En 2022, 14 % des jeunes entre 15 et 20 ans avouent avoir été victimes de harcèlement sexuel ou de violences sexuelles. Ce chiffre a été dévoilé par une enquête des Apprentis d’Auteuil, en partenariat avec OpinionWay, auprès de 1000 jeunes Français.
Alors que le gouvernement avait déjà annoncé que le budget réservé à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans l’enseignement supérieur allait doubler en 2023 (de 1,7 à 3,5 millions d’euros annuels), certaines écoles ont elles aussi décidé de se consacrer davantage à la cause.
C’est notamment le cas d’AgroParisTech, CentraleSupélec et l’École normale supérieure Paris-Saclay, qui signent cette année une convention avec l’association France Victimes. Le but ? Accompagner toutes les victimes de violences sexuelles et sexistes grâce à des experts du secteur social.
Une convention qui comble les dispositifs déjà mis en place
La plupart des établissements d’enseignement supérieur proposent des mesures pour prendre en charge les victimes de violences sexuelles et sexistes. D’ailleurs, 30 grandes écoles et plus de 60 universités françaises sont membres de la CPED (Conférence Permanente des chargés de mission Égalité et Diversité), qui organise fréquemment des journées de sensibilisation au sujet des VSSH (violences sexuelles, sexistes et homophobes).
Hormis les cellules d’écoute et d’accompagnement déjà existantes au sein de leurs structures, AgroParisTech, CentraleSupélec et l’École normale supérieure Paris-Saclay s’associent à France Victimes pour assurer un service plus complet aux victimes :
- Un numéro dédié aux trois écoles joignable 7 j/7 de 9 h à 21 h
- Une écoute empathique et bienveillante
- Une expertise dans l’aide aux victimes
- Une prise en compte globale et pluridisciplinaire des personnes victimes et de leurs proches
- Une mise en place d’un accompagnement social par des experts du secteur social
- Une possibilité d’échanger avec des psychologues
- Des conseils de juristes spécialisés en droit pénal
- Des informations concernant les services gratuits des associations locales de France Victimes proches des appelants
Ce soutien est bien évidemment confidentiel, gratuit et s’ajoute aux autres dispositifs déjà existants au sein des structures.
Des écoles déjà très impliquées dans la lutte contre les violences
Des viols et des centaines d’agressions sexuelles ont été révélés. C’est ce qui a provoqué le déclic chez ces trois établissements du supérieur. De fait, en 2021, des enquêtes ont été réalisées par AgroParisTech, CentraleSupélec et l’École normale supérieure Paris-Saclay, à la suite de plusieurs dénonciations de cas de violences sexuelles.
Des résultats sans appel
Les chiffres sont alarmants pour AgroParisTech. En 2021, 17 élèves déclaraient avoir subi un ou plusieurs viols et 141 étudiants (sur 1200 interrogés) avoir été victimes d’agressions sexuelles « avec contact. »
Mais, l’institut national des sciences et industries du vivant et de l’environnement n’a rien à envier à la prestigieuse école d’ingénieurs, CentraleSupélec. Selon les données d’une enquête menée en interne, 51 femmes et 23 hommes ont avoué avoir été victimes de harcèlement sexuel, 46 femmes et 25 hommes avoir été exposés à une agression sexuelle et 20 femmes et 8 hommes avoir subi un viol.
Même son de cloche pour ENS Paris-Saclay. Après avoir sondé 589 étudiants et étudiantes au sujet des agressions sexuelles, l’enquête révèle que 7,13 % des répondants déclarent avoir été victimes de harcèlement. Ils sont 11,7 % à avoir eu affaire à des propos sexistes, 5,94 % à une agression sexuelle et 11 d’entre eux ont subi un ou plusieurs viols.
Des données accablantes qui ont poussé les écoles à se remobiliser et à renforcer leur plan d’action pour prévenir et lutter contre les violences sexistes et sexuelles, toujours plus présentes.
La protection des victimes comme principale préoccupation
Après la publication de ces données bouleversantes, les trois écoles se sont engagées à améliorer leurs dispositifs d’aide et de soutien pour les étudiants et étudiantes victimes.
Parmi les systèmes révisés dans chacune d’entre elles, on retient notamment :
- un renforcement de leur dispositif d’écoute et d’accompagnement
- davantage de cellules dédiées au recueil des signalements
- un meilleur accompagnement des personnes qui font ces signalements, en leur fournissant un soutien psychologique ou juridique
- plus de formations de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles
- l’instauration d’un climat de confiance avec les victimes
- un appel à volontaires pour devenir référente ou référent VSS
- etc.
Pour contrer certains comportements abusifs, les établissements du supérieur n’hésitent donc pas à agir. La preuve avec la signature de la convention avec le réseau France Victimes, un acteur majeur de la politique publique d’aide aux victimes, qui accompagne plus de 350 000 personnes chaque année.