L’émission Sept à Huit du dimanche 12 janvier a fait réagir les internautes. Celle-ci racontait l’histoire d’Anne qui a été la victime d’un arnaqueur en ligne. L’escroc s’est fait passer pour le célèbre acteur américain Brad Pitt, l’a contacté sur Instagram, a mis en scène une prétendue histoire d’amour naissante avant de prétexter un cancer du rein.
La femme, mariée à un millionnaire, puis divorcée, a déboursé plus de 800 000 euros pour sauver son Jules. Aujourd’hui, elle se retrouve ruinée et atteinte de dépression. Si le dénouement de l’histoire est tragique, ce sont plutôt les photos montées qu’envoyait le brouteur — nom donné aux escrocs en ligne qui se font passer pour autrui, souvent issus de milieux populaires d’Afrique subsaharienne, pour extorquer de l’argent — à Anne qui ont affolé la toile. Sur X notamment, les jeunes n’ont pas manqué d’humour en faisant circuler les photomontages de Brad Pitt faussement allongé sur un lit d’hôpital.
Dans la vie tu penses avoir tout vu jusqu’au jour où tu tombes sur un reportage de #septahuit ou il est question d’une dame qui s’est fait arnaquer de 800 000 € par un brouteur qui s’est fait passer pour Brad Pitt.. Voici ce qu’il lui envoyait pour montrer que c’était lui. 😭😭😭 pic.twitter.com/bbtwdO5Db0
— MONSIEUR PATRICK EDOOARD (@PatrickEdooard) January 12, 2025
D’une publication à l’autre, un discours revient souvent : « Comment a-t-elle pu y croire alors que les photos sont si fake ? » Plusieurs internautes se targuent d’avoir le recul nécessaire et la vivacité d’esprit de ne pas tomber dans de tels pièges. Et pourtant, la prudence est de mise ! Les arnaqueurs redoublent de créativité pour parvenir à faire tomber les plus méfiants d’entre nous. La montée de l’intelligence artificielle générative n’arrange pas les choses.
Le reportage sur Brad Pitt et ces photos me hantent toujours je m’en remet pas 😂#septahuit#septàhuitpic.twitter.com/XgzRmBd2eV
— Jange (@dontjange) January 12, 2025
Tentatives d’arnaques bancaires : les jeunes davantage victimes que le reste de la population
Une enquête réalisée par Harris Interactive pour la Fédération bancaire française et publiée en novembre 2024 a révélé que les moins de 35 ans sont les cibles privilégiées des fraudes bancaires.
« 72 % des moins de 35 ans déclarent avoir déjà été victimes d’une tentative d’arnaque aux données bancaires » contre 57 % pour l’ensemble de la population. Ce sont également 16 % des jeunes qui ont finalement été arnaqués par un fraudeur, contre 13 % en moyenne chez les Français.
Données bancaires, mot de passe : les jeunes particulièrement vulnérables aux arnaques en ligne
De son côté, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a identifié que la majorité (45 %) des victimes probables d’arnaques à l’investissement financier serait des hommes de moins de 35 ans, « qui semblent être plus réceptifs aux messages incitant à investir dans des placements prônant l’enrichissement rapide, véhiculés notamment par les réseaux sociaux.“
Le Parquet de Paris, l’AMF, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) et la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) : ce sont autant d’autorités qui multiplient leurs actions afin de ‘détecter, prévenir et sanctionner’ ces fraudes bancaires ainsi que les escrocs qui se cachent derrière.
Des arnaques qui prennent plusieurs formes
Si les jeunes semblent croire ne pas pouvoir tomber dans le piège d’un photomontage d’une célébrité leur demandant un coup de pouce financier sur les réseaux, plusieurs autres formes d’arnaques existent.
Voici une liste non exhaustive des différents types d’arnaque en ligne, recensés par l’association e-Enfance :
- L’hameçonnage, ou phishing : ‘consiste à induire en erreur le destinataire d’un message en lui faisant croire qu’il est envoyé par un tiers de confiance (administration, opérateur, etc.), afin d’obtenir des données personnelles tel un mot de passe ou un numéro de carte bancaire’
- Le scamming : ‘consiste à faire croire à une personne qu’elle a gagné un prix, et qu’elle doit verser une certaine somme pour pouvoir le recevoir’
- Le chantage à la webcam ou sextorsion : ‘Consiste à menacer de publier une vidéo sur Internet qui pourrait nuire à la réputation de la victime. Généralement, il s’agit d’une vidéo à caractère sexuel. Une rançon est demandée à la victime pour que la vidéo ne soit pas mise en ligne.’
- L’arnaque au faux support technique
- Escroqueries par email
- Ransomware ou rançongiciel
- Violations de données
- L’usurpation d’identité
- La fraude au faux conseiller bancaire par SMS ou appel téléphonique, notamment
- La fraude à la carte bancaire
- Le piratage de compte
- Etc.
Malheureusement, il n’est pas rare de recevoir un mail ou SMS à propos d’une livraison, incitant à fournir ses données personnelles pour bien recevoir son colis. Parfois, ce message coïncide même carrément avec l’arrivée d’un colis que l’on attend bel et bien. De même, sur les réseaux sociaux, il peut arriver de recevoir un message privé d’un de ses followers nous demandant de l’aide, avec un ton très formel et impersonnel, parfois même écrit en anglais. À force d’être inondés de ce type de mauvais tour, certains peuvent baisser leur garde et se laisser rouler dans la farine.
Lors d’une recherche de logement, il faut également veiller à ne pas tomber dans le panneau des annonces frauduleuses dont les créateurs n’attendent qu’une chose : accéder aux pièces d’identité, avis d’imposition, contrats de travail, et même aux adresses des honnêtes chercheurs en quête d’un nid douillet. Comment identifier ces fausses offres d’appartement ?
Souvent, le prix de location affiché est bien en deçà de ce qui se fait sur le marché et l’annonce contient très peu, voire pas du tout de photographies du bien. À noter également qu'aucune somme d'argent ne doit être demandée afin d'accéder aux visites. Aussi, il est conseillé d’ajouter un filigrane sur ses documents de location immobilière, afin qu’ils ne soient pas réutilisés à d’autres fins. Un site officiel permet d'en ajouter un sur ses pièces justificatives de façon simplifiée.
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Les bonnes habitudes à adopter pour démasquer les fraudes en ligne
Heureusement, quelques gestes barrières permettent d’éviter le gros des arnaques. Il s’agit surtout de ne pas partager ses données personnelles n’importe où. En voici quelques exemples :
- Vérifier l’adresse mail ou l’adresse du site internet de l’expéditeur sans cliquer dessus et comparer avec le mail et le domaine réel de l’organisation usurpée : par exemple, si un mail informe d’un colis perdu DHL et que l’adresse du destinataire n’a rien de professionnel et est un nom et prénom, il faut fuir ! Aussi, les messages frauduleux contiennent souvent plusieurs fautes d’orthographe ou des caractères spéciaux inhabituels.
- Utiliser des mots de passe différents et complexes pour chaque site et application
- Vérifier les paramètres de confidentialité de ses applications et réseaux
- Ne pas communiquer d’information personnelle par SMS ou par appel, et encore moins ses coordonnées bancaires
- Ne pas enregistrer ses identifiants et codes sur des sites d’achats en ligne
- Faire régulièrement les mises à jour de ses appareils et activer son antivirus et pare-feu
- Etc.
Un autre conseil, et pas des moindres : quand on ne le sent pas, lorsqu’on a le moindre doute ou un pressentiment, il ne faut pas hésiter à vérifier l’opération qu’on s’apprête à faire, en parler à d’autres personnes pour comparer les expériences, voire annuler, tout simplement.
Comment agir en cas d’arnaque en ligne, d’usurpation d’identité ou de fraude bancaire ? Les solutions dépendent du type d’arnaque dont on est victime, mais dans la plupart des cas, il faut déjà penser à faire opposition à sa carte bancaire et à alerter sa banque. Ensuite, il est fortement recommandé de déposer plainte dans un commissariat de police.
Pour un piratage de compte sur les réseaux, il est également possible de contacter le service dédié en ligne, avant de demander la réinitialisation de son mot de passe. Par ailleurs, plusieurs plateformes et organismes officiels permettent de signaler une tentative d’escroquerie ou une arnaque aboutie. C’est le cas de Pharos, par exemple.
Enfin, pour les cas de circulation d’images de soi à caractère pornographique ou modifiées par l’intelligence artificielle, il faut les signaler auprès de la plateforme concernée, en parler à une personne de confiance et se tourner vers un organisme spécialisé. Plusieurs associations accompagnent les victimes de harcèlement dans leurs démarches judiciaires, comme StopNCII ou e-Enfance pour ne citer que celles-ci. Tu l’auras compris, ta grand-mère n’est pas la seule susceptible de tomber dans le piège du prince du Nigéria qui a besoin d’un petit coup de pouce avant de te céder son héritage !