Une scène pour le moins inhabituelle, en plein coeur de Paris. Une dizaine d’étudiants, syndicalistes et politiques ont installé un campement éphémère, mardi 26 septembre au soir, place des Invalides (VII° arrondissement) à quelques pas de l’Assemblée nationale. Comme sur les campus de Bordeaux ou Lille ces derniers jours, les manifestants réclamaient un toit pour les étudiants.
Une nouvelle action symbolique, à l’initiative du syndicat l’Union étudiante, pour dénoncer le mal logement des étudiants. Avec un loyer moyen de 499 euros en France, le logement représente 56% du budget d’un étudiant, selon le syndicat. Un prix en hausse, qui frappe de plein fouet les étudiants, 20% d’entre eux vivant sous le seuil de pauvreté en France, d’après la Fondation Abbé Pierre. Résultat : de nombreux étudiants se retrouvent sans solution de logement, trois semaines après le début de la rentrée universitaire.
🟣 Lancement de notre enquête sur le mal-logement étudianteAujourd’hui, les étudiant•es ont planté leurs tentes devant l’Assemblée Nationale. Peut être qu’avec ça, les macronistes se rendront enfin compte qu’il est temps d’agir et de sortir les étudiant•es de la précarité ! pic.twitter.com/aTlmpluIzB
— L’Union Étudiante (@unionetudiante_) September 26, 2023
"Deux heures de trajet aller" pour se rendre à l’université
Parmi les manifestants, Gabriel, 21 ans. Admis en licence de Sciences politiques à Paris XIII (Seine-Saint-Denis) l’année dernière, l’étudiant originaire de l’Essonne n’a jamais trouvé de logement proche de sa fac. Le Crous de son campus n’acceptant pas son échelon de bourse (0 bis), et les logements privés dépassant son budget (300 euros par mois), il doit se résoudre à rester chez ses parents. "Tous les jours j’ai deux heures de trajet aller pour me rendre à l’université”" explique-t-il.
Une situation qui le "met en échec dans ses études", regrette le jeune homme, qui a une reconnaissance de handicap pour des problèmes de fatigue. Pour se rapprocher de son lieu d’études, il est à l'affût du moindre bon plan, espérant ne pas avoir à "recommencer à zéro" ses inscriptions à l’université pour parvenir à étudier plus près de chez lui.
Les étudiants "doivent se salarier ou abandonner leurs études"
Quentin, 28 ans, a connu la même galère que Gabriel l’année dernière. Accepté dans une fac parisienne, il a dû renoncer à ses études, pour travailler et trouver un logement. En cours d’année, il s’est réinscrit sur MonMaster avant d’être accepté à Paris XIII, en M1 Sciences politiques. "Aujourd’hui je suis en coloc’ dans le sud de Paris, à une heure de ma fac, et j’héberge un pote qui est dans la même situation que moi l’année dernière", ajoute Quentin, qui dénonce une spirale infernale.
D’un côté, "la demande dans les Crous explose, alors que les logements proposés sont dans un état insalubre" ; de l’autre côté, "c’est très complexe de trouver dans le privé, car on nous demande de gagner trois fois le loyer, ce qui est impossible", constate-t-il. Pris en étau, "les étudiants vont devoir se salarier, ou abandonner leurs études", regrette encore l’étudiant.
Quel est le prix des loyers des villes étudiantes en France ?
"La réalité c’est qu’il y a des gens qui se retrouvent à dormir chez des potes ou dans la rue pour pouvoir suivre leurs études", confirme Karel Talali, secrétaire général de l’Union étudiante. Pour lui, la multiplication des collectifs étudiants sans logements partout en France est "révélateur de la tension sur le marché locatif et la difficulté d'accès au Crous". Son syndicat réclame la création en urgence de 150.000 logements étudiants en France. Et à long terme, la création de 600.000 logements étudiants sur le territoire. "On attend vraiment que des moyens soient mis sur la table", souffle-t-il.