitaire pendant l’émission. Un réflexe du métier qui a crispé une partie des chroniqueurs de Backseat, qui ont accusé la ministre de ne pas réellement prendre en compte la situation des étudiants.
« À vous écouter depuis le début, j’ai l’impression de vivre dans un monde parallèle au vôtre », a assené Latifa Oulkhouir, directrice exécutive Le mouvement et chroniqueuse de l’émission. « Pour la précarité étudiante, vous avez obtenu un arbitrage, mais, en attendant, ce que je vois ce sont des étudiants qui dorment sous des tentes et qui ont faim. C’est très compliqué de vous entendre dérouler toutes ces données ».
« C’est juste insupportable de voir les étudiants en situation de précarité. Je suis une ministre qui vient de la société civile. Je connais les étudiants et je peux apporter mes compétences pour les soutenir », Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur.
Une attaque à laquelle la ministre a répondu sèchement : « Ça fait 35 ans que je suis avec les étudiants et que je les aide. Vous ne pouvez pas me dire ça à moi, tout ce que je déroule c’est pour apporter du mieux et construire quelque chose pour eux ». Pour Sylvie Retailleau, les chiffres permettent de mieux cerner les difficultés et de proposer « des solutions qui sont soutenables ».
« C’est juste insupportable de voir les étudiants en situation de précarité. Je suis une ministre qui vient de la société civile. Je connais les étudiants et je peux apporter mes compétences pour les soutenir », a-t-elle poursuivi. Reste à savoir si elle a vraiment convaincu le public de l’émission, qui se compose de jeunes de 18 à 30 ans.