Un coup de pouce utile ou complètement contre-productif ? Dans les études, en alternance ou en formation initiale, comme dans le monde professionnel, l’intelligence artificielle (IA) peut faire des merveilles... si elle est utilisée à bon escient ! Structuration d’une réflexion, analyse de données ou encore automatisation de tâches administratives : cette technologie ouvre une multitude de possibilités et permet un gain de temps souvent précieux, dans les études ou au moment de l'insertion professionnelle.
Dans ce contexte, pourquoi ne pas demander l’aide de l’IA pour la rédaction d’une lettre de motivation sur Parcoursup ? Si l’idée semble séduisante pour de nombreux bacheliers, notamment au vu du nombre de projets de formation motivés à rédiger (un par candidature), il faut faire attention à ne pas s’en remettre entièrement à cet outil. Le risque : compromettre sa candidature et donc ses chances d'admission dans sa formation post-bac. Diplomeo a demandé à plusieurs experts de l’enseignement supérieur leurs avis. On fait le point.
À quoi sert la lettre de motivation sur Parcoursup ?
Bien que l’exercice de la lettre de motivation puisse en rebuter plus d’un, il est indispensable sur la plateforme d’orientation. “Les candidats sur Parcoursup ne sont qu’un numéro”, rappelle Olena Skrypnyk, directrice des admissions à l’ESIEA (école d’ingénieurs du numérique). Dès lors, ce document “reste un moyen de connaître la personne et ses intentions”, souligne-t-elle. Les établissements s’appuient sur cette lettre pour noter le dossier des candidats.
“Une bonne lettre de motivation est une lettre percutante, qui s’attache à définir les caractéristiques qui vont plaire à la cible”, Caroline Diard, professeures à TBS Education
L’objectif est donc de “faire la différence entre plusieurs candidats”, poursuit Caroline Diard, professeure associée au département management des ressources humaines et droit des affaires à TBS Education (école de commerce). “Une bonne lettre de motivation est une lettre percutante, qui s’attache à définir les caractéristiques qui vont plaire à la cible”, ajoute-t-elle.
Pour ce faire, il faut “reprendre son expérience personnelle et montrer l’adéquation entre son parcours et ce pourquoi on postule, sans retranscrire son CV”, renchérit Ahmed Dammak, directeur des programmes à l’EDC Paris Business School. Une “valeur ajoutée” du candidat qui doit “donner envie au lecteur de la lettre d’aller plus loin”, précise-t-il. L’enseignant en stratégie met en garde : “ce que l’on recherche, c’est la sincérité, il ne faut donc surtout pas inventer des choses”.
Peut-on utiliser l’IA pour rédiger sa lettre de motivation sur Parcoursup ?
Ce n’est pas un secret : l’accès à l’intelligence artificielle est ouvert à tous. La plateforme Parcoursup n’interdisant pas explicitement le recours à cet outil, il est possible de s’appuyer sur l’IA pour rédiger sa lettre de motivation. Et côté recruteurs, les experts contactés par Diplomeo ne semblent pas y voir de contre-indications.
“C’est un outil précieux qu’il convient d’utiliser de manière judicieuse”, explique Olena Skrypnyk. Par exemple, “l’IA peut aider à trouver un plan, à améliorer le texte, à ajouter des transitions. Elle peut aussi corriger les fautes d’orthographe, de temps et d’accord”. Même constat à l’EDC Paris Business School : “du moment qu’on arrive à rédiger une lettre qui reflète suffisamment la motivation et la personnalité, il est possible d’utiliser l’IA”, confirme Ahmed Dammak.
@diplomeo.com🧠💼 IA vs. Caroline ! 👩🏫✨ Caroline, prof à TBS, relève le défi : distinguer les lettres de motivation écrites par ChatGPT de celles des vrais humains. Qui gagnera cette bataille de l'intelligence artificielle ? 🤖🆚👩💼 Découvre-le ! #DéfiIA #TBS #IntelligenceArtificielle #ChatGPT #lettredemotivation #IA @♬ son original - Diplomeo
Comment bien utiliser l’IA pour rédiger sa lettre de motivation ?
Un candidat peut donc bien s’appuyer sur l’intelligence artificielle pour rédiger son projet motivé. Cependant, il convient de faire très attention et de ne pas perdre de vue l’objectif premier de cet exercice, à savoir se démarquer. “Si le candidat souhaite se différencier, il faut quand même qu’il présente sa propre histoire”, rappelle ainsi Olena Skrypnyk.
“Il faut prendre du recul et reformuler ce qui nous est proposé par l’IA, pour avoir un rendu personnalisé”, renchérit Caroline Diard. “Il est possible d’utiliser l’IA pour avoir une idée de plan, de mots-clés, de pistes de questions à poser, mais pas au-delà”, juge-t-elle.
Quels sont les risques d’avoir recours à l’IA pour sa lettre de motivation ?
S’ils ne peuvent pas être sûrs à 100%, les recruteurs sont capables de repérer assez facilement les indices d’un recours à l’IA dans une lettre de motivation. “Quand les tournures de phrases sont trop chiadées, la syntaxe est trop parfaite ou soutenue, ou que le ton est trop impersonnel, cela éveille les soupçons”, égrène Ahmed Dammak.
Le risque ? Ne pas maîtriser ce que l’on écrit. “Si, en entretien, je ne trouve pas d’écho entre la lettre et le candidat, qu’il y a un gouffre entre sa manière de s’exprimer et le style de la lettre, cela donne une imagenégative”, prévient le directeur des programmes de l’école de commerce. “En fonction du recruteur, déceler l’IA dans une lettre de motivation peut intriguer et inquiéter”, confirme Caroline Diard, qui souligne toutefois que le recours à l’IA dans une lettre de motivation “n’est pasrédhibitoire”.
Pour éviter ces mauvaises surprises, certaines écoles, comme l’EM Normandie, ont même abandonné les lettres de motivation pour les admissions cette année, optant pour un entretien à l’oral. “Tous les candidats n’ont pas été formés à cet outil ; en l’utilisant pour rédiger une lettre de motivation, ils risquent de ne pas renseigner toutes les informations attendues” estime Carine Guibbani, directrice des admissions de l’école de commerce. Elle considère que, dans le contexte de Parcoursup, l’IA risque de créer un “manqued’équité entre les candidats” et préfère “former les étudiants, plus tard, durant leur cursus, aux bons usages de cet outil”.
« Les usagers ne sont pas assez informés sur l’impact énergétique de l’IA »