L’association Elles Bougent, qui a pour but de promouvoir l’orientation des jeunes femmes vers les filières de la science et de l’ingénierie a publié, le 14 mars dernier, les résultats d’une enquête menée au sujet des discriminations sexistes dans le milieu professionnel auprès de jeunes étudiantes et élèves ainsi qu’auprès de femmes ingénieures.
Des craintes réalistes ?
D’après l’étude, 87 % des étudiantes et 89 % des élèves filles pensent que les femmes sont toujours victimes de discriminations dans le monde professionnel. Ces résultats sont d’autant plus inquiétants que cette pensée est confirmée par les ingénieures, qui ont pour leur part un pied dans le monde du travail, et qui sont 93 % à penser que les discriminations sexistes persistent au travail (dont presque la moitié affirmant que ces discriminations sont fréquentes). Ces chiffres relèvent-ils donc d’un fatalisme ou d’une conscience dont le rôle serait bénéfique pour lutter contre les discriminations ? Alors que les étudiantes anticipent avant tout des discriminations liées à la maternité et à l’inégalité des salaires entre homme et femmes, les ingénieures affirment avoir vécu davantage de problèmes liés à la différence de reconnaissance professionnelle entre hommes et femmes. Par ailleurs, les remarques sexistes quotidiennes que craignent 68 % des étudiantes sont confirmées par plus de la moitié des femmes ingénieures.
La faute à qui ? Parmi les étudiantes interrogées, 63 % pensent que si les femmes sont sous-représentées dans les métiers de l’industrie et de la technologie, c’est notamment la faute des entreprises et leurs dirigeants qui ne valorisent pas assez les femmes. Mais doit-on pour autant seulement blâmer les employeurs ?
Les clichés ont la vie dure…
Si les étudiantes accusent les entreprises de l’industrie d’être peu engagées dans la promotion des femmes, l’égalité entre hommes et femmes dans de tels secteurs est aussi le résultat d’inégalités déjà notables dans l’enseignement supérieur, entretenues par des stéréotypes inconscients portés par les étudiants eux-mêmes. En effet, d’après l’enquête, même si 60 % de jeunes filles (contre 70 % de garçons) sont prêtes à effectuer des études scientifiques pour travailler dans le numérique, l’industrie ou la technologie, les préférences d’orientations demeurent très stéréotypées. Tandis que les filles sont principalement attirées par le luxe, les médias, le médical et le paramédical, les garçons, eux, préfèrent l’aéronautique, l’automobile, la robotique et le numérique.
Cependant, il est important de noter que les étudiantes tendent à être plus ambitieuses que les femmes ingénieures : 77 % des étudiantes affirment que lorsqu’elles travailleront en entreprise, elles se sentiront assez à l’aise pour postuler à un poste de direction, contre une moyenne de 50 % chez les ingénieures. Est-ce l’expression de la folie de la jeunesse ou la tendance d’une nouvelle génération de femmes à s’affirmer davantage ? L’avenir, et de prochaines enquêtes avec lui, nous le diront.