Les moins de 25 ans : enclins au débat, mais attachés à leurs convictions. C’est ce que révèlent les résultats de l’édition 2025 du Baromètre de l’esprit critique développé par Universciences.
Depuis 2022 et chaque année, l’établissement qui regroupe le Palais de la découverte, et la Cité des sciences et de l’industrie réalise une étude sur le rapport de l’opinion publique à la notion d’esprit critique. Au total, plus de 2 500 personnes âgées de 15 ans et plus ont répondu aux questions de l’enquête.
60 % des 15-24 ans reconnaissent persister dans leurs arguments sans être sûrs de leur solidité
Si l’on entend plus souvent l’expression « vieux con » que « jeune con », l’étude réalisée par Universciences semble pourtant mettre en lumière une fragilité de l’esprit critique côté jeunes, par rapport à leurs aînés.
60 % des répondants âgés de 15 à 24 ans « reconnaissent qu’il leur arrive de persister dans leurs arguments même sans être sûrs de leur solidité ». Cela représente 14 points de plus que pour le reste de la population (46 %). Les plus grands ont peut-être plus de mal à le reconnaître.
À la question de savoir s’ils sont prêts à changer d’avis sur la base de raisons convaincantes, ce sont encore les aînés qui sont en meilleure posture : 81 % d’entre eux répondent par la positive. Chez les moins de 25 ans, ils sont 76 % à se dire prêts à sauter le pas. Cela représente une différence de -5 points.
Il faut dire que les jeunes sont aussi plus nombreux à préférer « échanger avec des personnes qui partagent leurs opinions » que de se frotter à des avis divergents : 58 % contre 67 % pour les plus de 25 ans. Cela n’est pas forcément par lâcheté ou paresse : il peut aussi être question de préserver sa santé mentale, même s’il est toujours bien de s’ouvrir aux autres et à d’autres prismes.
Rendons tout de même à César ce qui appartient à César : les jeunes débattent plus régulièrement que leurs aînés. 75 % des 15-24 ans se prêtent fréquemment à l’exercice du débat avec leurs amis (+11 points que le reste de la population), 69 % en famille (+8 points), 59 % au travail (+17 points) et 53 % sur les réseaux sociaux (+27 points).
75 % des 15-24 ans estiment savoir faire preuve d’esprit critique
Les trois quarts des répondants âgés de moins de 25 ans estiment savoir faire preuve d’esprit critique. La proportion est la même pour le reste de la population.
Le top 3 des attitudes qui définissent le mieux l’esprit critique pour les sondés âgés de plus de 25 ans sont « faire preuve de raisonnement logique et rationnel » (43 %), « la capacité à échanger avec des personnes aux opinions divergentes » (40 %) et « le fait de s’informer davantage avant de se positionner » (39 %).
Pour les plus jeunes du panel, ce top 3 rassemble le fait de « justifier ses choix » (37 %), « la capacité à échanger avec des personnes aux opinions divergentes » (35 % : pour rappel, ce sont également les 15-24 ans qui sont moins à l’aise à l’idée d’échanger avec des personnes qui ne partagent pas leurs opinions) et enfin, la capacité de « s’informer avant de se positionner » (34 %).
Un autre élément trouve aussi son importance au moment d’estimer son esprit critique chez les jeunes : « remettre en question la parole de l’autorité » (24 % contre 17 % chez les plus âgés).
L’entourage, les réseaux sociaux, les sciences : des sources d’information de confiance pour les jeunes
Les plus âgés des sondés ont surtout recours à internet (68 %), la télévision (66 %), la radio et l’entourage ex æquo (41 %), et à la presse écrite (35 %) pour s’informer.
Du côté des jeunes, c’est aussi internet qui est en tête (78 %), suivi de l’entourage (70 %), des réseaux sociaux (52 %), de la télévision (44 %) et de la presse écrite (31 %). C’est également du côté des plus jeunes que l’IA est plus fréquemment utilisée pour s’informer sur l’actualité (21 % des moins de 25 ans l’utilisent contre 10 % pour le reste de la population).
Les répondants de moins de 25 ans se caractérisent également par la confiance qu’ils accordent aux sciences et aux scientifiques. 72 % des 15-24 ans « pensent que les sciences rendent l’Homme meilleur », révèle le baromètre d’Universciences. C’est 12 points de plus que pour le reste de la population. Les jeunes sont encore plus nombreux que leurs aînés (69 % vs 57 %) à estimer que « les scientifiques sont les mieux placés pour savoir ce qui est bon pour les citoyens. »
À noter également qu’outre la chimie, la biologie ou l’astrophysique, les jeunes ont plus de facilité que leurs aînés à identifier la sociologie, la psychanalyse ou encore l’écologie comme des sciences à proprement parler. C’est un aspect qui révèle sans aucun doute une nouvelle ouverture d’esprit et de nouvelles problématiques auxquelles sont — ou plutôt auxquelles acceptent d’être confrontés — les 15-24 ans.
