Étudier sans pouvoir se sustenter : une réalité pour beaucoup d’étudiants. Dans son nouveau baromètre 2025 de la précarité étudiante, la FAGE tire à nouveau la sonnette d’alarme tant les chiffres restent inquiétants. Le syndicat étudiant a interrogé les principaux bénéficiaires des épiceries solidaires des AGORAé, un réseau que l’on retrouve partout en France.
Selon l’enquête, 79 % des bénéficiaires du réseau AGORAé ont été contraints de réduire leurs achats de nourriture, mais aussi de produits de première nécessité. La FAGE souligne, par ailleurs, que trois quarts des bénéficiaires des aides alimentaires ne sont pas boursiers, dont 58 % ne sont pas éligibles.
Une jeunesse particulièrement exposée à la pauvreté
Suivre ses cours en amphi, tout en ayant le ventre vide, c’est le quotidien de beaucoup d’étudiants. En effet, ils sont 6 jeunes sur 10 pour qui sauter des repas chaque semaine est une « habitude ». Pire encore, 30 % d’entre eux se privent d’au moins 4 repas hebdomadaires, tandis que 20 % des étudiants ne mangent pas à leur faim.
« La principale raison de ces sauts de repas est financière, citée par 85,71 % des bénéficiaires. Le manque de temps (57,1 %) et l’absence d’options de restauration à proximité (17,9 %) contribuent également à cette situation », peut-on lire dans le baromètre.
Face à ce phénomène préoccupant, la FAGE demande l’ouverture du repas CROUS à un euro pour tous les étudiants, ainsi que l’accès à la restauration à tarification sociale sur l’ensemble des sites de formations. Le syndicat préconise aussi une expérimentation de la sécurité sociale de l’alimentation. Il s’agit d’un dispositif permettant de sécuriser le budget alimentaire pour les plus précaires et d’avoir l’opportunité d’accéder à une alimentation de qualité, quel que ce soit ses moyens.
La précarité étudiante : un frein à la réussite
Sans surprise, les situations de précarité alimentaire ont une incidence sur les résultats scolaires de la communauté estudiantine. Celle-ci contraignent « 42 % des jeunes à se salarier en France », explique la FAGE. Ne pas manger à sa faim, aller en cours et devoir travailler à côté se révèle néfaste pour les résultats académiques « créant un cercle vicieux autour de leur situation de précarité ». 71 % des bénéficiaires AGORAé ressentent un impact négatif sur leur réussite.
« La précarité a un gros impact sur nos études, on est souvent fatigués avec peu d’énergie »
« Sans vous, mon année n’aurait pas été possible sur le plan financier », témoigne un étudiant dans le baromètre. « La précarité m’a fait prolonger mes études », renchérit une autre. « Je pense arrêter mes études ou arrêter provisoirement afin de travailler », se désole une étudiante en master dans un établissement parisien.
La FAGE alerte sur l’urgence d’une réforme des bourses sur critères sociaux
Tandis que la dernière réforme des bourses sur critères sociaux a eu lieu il y a deux ans, le syndicat étudiant rappelle, dans son baromètre, la nécessité d’entamer une nouvelle réforme, alors que 6 sondés sur 10 ne bénéficient d’aucune aide financière. « Ce chiffre est la preuve que le système de bourses étudiantes est défaillant, inadapté aux réalités et nécessite en urgence d’être réformé », précise le syndicat en référence à la dernière prise de décision de Sylvie Retailleau, l’ancienne ministre de l’enseignement supérieur. « Ces mesures nécessaires sont loin d’être suffisantes, et une 2ᵉ partie de la réforme, essentielle, a été annoncée pour la rentrée 2025. Même en période d’instabilité politique et de volonté de restriction budgétaire, la pauvreté étudiante ne peut plus attendre », explique la FAGE.
Ainsi, les représentants syndicaux estudiantins préconisent un élargissement du nombre de boursiers,« avec un objectif direct de 1 million de bénéficiaires » et une indexation des plafonds d’accès aux bourses sur le SMIC et sur l’inflation.