« Pourquoi nous, on devrait galérer, alors que pour les autres c’est simple ? »

Arthur, 17 ans, et Nour, 16 ans, partagent leur quotidien de lycéens en situation de handicap. Alors qu’ils s’apprêtent à pousser les portes de l’université, ils sont déterminés à faire bouger les lignes en faveur de l’inclusion.
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Les deux lycéens sont scolarisés à l’INJA (l’institut national des jeunes aveugles), à Paris © Diplomeo

Si leur quotidien n’est pas toujours facile, ils ne sont pas prêts à baisser les bras. Arthur, 17 ans, et Nour, 16 ans, sont atteints de déficience visuelle. À l’occasion des 20 ans de la loi handicap, en février dernier, ils ont été invités en tant que représentants des élèves de l’INJA (Institut national des jeunes aveugles), où ils sont scolarisés au lycée, à s’exprimer au sujet de l’inclusion des élèves handicapés. L’organisme spécialisé parisien accueillait l’étape régionale “G500” du troisième sommet citoyen, consacrée à la question du handicap.

Malgré les avancées remarquables, ces dernières années en la matière, Arthur et Nour rappellent qu’il reste du chemin à parcourir. Les deux lycéens ont profité de leur prise de parole pour le faire savoir, en formulant plusieurs propositions. Parmi celles-ci : une meilleure coordination entre l’Éducation nationale et le milieu médico-social, une formation renforcée des AESH (accompagnants des personnes en situation de handicap), ou encore l’organisation de journées d’inclusion pour sensibiliser le grand public.

Autant d’idées pour faciliter leur insertion, des bancs de l’école à leur arrivée sur le marché du travail. Car pour des élèves comme Nour et Arthur, chaque nouvelle étape dans leur parcours d’apprentissage représente un véritable défi. Ils nous racontent.

« L’inclusion ne doit pas être une option »

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« Certains associent le handicap uniquement à un fauteuil roulant »

Quand on leur a demandé de prendre la parole devant les acteurs du milieu du handicap, Arthur et Nour, respectivement en terminale et en première, n’ont pas hésité. « Notre rôle, en tant que représentants des élèves, consiste à organiser des événements et à transmettre les informations entre les élèves et la direction. On est référents en cas de problème, on est vraiment le pont entre élèves et direction », explique Arthur.

« Pour les 20 ans de la loi handicap, on a mobilisé l’avis de nombreux élèves de l’Institut. Ça nous a permis d’imaginer une nouvelle loi en faveur de l’inclusion », poursuit Nour. « On s’est appuyé sur nos ressentis et ceux de nos camarades. La conclusion principale est que, malgré les dispositifs existants depuis 2005, de nombreuses lacunes persistent, à commencer par la faible formation des AESH », insiste la jeune femme.

Résultat : ces professionnels, dont le rôle est essentiel au bon déroulé de l’inclusion d’un élève, ne sont pas assez spécialisés pour connaître tous les handicaps. « Certains d’entre eux associent le handicap uniquement à un fauteuil roulant », illustre Nour. Un manque de connaissance dont Arthur a fait les frais au collège : « en sixième et en cinquième, j’ai eu deux AESH différentes. La première c’était catastrophique, la deuxième un peu mieux, elle était beaucoup plus investie, prête à imprimer les documents en plus gros caractères pour m’accompagner dans mon apprentissage », témoigne-t-il.

La transition dans le supérieur : une étape qui risque d’être « compliquée »

Après son bac, Arthur voudrait intégrer une licence STAPS, mention management du sport. Au-delà du stress que pourrait vivre n’importe quel lycéen sur Parcoursup au moment de faire des choix sur son orientation, Arthur appréhende cette nouvelle étape. Comme à chaque changement dans le parcours des élèves en situation de handicap (passage au collège, au lycée puis dans le supérieur), celui-ci est synonyme de marathon administratif pour bénéficier d’un accompagnement adapté dans sa future structure.

« Pour moi, au contraire, il ne faut pas se limiter, il faut essayer », Nour.

« J’ai déjà fait mes demandes d’accompagnement et d’équipement, j’espère que ça va le faire. C’est à nous d’acheter le matériel, on obtient le remboursement plus tard », explique Arthur. « Sans ces aides, ça peut être hyper compliqué de suivre les cours ». Combiné à cela, le futur étudiant ne sait pas trop à quoi s’attendre avec ses futurs profs.

« J’appréhende les cours en amphi : s’il y a des diaporamas, je ne vais pas pouvoir suivre normalement. Il faudra donc que le prof soit au courant de mon handicap pour me transmettre, en amont, le document sur une clé USB », détaille le lycéen. C’est pour cette raison que, parmi leurs propositions, Arthur et Nour ont insisté sur la nécessité d’un interlocuteur spécialisé qui puisse faire le lien entre l’élève, sa famille et les professionnels d’un établissement.

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Malgré le handicap, « il ne faut pas se limiter »

Si Nour a encore une année de lycée devant elle avant d’entrer dans les études supérieures, elle partage la même inquiétude qu’Arthur. « Même si mes demandes d’AESH et d’aide matérielle se passent bien, la transition entre l’INJA et un établissement du supérieur risque d’être compliquée », reconnaît-elle. Ne pas savoir si les demandes d’aménagement et de support financier vont aboutir est un élément particulièrement stressant, selon la jeune femme. « Pourquoi nous, on devrait galérer alors que pour les autres, c’est simple ? », regrette-t-elle.

Malgré les difficultés, Nour veut croire en un avenir professionnel qui ne soit pas dicté par son handicap.« Aujourd’hui, il y a beaucoup d’étudiants en situation de handicap visuel qui choisissent des solutions de facilité. Pour moi, au contraire, il ne faut pas se limiter, il faut essayer. Pour ma part, j’essaie de trouver un métier qui se rapproche de celui que je voulais faire initialement, car je sais que je ne serai jamais hôtesse de l’air ». La jeune femme pense à faire un BUT avant de se diriger vers une école de commerce.

Une volonté qui traduit bien l’état d’esprit combatif d’Arthur et Nour : continuer à se battre pour une inclusion réelle, où chaque élève en situation de handicap aurait les mêmes chances que les autres, sans obstacle administratif ni matériel.

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