210 000 viols ou tentatives de viol en France ont lieu chaque année. 32 % des femmes ont déjà subi du harcèlement sexuel au travail. 9 femmes sur 10 connaissent leur agresseur. Voilà les chiffres alarmants mis en avant par le collectif féministe #NousToutes.
Du côté de l’enseignement supérieur, le constat n’est pas moins inquiétant. Selon le Baromètre 2023 de l’Observatoire Étudiant des Violences Sexuelles et Sexistes, 27 % des étudiants déclarent avoir été victimes d’au moins un fait de violence sexiste, sexuelle ou LGBTQIA+phobe. 9 % des étudiants affirment avoir subi une agression sexuelle depuis leur entrée dans le supérieur. Résultat ? Les étudiants, notamment les jeunes femmes, sont de plus en plus vulnérables et des mesures pour sensibiliser au sujet des VSS doivent être mises en place.
C’est la raison pour laquelle Apolline, étudiante en première année de Bachelor Communication Marketing à l’ISCOM Lille, décide de s’investir dans une cause qui lui tient à cœur : la lutte contre le harcèlement de rue. Au sein de son école, elle intègre l’association Eh ! Mademoiselle. Celle qui au départ ne savait pas quelle trajectoire emprunter pour ses études supérieures nous raconte son parcours avec enthousiasme.
Tu hésitais sur ton orientation, comment t’es-tu rendu compte que c’est vers la communication que tu voulais aller ?
La pédagogie d’une école privée me convient mieux. Après avoir réalisé deux années de licence et une première année de médecine, je me suis rendu compte qu’on était beaucoup trop livré à nous-mêmes et j’ai besoin d’un cadre. Du coup, pendant mes recherches, je me suis concentrée sur des écoles plutôt que sur des facs.
Et ensuite, la communication, c’est vraiment en regardant tous mes bulletins et en observant mes notes, que j’ai réalisé que ce domaine était fait pour moi. Par exemple, mes notes à l’oral étaient bien meilleures que les autres. D’autre part, j’apprécie particulièrement les réseaux sociaux.
En fait, je ressens quelque chose que je n’avais pas ressenti en licence ou en médecine et qui me manquait. En cours ou en stage, je ne vois pas mes journées passées. Ça va tout seul, et c’est très important de se sentir bien dans la trajectoire qu’on prend.
Quels conseils pourrais-tu donner à un jeune qui a aussi des doutes sur son orientation ?
Je dirais surtout qu’il faut s’écouter pour ne pas se laisser influencer et qu’il faut analyser ce qu’on aime faire quand on rentre chez nous, pendant nos moments de loisir, etc. Une fois qu’on a compris ce qui nous plaît vraiment, on essaye de trouver des points communs avec des métiers qu’on pourrait exercer à l’avenir.
Le sujet du harcèlement de rue est intéressant, important et d’actualité.
Tu es actuellement en stage, comment se passe ton expérience ?
Je suis en stage dans mon ancien lycée Saint-Adrien La Salle, à Lille. Je m’occupe du réseau alumni. Ma mission est de le dynamiser, de faire en sorte qu’il y ait de l’interaction. Je fais aussi évoluer les réseaux sociaux, en intervenant dans leur dynamisation et leur modernisation.
Mes missions sont clairement en adéquation avec ce que je vois en cours. C’est super de pouvoir mettre en pratique toutes les connaissances acquises à l’école directement pendant les périodes en entreprise.
Pour le stage de l’année prochaine, j’aimerais bien faire complètement autre chose, comme intégrer une agence de communication, par exemple. Pour m’aider dans mon orientation et être sûre de ce que je veux faire plus tard, j’ai envie de découvrir un maximum de secteurs différents pendant mes stages.
En parallèle, tu fais partie de l’asso Eh ! Mademoiselle. Qu’est-ce qui t’a donné envie d’en faire partie ?
J’ai intégré l’association dès mon arrivée à l’ISCOM, mi-septembre. L’école nous demande très vite de faire un choix d’asso et c'est celle-ci qui me parlait le plus. Le sujet du harcèlement de rue est intéressant, important et d’actualité. Il est donc essentiel de sensibiliser à ce sujet et de mettre en place des actions pour lutter contre ces actes.
Avec Eh ! Mademoiselle, on peut vraiment faire quelque chose à grande échelle, parce que c’est un sujet qui touche énormément de personnes. Par exemple, si on se fie aux résultats de certaines enquêtes publiées, près de 9 femmes sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement dans les transports en commun en France.
Quelles actions mettez-vous en place à travers Eh Mademoiselle ?
On fait beaucoup d’actions de sensibilisation en faveur de la lutte contre le harcèlement de rue. On a donc commencé à faire des conférences au sein de l’ISCOM au sujet des violences sexistes et sexuelles. Pour l’instant, ces dernières sont dédiées aux étudiants de l’école, mais on aimerait vraiment commencer à nous déplacer au sein de collèges et de lycées pour sensibiliser et renseigner sur le sujet.
Pour sensibiliser, il y a deux aspects à prendre en compte : le côté témoin et le côté victime. En tant que témoin, si on se pose la question « comment réagir ? », de notre côté, on va donner plein de conseils pendant nos conférences. Pour la victime, c’est pareil : comment réagir ? Que faire pendant l’agression pour me mettre en sécurité ? Que faire après l’agression ?
D’autre part, on communique régulièrement de nombreux chiffres sur le harcèlement, pendant nos prises de parole et sur nos réseaux sociaux.
Vous mettez en vente des capotes de verre, peux-tu nous expliquer le concept ?
Comme on représente quand même une école avec des jeunes qui sortent assez régulièrement, on a décidé de les suivre un petit peu dans leurs sorties, en leur proposant une solution de sécurité. En fait, la capote de verre, c’est un petit bout de plastique qu’on met au-dessus de notre verre et il y a juste un petit orifice pour mettre la paille. En gros, ça évite de se faire droguer son verre.
On voulait trouver une solution pour permettre aux jeunes qui ont envie de sortir et de profiter, de se sentir en sécurité lors de leurs moments entre amis.
Il ne faut pas avoir honte de partager son expérience, qui peut servir pour les autres, et de s’investir dans ce genre de cause qui nous tient à cœur.
Dans le même thème, sur l’accompagnement des jeunes quand ils vont en soirée, on a développé le copiétonnage. Les groupes de personnes intéressées nous envoyaient leur lieu de résidence et nous avons créé une carte qui leur permettait de rentrer ensemble de soirée. Même si on ne le fait pas systématiquement, on espère que cette initiative a donné l’impulsion pour qu’ils puissent avoir l’idée de le faire tous seuls après.
On compte poursuivre ce genre de projets, parce qu’on allie le côté sécurité et en même temps le fait d’être étudiant et de vouloir vivre une vie étudiante.
Quels sont vos projets à l’avenir avec cette asso ?
On veut mettre en place des cours de self défense. Ces séances seront accessibles sur inscription et uniquement pour les étudiants de l’ISCOM pour le moment. Pour y parvenir et récolter des fonds, on organise des ventes au sein de l’école, de crêpes ou de chocolats chauds, par exemple.
Pendant nos recherches sur le sujet, on a appris qu’il y a trois types de self défense : le contact physique que tout le monde connaît, mais aussi comment réagit face à son agresseur dans le sens corporel, mais pas physique, et comment réagir mentalement, ne pas se sentir stressé. Tout ça, ça se travaille et ce sont des techniques d’autodéfense importantes à connaître.
Quels conseils pour les femmes victimes ou pour celles qui souhaiteraient se joindre à la cause ?
Je sais que c’est difficile de parler d’une agression, mais il faut vraiment se sentir à l’aise avec le sujet. Il ne faut pas avoir honte de partager son expérience, qui peut servir pour les autres, et de s’investir dans ce genre de cause qui nous tient à cœur.