Les violences sexistes et sexuelles sont loin d’être éradiquées dans le monde de l’enseignement. En effet, selon le Baromètre OpinionWay pour Plan International France publié en janvier 2024 et réalisé auprès de 1 039 jeunes femmes âgées de 13 à 25 ans, 27% des jeunes ont déjà été victimes de violences sexistes et sexuelles ou de cyberharcèlement.
3 répondantes sur 10 ont d’ailleurs avoué avoir déjà eu peur d’en être victimes dans leur établissement scolaire. Mais ce n’est pas tout : 5% ont déjà évité de se rendre en classe à cause des VSS et 12% ont arrêté de se rendre sur les réseaux sociaux en raison du cyberharcèlement.
Ces jeunes femmes, pourtant d’âges et de milieux différents, ont un point commun : elles connaissent toutes, ou presque, quelqu’un qui a été victime de violences au moins une fois dans sa vie à l’école ou l’ont été elles-mêmes.
Sexisme : le phénomène le plus répandu
22% des sondées indiquent qu’elles ont déjà été victimes de sexisme. Cet acte ressort parmi les violences sexistes et sexuelles qui touchent particulièrement les jeunes femmes au long de leur scolarité, devant l’agression sexuelle (7%), le harcèlement sexuel (6%) ou le viol (3%).
Mais celles qui ne l’ont pas été affirment avoir connaissance d’autres victimes de VSS. D'après le baromètre, près de 4 filles sur 10 témoignent que d’autres élèves ont été victimes de sexisme, 24% de harcèlement sexuel, 20% d’agression sexuelle et 9% de viol.
Profil des sondées :
13-17 ans : 40%
18-21 ans : 31%
22-25 ans : 29%
Étudiantes/inactives : 71%
Actives en poste : 22%
En recherche d’emploi : 7%
Les victimes qui répondent oui à la question “savez-vous si des élèves, vous y compris, ont été victimes de chacune des violences suivantes” (66%) sont principalement les étudiantes et les jeunes en activité. Par exemple, parmi celles qui répondent “oui” à la question sur les agressions sexuelles, il s’agit de filles en activité (33%), d’étudiantes (28%), de lycéennes (19%) et de collégiennes (16%). Ces actes semblent donc avoir davantage lieu plus tard dans les études supérieures, voire dans le monde professionnel.
Ces mêmes victimes affirment d’ailleurs que les principaux auteurs de ces actes sont des hommes/garçons (83%). D’autres le font en groupe (61%) ou seuls (43%). Mais la gent féminine est aussi concernée : plus de 3 agresseurs sur 10 sont des femmes/filles. Dans la majorité des cas (92%), les auteurs de VSS sont des jeunes, mais il existe une part d’adultes (9%).
À noter que même si elles sont nombreuses à ne pas vouloir répondre à cette question (souvent la moitié des interrogées), d’autres n’hésitent pas à en parler. En effet, selon le baromètre, plus de 6 jeunes femmes victimes de violences sexistes et sexuelles affirment en avoir déjà parlé, que ce soit à leurs amis (36%), à leurs parents (31%) ou au personnel scolaire (18%).
©Capture d’écran / Sondage OpinionWay pour Plan International - Janvier 2024
Moins présent, mais existant : le cyberharcèlement
Même si cette pratique est moins commune que les violences sexistes et sexuelles à l’école, elle n’est pas pour autant inexistante. En effet, 9% des sondées avouent avoir été victimes de cyberharcèlement au moins une fois pendant leur parcours scolaire. Sans forcément parler d’elles, plus de 3 personnes interrogées sur 10 affirment que d’autres élèves ont déjà subi du cyberharcèlement.
Parmi celles qui en ont été victimes, les filles en poste sont à nouveau celles qui en ont subi le plus (12%). Heureusement, moins d’une étudiante, lycéenne et collégienne sur 10 est touchée par ce fléau. Les actives (34%) sont aussi les plus nombreuses, avec les collégiennes (37%), à connaître d’autres élèves qui ont subi du cyberharcèlement.
Elles sont d’ailleurs plus nombreuses à en parler que celles qui sont victimes de VSS. Plus de 7 victimes de cyberharcèlement sur 10 ne le gardent pas pour elles. Elles en parlent majoritairement à leurs parents (45%) et à leurs amis (35%).
Sur les 1 039 jeunes femmes interrogées, moins de 2 sur 10 affirment qu’aucun élève n’a jamais été victime de cyberharcèlement.
©Capture d’écran / Sondage OpinionWay pour Plan International - Janvier 2024
Soutien des établissements : des avis mitigés
Les jeunes filles considèrent-elles que leur établissement scolaire les accompagne suffisamment au sujet des VSS et du cyberharcèlement ? Les opinions sont partagées. Effectivement, aussi bien du côté des violences sexistes et sexuelles (47%) que du côté du cyberharcèlement (48%), près de la moitié des répondantes ont le sentiment que leur établissement les accompagne convenablement.
Ce n’est pourtant pas le cas de l’autre moitié du panel des sondées (46% pour les victimes de VSS et 45% pour celles qui ont subi du cyberharcèlement). Dans les deux cas, un peu plus d’une fille sur dix n’est même “pas d’accord du tout” avec ces dires.
Cet accompagnement est perçu différemment selon l’âge des répondantes et le lieu de la scolarité. En effet, les filles âgées de 22 à 25 ans sont moins nombreuses à considérer que le dernier établissement qu’elles ont intégré accompagne suffisamment les victimes. 38% trouvent que l’accompagnement des victimes de VSS est suffisant, contre 46% pour les 19-21 ans et 54% pour les 13-18 ans.
Les données sont semblables côté cyberharcèlement :
- 39% pour les 22-25 ans
- 43% pour les 19-21 ans
- 55% pour les 13-18 ans.
©Capture d’écran / Sondage OpinionWay pour Plan International - Janvier 2024