La hausse du coût de la vie étudiante se poursuit. Pour cette rentrée universitaire 2024, la communauté estudiantine va devoir mettre davantage la main au portefeuille : hausse généralisée des loyers, des transports en commun, de la contribution de vie sociale et de campus ou encore la fin du gel des droits universitaires.
Des augmentations en cascade, à l’heure où la précarité étudiante demeure aussi prégnante. Selon une étude de l’association Cop-1 publiée en 2023, un étudiant sur deux vit avec 100 euros par mois et affirme avoir déjà sauté un repas, en raison de l’inflation.
Rentrée 2024 : près de 500 euros de dépenses supplémentaires
Les années passent, mais se ressemblent-elles vraiment ? Chaque année, les syndicats étudiants publient leur traditionnelle enquête sur le coût de la vie de la communauté estudiantine. Pour la rentrée 2024, l’Unef pointe une majoration de 2,25 %, soit 482,16 euros par an. La hausse des coûts de l’énergie est, selon eux, la plus importante (+4,8 %), suivie du loyer dans les résidences universitaires du Crous (+3,5 %) et des frais d’inscription à l’université (+2,93 %).
« C’est une augmentation constante du coût de la vie qui est extrêmement forte depuis des années », estime le syndicat, auprès de l’AFP. Néanmoins, cette hausse se révèle moins écrasante que l’année précédente, où elle avait atteint les 6,47 %. En 2023, l’Unef évoquait « une explosion inédite » en 19 ans, avec un coût de la vie étudiante qui « n’avait jamais atteint de tels sommets ».
De son côté, l’Union étudiante a réalisé plusieurs calculs relatifs aux coûts de la rentrée dans son dossier de presse. Selon le syndicat, depuis l’arrivée au pouvoir du président de la République, Emmanuel Macron, en 2017, les dépenses des étudiants ont augmenté de plus de 25 %. Cela représente près de 30 % supplémentaires pour les frais liés à l’alimentation, 53 % pour les frais d’inscription, +53 % pour le matériel pédagogique et les équipements ainsi qu’une hausse de 60,1 % pour les produits de santé, d’hygiène et d’entretien.
« 2 650 euros : c’est la somme perdue pour un. e etudiant. e dans son pouvoir d’achat depuis 2018 et l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron. Pour cause, une politique de brutalisation, de précarisation et de mise au pas systémique de la jeunesse », étrille Eléonore Schmitt, la porte-parole de l’Union étudiante.
Une hausse notable des loyers, sur fond de crise du logement
Dans leurs enquêtes respectives, l’Union étudiante et l’Unef se sont intéressées à la question du logement, qui représente le premier poste de dépenses des étudiants. Dans un contexte de marché locatif tendu qui touche l’ensemble de l’Hexagone, les syndicats étudiants alertent sur les hausses des loyers qui touchent à la fois les résidences universitaires du Crous et le parc locatif privé.
L’Union étudiante estime qu’il y a eu 987 euros de hausse de loyer depuis 2017. Les augmentations se révèlent plus importantes dans les territoires d’outre-mer, avec Saint-Denis à la Réunion (+192,2 euros) et Pointe-à-Pitre en Guadeloupe (+134,3 euros) ainsi qu’en région Rhône-Alpes, notamment à Annecy (+122 euros) et à Lyon (+115 euros).
🔴 #7AnsSousMacron, c’est 987 € en plus de loyer à payer dans l’année par rapport à 2017. Le loyer est le premier poste de dépense des étudiant•es et aussi celui qui augmente le plus !
Tour d’horizon ⤵️ pic.twitter.com/N1RZdXIB6C
– L’Union Étudiante (@unionetudiante_) August 22, 2024
Ainsi, le syndicat fait savoir que pour la rentrée 2024, le loyer mensuel d’un logement étudiant s’établit à 630 euros en moyenne (+2,8 % par rapport à 2023). Une majoration des loyers, corrélée à la difficulté des étudiants de trouver leur futur nid d’ici à septembre, notamment dans les grandes villes comme Lyon ou Bordeaux. Il n’y a « aucun moment de répit : tous les jours je reçois des notifications d’appartement, j’envoie mon dossier et c’est toujours la même réponse négative. Ça me pourrit mon été », indiquait une étudiante désespérée à Diplomeo.
"Ça me pourrit mon été" : quand la recherche d’un logement étudiant tourne au calvaire
L’Unef dresse le même constat accablant concernant les logements étudiants. « Depuis de nombreuses années, l’Unef alerte sur l’augmentation alarmante du coût du logement », explique le syndicat, avant d’ajouter que les loyers en résidence Crous ont grimpé de 3,5 % et de 1,08 % dans le parc locatif privé.
Le syndicat se mobilise face à la pénurie de logements et « revendique la création de 150 000 logements CROUS », afin de garantir l’accès pour tous les étudiants. « 8,8 % des logements Crous promis par Emmanuel Macron en 2017 ont été construits », déplore l’Unef. Pour rappel, l’État s’était engagé à construire 35 000 nouveaux logements étudiants d’ici la fin du quinquennat d’Emmanuel Macron en 2027.
En plus de précariser les étudiant·e·s le gouv Macron ment concernant la construction de logements CROUS
Face au mal logement l'UNEF revendique la création de 150 000 logements CROUS, l'augmentation des APL et l'encadrement des loyers afin de garantir un droit au logement
3/3 pic.twitter.com/oOA5ObErFA
— UNEF (@UNEF) August 19, 2024
La CVEC atteint les 103 euros
Dès la rentrée 2024, laContribution étudiante de vie et de campus (CVEC)poursuit sa flambée. La somme à débourser cette année a dépassé le seuil symbolique des 100 euros, pour s’établir à 103 euros.
La CVEC existe depuis mars 2018, suite à la loi Orientation et réussite des étudiants (ORE), dans un contexte d’amélioration du quotidien des jeunes dans les campus ainsi que leur épanouissement dans leur vie étudiante. Il y a six ans, son coût était fixé à 90 euros et n’a cessé de croître depuis lors.
La raison ? Cette taxe financière a été indexée sur l’inflation. Les syndicats étudiants dénoncent souvent la CVEC et appellent à sa suppression. En effet, quand l’Unef parle d’un « véritable impôt », l’Union étudiante juge que « les étudiants ne devraient pas avoir à payer pour accéder à l’université publique ».
Fin du gel des inscriptions à l’université
Dans l’enseignement supérieur public, les droits d’inscription ont été gelés depuis 2020 en raison de la crise sanitaire liée au Covid-19. Cette mesure a été effective jusqu’en 2023 et n’a pas été reconduite cette année.
À compter de la rentrée 2024, les frais d’inscription à l’université sont majorés de 2,9 %. Dans le détail, l’inscription en licence passe à 175 euros (+5 €), pour une formation de niveau master à 250 euros (+7 €) et 391 euros pour le doctorat (+11 €).
Bourses : des montants inchangés cette année
Depuis 2018, la bourse sur critères sociaux est versée par les Crous en 10 mensualités, le 5 du mois. Il s’agit, pour les étudiants, de s’organiser et de recevoir les fonds nécessaires pour le paiement du loyer en début de mois par exemple. La bourse peut également être versée sur 12 mois, pendant les vacances d’été, sous conditions.
À la rentrée 2024, le montant des bourses reste inchangé. L’année dernière, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche avait revalorisé les bourses de 37 euros par mois.
Voici les montants de la bourse pour l’année universitaire 2024-2025, selon le Journal officiel du ministère, publié le 4 juillet 2024 :
Échelon 👇 | Montant annuel sur 10 mois | Montant mensuel sur 10 mois | Montant mensuel sur 12 mois |
0 bis | 1454 euros | 145,4 euros | 174,5 euros |
1 | 2163 euros | 216,3 euros | 259,6 euros |
2 | 3071 euros | 307,1 euros | 368,5 euros |
3 | 3828 euros | 382,8 euros | 459,4 euros |
4 | 4587 euros | 458,7 euros | 550,4 euros |
5 | 5212 euros | 521,2 euros | 625,4 euros |
6 | 5506 euros | 550,6 euros | 660,7 euros |
7 | 6335 euros | 633,5 euros | 760,2 euros |
Maintien du repas à 1 euro pour les étudiants boursiers et précaires
C’est un soulagement pour une partie de la communauté estudiantine : le repas à un euro est maintenu pour les étudiants boursiers et précaires. Ce dispositif, instauré pendant la crise sanitaire, permet de se restaurer dans les restaurants universitaires du Crous à moindre coût et de lutter contre la précarité étudiante.
Toutefois, le monde estudiantin plaide pour une pérennisation du dispositif et son élargissement à l’ensemble des étudiants. Une revendication portée par l’Union étudiante, en plus du gel des inscriptions à l’université, de la gratuité des transports en commun et de la mise en place d’une allocation d’autonomie.
Des aides spécifiques aux étudiants précaires et non boursiers du Crous
Pour les étudiants qui rencontrent des difficultés financières pendant leurs études supérieures, les Crous se mobilisent. Des aides financières spécifiques sont débloquées chaque année pour aider celles et ceux qui en ressentent le besoin.
« Même si un étudiant ne réunit pas les conditions d’éligibilité aux bourses sur critères sociaux, il peut être éligible à d’autre accompagnement par les Crous », informe le ministère de l’Enseignement supérieur. Ces aides peuvent prendre la forme d’un soutien financier ponctuel ou dans la durée en fonction de la demande, qui peut aller jusqu’à 6 000 euros pour une année universitaire. Pour en bénéficier, il est nécessaire de s’adresser au Crous de son académie ou à une assistante sociale.
Contraception gratuite et aide à la précarité menstruelle
La contraception et la précarité menstruelle représentent des enjeux cruciaux pour les étudiants et les étudiantes. En 2021, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a donné accès aux protections périodiques gratuitement dans les résidences universitaires du Crous et au sein des différents campus.
« Près de 1 000 distributions ont été installées et sont régulièrement alimentées (…) des actions organisent aussi, en complément, des distributions de protections durables », précise le ministère. « Ces actions sont complétées par des ateliers et des conférences portant sur la précarité menstruelle organisée au sein des campus », ajoute-t-il.
En outre, depuis 2023, les préservatifs sont gratuits en pharmacie pour tous les jeunes de 16 à 25 ans. Puis, depuis le 1er janvier 2024, la pilule du lendemain, contraception d’urgence, est également accessible aux jeunes sans avoir à débourser un centime.
À noter que plusieurs universités de l’Hexagone ont instauré des congés menstruels pour les personnes concernées : l’Université de Bordeaux (un jour de congé tous les 21 jours), l’Université Bordeaux Montaigne (15 jours annuels) ou encore l’Université d’Angers (10 jours annuels).
Enfin, une nouveauté concernant le dépistage des infections sexuellement transmissibles. Dès le 1er septembre 2024, le gouvernement précise que les jeunes de 16 à 25 ans peuvent demander le dépistage de quatre IST en plus du VIH, dans un laboratoire de biologie médicale. Le test est pris en charge à 100%.
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— Gouvernement (@gouvernementFR) August 26, 2024