3/10. C’est la note attribuée à l’accompagnement des établissements scolaires par 28% des lycéens d’après notre enquête sur l’orientation. Le constat est sans appel : en 2023, un étudiant sur quatre se réorientait, un sur deux seulement obtenait sa licence.
Pour le MEDEF (Mouvement des Entreprises de France), l’orientation est « un enjeu stratégique pour les entreprises ». Ainsi, l’organisation souhaite participer aux échanges sur l’évolution de l’accompagnement proposé aux lycéens. À quoi pourrait ressembler le futur de l’orientation ? Décryptage de leurs recommandations.
« Faire de l’orientation une grande cause nationale »
C’est LE cheval de bataille du MEDEF. Pour lui, Parcoursup est un « coupable idéal » qui masque la partie immergée de l’iceberg : l’orientation n’est pas une problématique unique aux lycéens en terminale. C’est un travail important mené tout au long de la scolarité des Français, du collège au bac.
Pour repenser la manière dont est pratiquée l’orientation, l’organisation souhaite que l’État travaille de concert avec les régions et les partenaires sociaux pour élaborer une grande stratégie à l’échelle nationale. Pour cela, il faut allouer « temps, équipes encadrantes, outils, activités pédagogiques » selon l’organe représentatif des entreprises. Il préconise aussi de rendre effectives les heures dédiées à l’orientation prévues par le Code de l’éducation : 54 heures sont prévues en troisième, puis 36 heures en seconde et en première.
Bien que plus de 10 000 centres soient dédiés à l’orientation, leur éloignement peut freiner l’accès à l’information. Pour cela, le MEDEF appelle à créer une IA générative qui s’adapte aux besoins en région, mais aussi au profil unique de chaque candidat sur Parcoursup.
Pourquoi la plateforme Parcoursup est-elle autant critiquée ?
L’approche locale est aussi préconisée pour renseigner les étudiants sur les débouchés. En effet, le rapport incite à fournir des données précises autour de l’emploi dans les dossiers des conseils de classe en 3e, mais aussi sur Parcoursup pour « mettre en regard formations, coûts de ces formations et perspectives professionnelles associées ».
Enfin, le rapport propose d’offrir des bilans d’orientation aux étudiants. En théorie déjà possibles dans certains lycées et établissements spécialisés, le Mouvement des Entreprises de France préconise de se calquer sur le modèle du bilan de compétences avec un « accompagnement personnalisé sur une vingtaine d’heures par un professionnel qualifié ».
Repenser les formations
Le MEDEF estime que les inégalités sociales sont à l’origine des écarts d’offre de formation. Afin d’éviter les erreurs d’orientation, l’organisme recommande de créer des passerelles, dès le lycée, entre les filières générales, technologiques et professionnelles. « Il est important que chacun puisse expérimenter des matières et des approches autant théoriques que pratiques pour mieux appréhender la future voie de sa réussite », constate l’organisation patronale.
Le Mouvement des Entreprises de France souhaite aussi valider l’évolution de l’offre de formation sur les territoires. Si cette idée peut susciter des réserves, le rapport parle d'engager les partenaires sociaux sur un meilleur ciblage des territoires ruraux, parfois oubliés. Un oublie qui nécessite, pour les jeunes, de devoir se déplacer pour se former. Ce qui engendre des frais supplémentaires (loyer, courses, etc.).
La formation des élèves passe aussi par celle des enseignants. « Décloisonner le monde de l’entreprise et le monde éducatif », tel est l’un des objectifs de l’organisation patronale. Cela se traduit par plusieurs recommandations :
- Donner des kits d’orientation aux collaborateurs des entreprises, pour leur permettre d’aider leurs proches
- Mieux travailler les passerelles entre les professions salariées et le métier d’enseignant, pour faciliter le changement de carrière
- Former davantage les profs et le personnel de l’Éducation nationale à la question de l’orientation
- Proposer des immersions en entreprise aux étudiants
- Généraliser les stages de 3 à 5 jours chaque année, de la 3e à la terminale – une mesure qui paraît complexe à mettre en place tant il a été difficile pour les élèves de seconde de trouver une expérience professionnelle en 2024
Enfin, le MEDEF préconise de travailler sur l’employabilité des jeunes dès le lycée. Pour cela, des open badges pourraient être remis à tous les élèves de terminale pour valoriser les compétences – notamment les soft-skills – développées tout au long de leur scolarité. Cette mesure pourrait aider les candidats à mieux se mettre en avant sur Parcoursup et renforcerait leur employabilité.
Repenser le projet d’orientation reste un chantier complexe, actuellement pris en main par le ministère de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. Pour autant, alors qu’il n’y a jamais eu autant de reproches formulés envers Parcoursup, très peu de projets et propositions de lois ont été soumis pour améliorer la situation. D’après le site DataV de Sciences Po, depuis 2020, le Parlement adopte en moyenne 0,6 loi par an sur le thème de l’éducation.
Encart : Parcoursup : « On doit faire mieux », assure Élisabeth Borne / https://diplomeo.com/actualite-parcoursup_concertation_orientation_borne