Efrei for Good : comment sensibiliser les étudiants au numérique responsable ?

Pendant une journée complète, les futurs ingénieurs de l’école du numérique ont pu découvrir et se familiariser autour de différentes thématiques. Au menu : débats et ateliers autour de la diversité, l’inclusion et les questions environnementales. Reportage.
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© Efrei Picture Studio

Ateliers ludiques, conférences, et concours d’éloquence. À l’occasion de la seconde édition d’Efrei for Good, organisée ce jeudi 7 décembre 2023, les étudiants de l’école du numérique de la région parisienne ont pu assister à plusieurs activités autour du climat et de l’écologie, du handicap ou encore des violences sexistes et sexuelles.  

Une journée qui figure dans les maquettes pédagogiques des 5000 apprenants de l’Efrei. Ils n’ont certes pas cours, mais leur présence aux différents modules auxquels ils se sont inscrits est obligatoire. L’objectif de ce rendez-vous annuel ? Sensibiliser les jeunes aux thématiques qui doivent être abordées tout au long de leurs études supérieures et qui seront au cœur de leurs futures préoccupations, une fois insérés sur le marché du travail. 

La RSE : pierre angulaire de l’Efrei for good 

RSE : un terme que l’on retrouve sur toutes les lèvres du campus de Villejuif (Val-de-Marne). L’objectif de cette journée vise à conscientiser les apprenants sur tout ce qui se situe autour de cette thématique. Dans une école comme l’Efrei, il s’agit de mêler le numérique à la transition écologique. « Les étudiants doivent devenir de véritables acteurs du développement durable », explique Stéphanie Liebskind, responsable RSE et Efrei fonds de donation. 

Du handicap à l’environnement, en passant par l’égalité femmes/hommes : des sujets indispensables pour construire le monde de demain. « Il s’agit d’aborder ces thématiques sous le prisme ludique », poursuit Stéphanie Liebskind. « L’atelier balance empreinte carbone par exemple, vise à débuter avec une empreinte individuelle de 10 tonnes — la moyenne nationale — et essayer de descendre à 2 tonnes »

La pause du midi se veut également inclusive, toujours dans une démarche de sensibilisation. « Les étudiants ont la possibilité de commander leur repas CROUS en langue des signes », ajoute la responsable RSE de l’établissement. « Nos étudiants sourds ont réalisé le menu pour leurs camarades et pour les encourager, la collation est offerte ».

« Ce qu’on essaye de faire, c’est que les étudiants ne voient pas les révolutions numériques et écologiques comme indépendantes, mais comme liées », Étienne Pernot, directeur des recherches à l’Efrei

Intelligence artificielle, cybersécurité, objets connectés… la révolution numérique bat son plein. Pour les responsables pédagogiques de l’Efrei, les étudiants doivent être acteurs de ces changements, en accord avec les aspects RSE. « Ce qu’on essaye de faire, c’est que les étudiants ne voient pas les révolutions écologiques et numériques comme indépendantes, mais comme liées », juge Étienne Pernot, directeur de l’Efrei Research Lab et d’Efrei for Good. 

On entend souvent dire que la génération Z est en phase avec les enjeux environnementaux et écologiques et qu’elle s’engage volontiers sur ces questions. Mais à en croire le directeur des recherches de l’école, ce n’est pas le cas de tous. « Le numérique fait partie du problème et je ne suis pas sûr que tout le monde en ait bien conscience. Paradoxalement, cela fait aussi partie de la solution », prévient Étienne Pernot. Si certains apprenants sont motivés, voire éprouvent de l’éco-anxiété, d’autres préfèrent l’éco-scepticisme. « Notre objectif est de mettre en mouvement les éco-anxieux, qui ont parfois des lacunes sur le sujet et de convaincre ceux qui n’en ont rien à faire ».

La pollution numérique passée au peigne fin

Dans le sillage de cette journée spéciale, les étudiants ont pu participer à une table-ronde consacrée aux défis des enjeux du numérique responsable. Des entreprises, dont certaines du CAC 40, étaient présentes pour alimenter le débat. Devant les yeux ébahis des étudiants, Yaël Dehaese, cheffe de projet conduite et RSE à la Société Générale, explique les défis de sobriété numérique engagés au sein de la grande banque française. « Pour la sobriété numérique, quelles sont les actions que je peux faire pour que celle-ci soit la plus légère possible. Un des leviers est de faire passer le mot aux collaborateurs », expose-t-elle. 

Une table-ronde autour des défis et enjeux du numérique responsable avec des entreprises partenaires de l’Efrei, sur le campus de Villejuif, jeudi 7 décembre 2023. © Diplomeo

Même son de cloche pour Google, mastodonte de la toile aujourd’hui. « Depuis 2017, on réduit l’impact carbone en optant pour 100 % des énergies renouvelables », indique Vincent Poncet, sustainability specialist du cloud chez Google et ancien élève de l’Efrei. « On remet aussi toutes nos technologies sur un marché secondaire, pour qu’ils aient une seconde vie », poursuit-il. 

« On cherche à faire des partenariats avec des universités plus proches pour encourager à ne pas prendre l’avion », Stéphanie Liebskind, responsable RSE à l’Efrei  

Les responsables pédagogiques mettent ainsi en avant ces enjeux de pollution numérique. « En école d’agro ou de BTP, la pollution est palpable. Ici, ce n’est pas le cas et ils ne le savent pas si on ne leur dit pas », insiste Stéphanie Liebskind. « On explique à nos étudiants qu’il faut arrêter d’acheter un téléphone tous les ans, car il y en a un nouveau qui sort. C’est le message que l’on veut passer par ce biais-là », renchérit-elle. 

Il en va de même pour la mobilité à l’international, passage obligé des étudiants pendant leurs études supérieures. « On cherche à faire des partenariats avec des universités plus proches pour encourager à ne pas prendre l’avion ». L’Efrei a mis en place un système de bourse pour celles et ceux qui optent pour un voyage en train. 

Depuis janvier 2022, l’Efrei a fusionné avec l’université Paris-Panthéon Assas et trois autres écoles pour devenir un établissement public expérimental (EPEx). Une des missions étant de favoriser l’interdisciplinarité entre les structures. Croiser les disciplines, c’est aussi un enjeu de développement durable. « Dans le numérique, mais aussi le marketing, les ressources humaines ou le droit : la RSE est partout », affirme Étienne Pernot. 

Si l’événement coïncide avec l’organisation de la COP28 qui s’achève ce mardi 12 décembre à Dubaï, les responsables assurent que ce n’est que « le fruit du hasard »

Transition écologique et réchauffement climatique à 360°

Lutter contre les changements climatiques et consommer ou produire de manière responsable : ce sont des objectifs de développement durable plébiscités par l’ONU. Sans surprise, ils se retrouvent au cœur de cette journée centrée sur la RSE, mais également au centre de la vie associative de l’école, tout au long de l’année. 

« Il y a des représentants Efrei for good dans chaque association. Leur rôle est de réaliser le bilan RSE de leur groupe et d’en surveiller les émissions en CO2 », explique Alexandre Poissonneau, étudiant en deuxième année de bachelor Ingénierie et Numérique du programme Expert numérique. « Pour fournir le bilan RSE, on va analyser nos déchets, nos déplacements en groupe, notre consommation lors des spectacles comme celui d’aujourd’hui et les vêtements qu’on achète pour les costumes, par exemple », ajoute le jeune homme.

Divers ateliers sont organisés dans l’enceinte de l’établissement, le jeudi 7 décembre 2023. © Efrei Picture Studio

Ailleurs sur le campus, l’association Avenir Climatique anime la conférence interactive « Énergie, climat, transition, de quoi parlons-nous ? ». L’heure (multipliée par deux) est alors à reprendre les bases des phénomènes climatiques et de la transition écologique, le tout avec des mots simples, des schémas et des exemples du quotidien.

« On vous invite à lire le rapport du GIEC. C’est un résumé du résumé, plutôt accessible », l’association Avenir climatique s’adressant aux étudiants.

Les étudiants ont bien quelques lacunes sur le sujet. Ce sont aussi quelques mains qui se lèvent timidement pour répondre de façon à peu près exacte aux questions : « Seriez-vous capable d’expliquer l’effet de serre ? », « Quelles différences entre météo et climat ? », « Avez-vous déjà entendu parler du GIEC ? ». 

Les intervenants s’en donnent alors à cœur joie pour présenter ce qu’est le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ses missions et les scénarios de réchauffement climatique qu’il prédit. « On vous invite à lire le rapport » enjoignent-ils inévitablement aux ingénieurs de demain, présents dans l’amphi, en présentant le précieux écrit comme accessible à tous. 

« Je n’aurais pas dit que c’était du harcèlement, mais plutôt de la drague lourde » : immersion dans un atelier VR dédié aux VSS 

L’estomac rempli et les idées claires, les étudiants de l’Efrei participent l’après-midi à une expérience immersive sur l’agissement sexiste en entreprise. Proposé par Virginie, chargée diversité et inclusion chez EDF, il s’agit d’un atelier en réalité virtuelle (VR) sur les violences sexistes et sexuelles (VSS) en milieu professionnel. 

« L’idée est de mettre cette modalité innovante au service d’une sensibilisation impactante sur des sujets qui ne sont pas forcément faciles à aborder », indique la chargé diversité et inclusion. « Quand on vit l’expérience, on se met dans la peau de la victime ». Durant la VR, les étudiants ont vécu un scénario avec des moments de tension, des situations gênantes que les étudiants ont réussi à bien déceler dans l’ensemble. 

Cependant, selon les groupes, le débrief n’est pas le même. Les filles sont plutôt dans l’acquiescement. « Malheureusement, c’est quelque chose de familier pour elles.Certaines ont déjà vécu cela et se demandent comment réagir à la situation. Pour d’autres, cela fait raviver une situation personnelle plus grave dans le passé », constate Virginie. 

Pour les garçons, en revanche, l’identification d’une agression sexuelle — une main aux fesses — ne leur a pas sauté aux yeux. « Je n’aurais pas dit que c’était du harcèlement, mais plutôt de la drague lourde », affirme un étudiant, sceptique. « À première vue, je ne pensais pas que les situations étaient des VSS, mais avec les explications, c’est devenu évident », renchérit un autre. Néanmoins, ils ressentent de la frustration, avec l’envie de réagir face à la situation.

D’après la chargée diversité et inclusion, c’est à souligner, car dans le monde professionnel, les statistiques montrent que les étudiants en stage ou en alternance sont des « populations fragiles et ciblées », et peuvent subir ces situations.« C’est la raison pour laquelle à EDF, un webinaire est dédié à l’ensemble des salariés sur les agissements sexistes et sexuels au travail pour expliquer ce que c’est, que ce n’est pas normal et qu’il faut réagir », explique-t-elle. Cet atelier est l’un de ceux qui ont rencontré le plus de succès pendant l’Efrei for Good auprès des étudiants.

Atelier immersif de réalité virtuelle organisé par EDF, contre les violences sexistes et sexuelles au campus de Villejuif de l’Efrei, jeudi 7 décembre 2023. © Diplomeo

Handicap : passer le cap de la différence grâce au jeu

D’un enseignement sur la nature ou sur les lois relatives aux violences sexistes et sexuelles, à un jeu de l’oie grandeur nature, il n’y a qu’un pas. Cette fois-ci, à l'honneur, le handicap !  L’entreprise Onepoint anime cet atelier dont le but est de « sensibiliser les étudiants au handicap, à la fois dans la vie en général et dans la vie en entreprise ».

« L’exercice leur apprend à réagir face à une personne handicapée, en laissant leurs préjugés de côté », Marie, en charge du recrutement chez Onepoint.  

Sur le même principe que pour l’atelier sur les VSS, les participants sont invités à se mettre dans la peau de l’autre. Si ce n’est pas au moyen de la réalité virtuelle, c’est grâce à une case « Chaussez un handicap ». Après avoir lancé le dé, le joueur-pion peut être amené à vivre une dyspraxie visuelle quelques instants, par exemple. 

En voyant leur camarade ainsi empêtré, certains apprenants cèdent aux éclats de rire. D’autres sont plutôt intrigués. « Les étudiants sont assez déstabilisés lors des mises en situation. Ils peuvent être mal à l’aise ou rire parfois, mais c’est normal, ils découvrent », révèlent les animatrices.

Une autre case du jeu permet plutôt des moments de quiz. Est-ce approprié de dire à un collaborateur en situation de handicap « Que peux-tu me dire sur toi afin qu’on puisse travailler de la meilleure façon possible ensemble ? ». C’est l’une des questions auxquelles sont confrontés les étudiants. La réponse est oui. « L’exercice leur apprend à réagir face à une personne handicapée, en laissant leurs préjugés de côté », explique Marie, chargée du recrutement chez Onepoint. 

L’atelier est un franc succès et éveille la curiosité de plusieurs étudiants. À la fin de chaque session, plusieurs d’entre eux s’attardent dans la salle afin d’approfondir le sujet et combler leurs lacunes.

Un jeu de société ludique sur les questions liées au handicap et à l’inclusion, organisé par One Point, à l’Efrei, jeudi 7 décembre 2023. © Diplomeo

Pari gagné pour l’école du numérique, où étudiants et intervenants sont très satisfaits de cette journée. Les alumni de l’Efrei étaient également conviés pour rencontrer les nouveaux étudiants et partager leurs avis sur des pitchs et des battles d’éloquence. 

« Avec ces exercices, on a pu faire entrer en synergie la vision des étudiants et notre vision de professionnel sur ces sujets », se réjouit Tony Vézier, diplômé de la promo 2017 et président d’Efrei Alumni. « À mon époque, il y avait une journée dédiée à quelques thèmes comme le handicap ou le sexisme, mais elle n’était pas banalisée », précise-t-il, avant de conclure : « Cette journée démontre que la sensibilisation à ces sujets fait partie du tronc commun à l’école ». 

Cet article a été co-écrit par Mehdi Bautier et Maeva-Simone Tjang.

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