Cycle de vie des équipements, usage des dispositifs informatiques, explosion de l’intelligence artificielle… Alexandre s’inquiète quand il constate l’ampleur de l’impact du numérique sur l’environnement au quotidien. Mais, face à ce phénomène invisible et pourtant bien présent, l’étudiant parisien, en troisième année de licence ingénierie informatique à l'Efrei, a décidé d’agir.
« Le numérique représente entre 5 et 6% des émissions de gaz à effet de serre mondiales par an. Si on continue comme cela, on se dirige vers 15%», alerte le jeune homme. Après un stage dans une entreprise spécialisée dans l'écoconception de site web, en première année de licence, Alexandre Poissonneau a choisi de poursuivre son cursus dans le numérique responsable. Ce domaine, qui désigne l’ensemble des démarches d’amélioration de l’impact du numérique sur l’environnement et la société, lui a tout de suite plu.
Actuellement en alternance en green IT dans une grande entreprise du bâtiment, le jeune homme travaille à améliorer les usages du numérique. À côté de ses cours, l’étudiant préside l’association RSE de son école, Symbioz. Une double casquette qui lui permet de faire bouger les lignes sur un sujet encore trop peu connu du grand public. Portrait.
À quoi ressemble l’emploi du temps d’un étudiant en école du numérique ?
Éduquer, vulgariser, informer : le nerf de la guerre
Alexandre s’appuie sur ses connaissances acquises en cours pour mener à bien ses missions. Il doit aussi être très pointu sur ses connaissances dans la RSE (responsabilité sociétale des entreprises, sur les enjeux environnementaux, économiques et éthiques de leurs activités), afin de faire du «lobbying, au sein du monde de l’entreprise mais aussi à l’extérieur».
⚒️ Numérique responsable : 3 outils pour agir
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Son travail au sein de son association implique ainsi «beaucoup de recherches et d’élaboration de graphiques pour montrer l’impact du numérique et établir des règles de programmation, ou éditer des documents, comme l’écriture de livres blancs», explique-t-il. «Je me penche aussi sur les programmes informatiques afin de voir si on peut améliorer certains usages», ajoute-t-il. Le but : rendre accessible l’information et les usages, en lien avec l’informatique. Car, en poussant la porte du numérique responsable, le futur ingénieur a réalisé une chose : «les usagers ont très peu d’infos, ou alors de fausses infos, sur le sujet».
Un constat qu’il partage dans sa vie en entreprise comme dans son univers étudiant. C’est d’ailleurs ce qui l’a poussé à s’engager dans la vie associative de son école. Avec son association Symbioz, Alexandre mène des actions de sensibilisation auprès des étudiants, en vulgarisant les principes du numérique responsable. Il organise également des ateliers sur le climat et des tables rondes avec des experts. Autant d’activités qui lui demandent beaucoup de temps, une organisation rodée et surtout, une bonne séparation entre sa vie pro et sa vie perso.
Limiter l’utilisation de l’IA à celle d’un outil
Du côté des entreprises, le plus gros du travail pour réduire l’empreinte numérique va porter sur l’achat responsable, explique Alexandre. «Il y a beaucoup de sur-achat, de changement d’équipement tous les 1 ou 2 ans, alors qu’il peut durer 5 ans», détaille l’alternant. «Dans un deuxième temps, l’entreprise peut concentrer ses efforts dans l’exploitation des machines et des logiciels», ajoute-t-il. Là encore, un travail de sensibilisation est de mise : il faut organiser des master class auprès des salariés pour les éduquer, selon lui.
Des réflexes qui s’appliquent aussi au quotidien, où l’intelligence artificielle prend de plus en plus de place. 86% des étudiants français utilisent ainsi l’IA dans leurs études, selon une récente enquête ministérielle. Un usage exponentiel qui n’est pas sans effet sur l’environnement. Or, «les usagers ne sont pas assez informés sur l’impact énergétique de l’IA», regrette l’étudiant. Selon lui, il faut donc en faire un usage raisonné. «Je limite son utilisation à celle d’un outil, uniquement quand j’en ai vraiment besoin. Pas tous les jours, pas pour des choses futiles».
Alexandre compte bien porter ses convictions environnementales pour la suite de son parcours académique et professionnel, en restant dans le numérique responsable. Il souhaite continuer à développer ses compétences en développement et programmation notamment, jusqu’en master. Le tout toujours en alternance. «Quand on commence ce mode de scolarité, on n’a pas envie de s’arrêter : avoir un salaire, les études payées et des missions concrètes, c’est quand même très intéressant».